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haut que l'homme, jusqu'à une autorité première, qui ne peut être que Dieu même enseignant à sa créature tout ce qu'il étoit nécessaire qu'elle sût, et fondant ainsi la société qui devoit éternellement exister entre elle et lui. Concevez, en effet, s'il vous est possible, une société sans législateur qui parle et qui ordonne, des devoirs qu'on soit obligé de découvrir par la raison, et qui ne dépendent que d'elle, des lois obligatoires qui n'aient point été promulguées, et dont chacun doive trouver en soi la sanction et la certitude. Nous le demandons, est-il rien qui répugne davantage au bon sens, à cette rai

» peu et nous trompent souvent,» dit le pieux auteur de l'Imitation, au chapitre de la Doctrine de vérité, liv. I, chap. III: et le passage de Fénélon qu'on va lire n'est que la conséquence de ces paroles simples et profondes. « Tous les hommes, et surtout les ignorans, ont besoin » d'une autorité qui décide, sans les engager à une dis» cussion dont ils sont visiblement incapables............. Dieu » auroit manqué au besoin de presque tous les hommes, » s'il ne leur avoit pas donné une autorité infaillible » pour leur épargner une recherche impossible, et pour » les garantir de s'y tromper. L'homme ignorant qui con» noît la bonté de Dieu, et qui sent sa propre impuisdoit donc supposer cette autorité donnée de » Dieu, et la chercher humblement pour s'y soumettre >> sans raisonner.... D'un autre côté, les savans mêmes » ont un besoin infini d'être humiliés et de sentir leur

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son même qu'on charge de créer la législation tout entière de l'homme, les devoirs de son esprit, de son cœur et de ses sens? Et qu'est-ce que ces devoirs, sinon les rapports qui dérivent de la nature de Dieu et de celle de l'homme? Il faut donc que chaque homme, pour apercevoir ces rapports, connoisse clairement sa propre nature et la nature de Dieu, qu'il ne puisse se tromper dans les conséquences qu'il déduit de ces deux notions, que son jugement soit infaillible, et son entendement infini. Quels prodiges d'absurdité! Enfin voilà ce qu'il a plu à quelques philosophes d'appeler la religion naturelle (1).

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incapacité. A force de raisonner, ils sont encore plus » dans le doute que les ignorans : ils disputent sans fin » entre eux, et ils s'entêtent des opinions les plus ab» surdes; ils ont donc autant de besoin que le peuple » le plus simple, d'une autorité suprême qui rabaisse » leur présomption, qui corrige leurs préjugés, qui ter>> mine leurs disputes, qui fixe leurs incertitudes, qui >> les accorde entre eux, et qui les réunisse avec la » multitude. » Lettres sur divers sujets concernant la Relig. et la Méthaphys. Ire Let. 3o partie. « A mesure que » la raison se perfectionne..., on reconnoît... qu'il est » digne de la souveraine sagesse de conduire les hommes » par la voie de l'autorité, et non par celle de l'intelli» gence. »> Quest. sur l'Incrédulité; par M. l'évêque du Puy, pag. 68, 69.

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(1) Les théologiens catholiques ont un motif de plus

Mais il y a une voix qui fait taire toutes celles qui osent s'élever contre le fait éclatant d'une révélation primitive, et c'est la voix du genre humain (1). Peuples de l'univers, vous qui avez reçu, de siècle en siècle, les traditions qui remontent à l'origine des temps, nations à qui fut confié ce sacré dépôt, je vous adjure toutes, venez et dites si jamais vous avez pensé que la religion fût l'ouvrage de l'homme, une production de son esprit, ou un sentiment de son cœur précédant toute instruction; et si, au contraire, vous ne crûtes pas toujours que, primitivement révélée de Dieu, elle se perpétuoit dans la société

pour rejeter ce faux système; car, si la religion ne repose que sur le témoignage de la raison humaine, où trouveront-ils le fondement de la foi divine? Ne voient-ils pas qu'ils exigent de l'homme une foi infinie dans sa raison? et, quand ils l'obtiendroient, croire à l'homme, ce n'est assurément pas croire à Dieu. La révélation seule explique tout et affermit tout en plaçant Dieu, comme créateur et législateur, à la tête de tous les êtres, de toutes les vérités, et de toutes les lois.

(1) « Il est important d'observer que les incrédules qui »> ne sont que déistes rejettent, comme les athées, la » créance de tout le genre humain. En est-il beaucoup parmi eux qui avouent le libre arbitre et l'immortalité » de l'âme, ces dogmes généralement reçus, et si odieux » à l'incrédulité ? Ils prétendent au moins, et sans' cela ils >> ne seroient pas incrédules, que Dieu n'est point honoré

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par un enseignement extérieur, le père redisant à ses enfans ce qu'il avoit entendu de ses pères, et leur transmettant la vérité, comme il leur avoit transmis la vie? Dites si jamais vous avez reconnu dans chaque particulier le droit de se 'faire lui-même sa religion, le pouvoir de découvrir seul les lois de son intelligence, la règle de ses croyances et de ses mœurs? Dites si vos idées de justice, d'obligation morale et de devoirs, ne reposoient pas sur celle d'un suprême législateur, qui avoit originairement manifesté son existence et promulgué ses commandemens ; et s'il ne vous sembloit pas, en écoutant la tradition, entendre encore la voix de Dieu parlant à

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» par une religion particulière, ni outragé par tout autre » culte ; qu'il n'a jamais révélé aucun mystère ni prescrit » d'autre loi que celle que nous apportons en naissant. » Or, l'univers entier est persuadé du contraire. Il n'est » pas encore soumis, dans tous les peuples qui l'ha» bitent, à l'autorité de l'Evangile. Mais tous ces peuples..., même les plus barbares, adorent une Divinité, lui offrent des voeux et des sacrifices, et croient, en les » lui offrant, obéir à sa volonté expressément déclarée. » Ainsi, quand les déistes n'embrassent aucune religion révélée, ils ne sont pas moins opposés au genre humain, » que si, se déclarant athées, ils ne reconnoissoient point » de Dieu.» Quest. sur l'incrédul.; par M. l'évêque du ̧ Puy. III quest., pag. 137, 138.

nos premiers parens, et instruisant en eux tous les âges?

Voilà, n'en doutons point, la religion naturelle, puisqu'elle n'est ni moins ancienne ni moins invariable que notre nature, et que le genre humain tout entier la proclame et lui rend hommage. Vous donc qui refusez de la reconnoître, ou qui voulez la placer sur une base aussi frêle que la raison individuelle, séparez-vous du genre humain, démentez tous les peuples, niez ce qu'ils attestent; et, semblables à ces princes d'orgueil qui se bâtissent, dit Job, des solitudes pour y reposer dans leur sommeil (1), bâtissez loin de tous les hommes l'édifice solitaire de votre religion qui ne sera non plus qu'un tombeau où votre âme, privée de la vérité, qui est sa vie, reposera aussi dans son sommeil, jusqu'au jour où, réveillée par une voix formidable, elle se trouvera soudain en présence de son juge et de son Dieu.

(1) Job. III, 13 et 14.

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