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fice. L'adoration est due à la suprême grandeur, le sacrifice est dû à la souveraine justice. La prière et l'offrande, voilà l'adoration : elle est l'acte par lequel l'homme, reconnoissant sa dépendance infinie et l'autorité infinie du Créateur à qui tout ce qui est appartient en propre, se déclare son sujet, et lui fait hommage de tout ce qu'il a reçu de lui, de son corps et des fruits de la terre qui le nourrissent, de ses pensées, de ses sentimens, de son être tout entier.

L'oblation de la victime et sa destruction, voilà le sacrifice; et on le trouve partout, dès l'origine du monde, comme partout aussi on l'a supposé d'autant plus efficace, que la victime étoit plus parfaite et plus pure. Par une horrible conséquence de cette idée vraie en ellemême, et qui tient à la croyance antique et universelle que l'innocent peut satisfaire pour le coupable (1), tous les peuples idolâtres ont immolé des victimes humaines (2), et même en

(1) Dans un de ses plus beaux ouvrages, les Soirées de Saint-Pétersbourg, M. le comte de Maistre a mis cette vérité hors de toute atteinte. Plin., Hist.

(2) Vid. Gensius, De victimis humanis.

nat., lib. XXX, cap. I. — Bryant, Observat. and Inquiries relating to various parts of ancient history, pag. 267

et suiv.

plusieurs lieux les pères dévouoient leurs propres enfans, pour apaiser la colère divine par ces exécrables sacrifices. Toujours en abomination aux adorateurs du vrai Dieu, ces meurtres sacrés épouvantèrent souvent les nations même qui honoroient de fausses divinités (1). Mais il n'est point de pays, il n'est point d'époque où l'on n'ait offert des sacrifices sanglans; et ces sacrifices étoient partout le fond essentiel du culte (2).

Cependant, chose remarquable, on reconnoît universellement, l'indispensable nécessité du sacrifice propitiatoire : l'idolâtre égorge des troupeaux entiers, pour effacer ses crimes; il se soumet aux rites dégoûtans des tauroboles; il se baigne dans le sang des victimes; et confessant ainsi qu'il ne peut être purifié que par le sang

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(1) Gelon, vainqueur des Carthaginois, fit avec eux un traité de paix où il stipula l'abolition des sacrifices humains. Les Romains les abolirent aussi dans les Gaules. «Si des diables ou des géans, ayant chassé » les dieux, avoient usurpé l'empire et la seigneurie de » ce monde, de quels autres sacrifices, dit Plutarque, se >> réjo aroient-ils, ne quelles autres offrandes pourroient>> ils demander aux hommes?» De la Superstit.; traduct. d'Amiot.

(2) Voyez, à la suite des Soirées de Saint-Pétersbourg, l'Éclaircissement sur les sacrifices, tom. II, pag. 371 et

il avoue néanmoins que ce sang, où il se plonge, est sans vertu pour le sauver (1).

De semblables sacrifices sont offerts au vrai Dieu. Il demande lui-même le sang des génisses et des brebis (2); et en même temps il déclare qu'il ne veut pas de ce sang (3). Il ordonne de sacrifier pour le péché (4); et par la bouche du prophète-roi, Celui qui devoit venir (5), lui dit : « Vous avez refusé les oblations et les victimes, » mais vous m'avez formé un corps. Vous n'a» vez demandé pour le péché ni holocauste >> ni sacrifice; alors j'ai dit : Me voici (6). »

(1) At verò scelerum in homines, atque impietatum nulla expiatio est. Cicer., de Legib., lib. I.

(2) Exod. Levit. Numer. et Deuteron. passim. Hæc dicit Dominus Deus: Hi sunt ritus altaris.......... ut offeratur super illud holocaustum, et effundatur sanguis. Ezech. XIV, 18.

(3) Quò mihi multitudinem victimarum vestrarum, dicit Dominus? Plenus sum. Holocausta arietum et adipem pinguium, et sanguinem vitulorum, et agnorum, et hircorum, nolui. Isa. I, 11.

(4) Ipse faciet pro peccato sacrificium, et holocaustum, et pacifica ad expiandum pro domo Israël. Ezech. XLV, 17. (5) Genes. XLIX, 10.

(6) Sacrificium et oblationem noluisti: aures (Hebr. corpus) autem perfecisti mihi. Holocaustum et pro peccato non postulasti: tunc dixi: Ecce venio. Ps. XXXIV, 7 et 8.

Le vrai culte, avant Jésus-Christ, consistoit donc dans l'adoration d'un seul Dieu, et dans les sacrifices qu'on lui offroit, en confessant leur insuffisance (1). Le salut par le sang étoit un dogme du genre humain; et le sang qu'on versoit, dépourvu d'efficace, ne pouvoit nipurifier l'homme, ni apaiser Dieu.

Et maintenant qui ne reconnoît dans le culte chrétien la consommation du culte antique, expression de la foi et de l'espérance dont nous possédons la réalité? Le monde qui attendoit son libérateur, attendoit en lui la victime seule agréable à Dieu, seule capable de satisfaire à sa justice, et d'expier tous les crimes des hommes. Elle est venue cette victime sainte,

(1) Le pécheur ne pouvoit éviter la mort qu'en subrogeant à sa place quelqu'un qui mourût pour lui. Tant que les hommes n'ont mis en leur place que des animaux égorgés, leurs sacrifices n'opéroient autre chose qu'une reconnoissance publique qu'ils méritoient la mort; et la justice divine ne pouvant pas être satisfaite d'un échange si inégal, on recommençoit tous les jours à égorger des victimes; ce qui étoit une marque certaine de l'insuffisance de cette subrogation: mais depuis que Jésus-Christ a voulu mourir pour les pécheurs, Dieu, satisfait de la subrogation volontaire d'une si digne personne, n'a plus rien à exiger pour le prix de notre rachat. Bossuet, Exposit. de la doctrine de l'Église cath., chap. XV.

il est venu ce Libérateur, il a dit: Me voici! et tous les sacrifices figuratifs ont disparu, lorsque s'est accompli le grand, l'unique sacrifice ; et le genre humain, selon sa croyance, a été sauvé par le sang! Ce sacrifice consommé une fois, continue toujours; le sang mystique ne cesse point de couler. Perpétuellement offerte au vrai Dieu, l'hostie de propitiation est immolée chaque jour, et chaque jour se renouvelle, sur tous les points de la terre, pour le salut des hommes, l'oblation (1) de celui qui, en mourant, a vaincu le péché, et détruit la mort (2).

Ainsi l'unité de dogmes, l'unité de morale, l'unité de culte, voilà le caractère immuable de la vraie religion, toujours fondée sur la croyance et l'adoration d'un seul Dieu, par un seul médiateur (3), attendu pendant quarante siècles, salué

(1) Ab ortu enim solis usque ad occasum, magnum est nomen meum in gentibus; et in omni loco sacrificatur, et offertur nomini meo oblatio munda; quia magnum est nomen meum in gentibus, dicit Dominus exercituum. Malach. I, 11.

(2) Manifestata est autem nunc (gratia) per illuminationem salvatoris nostri Jesu Christi, qui destruxit quidem mortem, illuminavit autem vitam et incorruptionem. Ep. II. ad Timoth. I, 10.

(3) Unus enim Deus, unus et mediator Dei et hominum homo Christus Jesus: qui dedit redemptionem semetip

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