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teur, qu'aussi l'on voit perpétuellement prédit, perpétuellement attendu par le peuple dépositaire des prophéties, et des antiques promesses dont la connoissance étoit plus ou moins répandue chez toutes les nations; enfin l'obligation du culte, l'immortalité de l'âme, l'éternité des peines et des récompenses futures, et même l'existence d'un état intermédiaire, où les âmes, redevables encore à la justice divine, achevoient de se purifier par des souffrances passagères.

Tel étoit le symbole de la tradition, le symbole du genre humain; en quoi diffère-t-il du symbole de la société chrétienne? Et qui ne reconnoît d'abord que celui-ci n'en est que le développement (1)? Ecoutons un ancien Père.

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Que les plus vertueux d'entre les Grecs aient » connu Dieu, non d'une connoissance complète, mais par la tradition générale, saint Pierre le dit expressément : Reconnoissez donc » un seul Dieu, créateur de toutes choses, invi»sible, immense, éternel. Il ajoute : Adorez ce

(1) Et quia Dominus naturalia Legis, per quæ homo justificatur, quæ etiam antè legisdationem custodiebant, qui fide justificabantur et placebant Deo, non dissolvit sed extendit et implevit; ex sermonibus ejus ostenditur. S. Iren., contr. Hæres., lib. IV, cap. XIII, p. 242. Edit. Benedict.

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» Dieu, non comme les Grecs. Pourquoi? Evidemment parce que les hommes vertueux parmi les Grecs adorent le même Dieu que » nous, mais n'ont pas, comme nous, appris à » le connoître parfaitement par la tradition du » Fils de Dieu. Il ne dit done point : N'adorez » pas le même Dieu que les Grecs; mais ne » l'adorez point comme les Grecs; changeant la » forme du culte, mais n'annonçant pas un >> autre Dieu... Et qu'il en soit ainsi, c'est-à-dire, » que nous et les Grecs nous connoissions le » même Dieu, quoique nón également, c'est ce » que l'apôtre confirme en disant : Ne l'adorez » point non plus comme les Juifs... Mais recevant, » dans la sainteté et dans la justice, la tradition » que nous vous annonçons, rendez à Dieu un >> culte nouveau par Jésus-Christ. Car nous li» sons dans l'Ecriture ces paroles: Voilà que je

fais avec vous une nouvelle alliance, non comme » celle que j'ai faite avec vos pères sur le mont » Oreb. Il nous a donné un testament nouveau : la loi des Grecs et celle des Juifs, sont les lois » anciennes. Nous lui rendons, nous chrétiens, >> sous une troisième forme, un culte nou» veau (1).

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(1) Clement. Alexand. Strom., lib. VI, pag. 635 et 656, Ed. Paris, 1641.

Ainsi la vraie religion s'est développée et n'a point changé. Le libérateur attendu pendant quatre mille ans, le Désiré des nations, est venu sur la terre, pour la réconcilier avec le ciel; il s'est fait connoître plus clairement, et cela même étoit prédit (1); il a expliqué le mystère du salut qui s'accomplissoit en lui; afin que les hommes comprissent qui les rachetoit, et à quel prix, il a soulevé une partie du voile qui couvre l'essence divine dans l'unité d'une même nature, la toute-puissance, la sagesse, l'amour, se sont manifestés comme personnes distinctes : le Père a rendu témoignage au Fils (2), et le Fils nous a enseigné, ce que luiseul pouvoit nous apprendre (3), ce qu'est le Père et l'Esprit qui procède du Père et du Fils. Aurions-nous sans cela, je le demande, une juste idée de la rédemption? Pourrions-nous

(1) Ps. XCVII, 2. Isa. XL, 5, et alib. C'étoit, avant la venue de Jésus-Christ, la doctrine des docteurs juifs, que le Verbe divin étoit le Messie ou le rédempteur promis. Vid. S. Justin. Dialog. cum Tryph. Jud., p. 279. et Apolog. II, p. 75. Chron. pasch., p. 52. Conf. et. Targum. Jonath. et Hierosol. ad cap. XLIX, v. 18. Genes. (2) Hic est filius meus dilectus, ipsum audite. Luc. IX, 35.

(3) Nemo novit filium nisi pater : neque patrem quis novit nisi filius, et cui voluerit filius revelare. Matt. XI, , 27.

en recueillir le fruit, ignorant en quoi consiste le véritable sacrifice? Que dis-je ! si nous ne savions pas comment cette rédemption merveilleuse s'est accomplie, serions-nous certains qu'elle l'est réellement? Ne l'attendrions-nous pas, comme les Juifs, quand il ne nous resteroit plus aucune raison de l'attendre? En effet, conçoit-on un milieu possible entre l'espérance qui consoloit les anciens justes et la réalité de ce qu'ils espéroient, entre la foi obscure des premiers temps et la révélation complète de l'Homme-Dieu? Et, sicette foi antique n'étoit pas dépourvue de fondement, si cette espérance n'étoit pas trompeuse, il falloit donc que le Messie vînt, qu'une nouvelle lumière éclairât le monde, que le genre humain vît l'accomplissement de ce qui lui avoit été annoncé dès son origine (1) ; il

(1) Les Juifs, au temps de saint Justin, convenoient que Dieu avoit annoncé qu'il donneroit un testament nouveau, et que cette promesse étoit clairement contenue dans l'Écriture. Ils avouoient encore, qu'outre la loi mesaïque imposée aux Israélites, à cause de la dureté de leur cœur, il existoit une loi divine, perpétuelle, universelle, à laquelle tous les hommes devoient obéir. Quòd Deus, inquam, annuntiaverit novum testamentum se daturum esse, præter id quod in monte Oreb factum est, an itidem Scripturæ prædixere? Atque ille confessus est.... An hoc indicat aliquod quidem Deum tanquam perpetuum, et omni generi

falloit que le dogme se développât pour ne pas varier (1); et loin qu'en se développant la vérité cesse d'être une, son unité, au contraire, n'en devient que plus éclatante. Lorsque, montant sur l'horizon, le soleil change en une vive splendeur, le foible crépuscule qui annonçoit sa venue, dira-t-on que c'est un autre jour qui commence, une lumière différente qui paroît?

Ainsi les chrétiens croient tout ce que croyoit le genre humain avant Jésus-Christ, et le genre humain croyoit tout ce que croient les chrétiens (2);

congruens, et mandatum et opus ordinasse: aliquod autem ad duritiam cordis populi vestri id commodantem pro eo atque per prophetas etiam vociferatur, sanxisse? Huic quoque sententiæ assentiri, inquit, eos omninò veritatis amatores qui sunt et non contentionis studiosi oportet. S. Justin. Dialog. cum Tryphone Judæo, p. 292. Ed. Paris, 1615.

(1) Creatori autem competit utrumque, et ante sæcula proposuisse, et in fine sæculorum revelasse; quia et quod proposuit et revelavit, medio spatio sæculorum in figuris et ænigmatibus et allegoriis præministravit. Tertullian. adv. Marcion., lib. V, p. 468. Edit. Rigaltii.

(2) Les premiers chrétiens, dit Stilling fleet, se servirent avec succès de ce que les païens avoient écrit touchant la nature divine et l'immortalité de l'âme, pour montrer au monde que le christianisme n'étoit point une religion nouvelle, mais qu'il reposoit sur des fondemens reconnus pour vrais par tous les hommes raisonnables. Origin. sacr., Book. I, ch. I, vol. I, p. 11.

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