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CHAPITRE XXII.

Seconde conséquence du principe de l'autorité : le christianisme est la religion révélée de Dieu.

L'UNIVERSALITÉ des traditions primitives, la facilité avec laquelle la vérité pénètre dans notre esprit qui la reçoit comme l'œil reçoit la lumière parce qu'elle est conforme à sa nature (1), sont une des causes de l'erreur où tombent quelques personnes en pensant que notre raison. découvre en elle-même les vérités nécessaires, sans avoir besoin d'être aidée d'aucun enseignement: tant l'homme, aveuglé par son orgueil est enclin à s'approprier ce qui n'est pas à lui, tant il a de peine à comprendre cette profonde leçon Qu'avez-vous qui ne vous ait pas été donné (2)? Mais, pour peu qu'on y réfléchisse,

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(1) Quod verum, sincerumque sit, id esse naturæ hominis aptissimum. Cicer. de Officiis, lib. I,cap. IV, n. 13. (2) Quid autem habes, quod non accepisti ? si autem

on voit clairement que l'universalité même de certaines croyances invariables prouve qu'elles ont une origine plus haute que notre raison, et que ce n'est pas celle-ci qui les perpétue; car elles s'altèrent et se détruisent dès que l'homme, les déplaçant de leur base, veut les soumettre à son jugement.

Les croyances universelles ne sont en effet que la religion originairement révélée; elles forment cette raison commune qui nous établit en société avec Dieu, parce que, indépendante de la pensée de chaque homme, elle est une loi, dit Cicéron (1), qui oblige tous les esprits; et il est étonnant qu'un païen ait eu sur ce sujet des idées plus justes et plus élevées que les philosophes de nos jours, et même que plusieurs chrétiens.

Or, toute loi suppose un législateur dont la volonté la rende obligatoire, et une autorité visible qui la promulgue; et, s'il y a conflit entre des lois diverses, ou si l'on doute quelle est la véritable loi, le moyen naturel, infaillible de résoudre cette question, le seul qui soit à la portée de tous, n'est pas d'examiner les

accepisti, quid gloriaris quasi non acceperis? Ep. I ad Corinth. IV, 7.

(1) De legib, lib. I, cap. VII.

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lois en elles-mêmes pour juger quelle est la meilleure, ce que très-peu d'hommes seroient en état de faire et ce qu'aucun ne feroit avec une complète certitude de ne se point tromper, mais de chercher quelle est celle que proclame l'autorité légitime ou la plus grande autorité. Bossuet le reconnoît en termes exprès : « Je dis qu'il n'y eut jamais aucun temps où il n'y ait eu sur la terre une autorité visible et parlante à qui il faille céder..... Je dis qu'il faut un » moyen extérieur de se résoudre sur les doutes, » et que ce moyen soit certain (1).

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Niez ce principe, il ne reste d'autre base à toutes les croyances que le jugement de la raison individuelle. La religion devient dès lors aussi incertaine que ce jugement: elle n'est plus une loi, mais une opinion. Aucune raison n'étant tenue d'obéir à une raison égale, chacun demeure autorisé à ne croire que ce qui paroît vrai à son propre esprit (2). On est libre de tout

(1) Confér. avec M. Claude. OEuvres de Bossuet, tom. XXII, p. 294 et 295, édit. de Versailles.

(2) « N'est-il pas manifeste que c'est saper les fonde» mens de toute autorité pour la religion, que de la rendre dépendante d'un examen philosophique ? C'est ce que » les pères ont dit mille fois ; c'est cette science de dehors » qu'ils ont toujours regardée comme suspecte à l'Église,

nier et de tout affirmer. Plus de vérités, plús d'erreurs, nulle société, nul ordre entre les intelligences; mais une effroyable confusion de pensées contraires, d'où sortira bientôt, avec l'indifférence absolue, un doute universel et irrémédiable.

Ainsi toujours nous sommes ramenés à cette importante conclusion, que pour discerner avec certitude la religion véritable, il faut considérer quelle est celle qui repose sur la plus grande autorité visible (1). La question réduite à ce point est extrêmement facile à résoudre, car, d'abord, pour les temps qui précèdent JésusChrist, nous avons l'autorité du genre humain ou le témoignage unanime des peuples qui tous, comme nous le montrerons, avoient conservé, au milieu même de l'idolatrie, les traditions. primitives; la notion d'un dieu unique, du vrai Dieu, qu'ils connoissoient sans le glorifier, selon

» et comme profane. » Fénélon, Réfutat. du P. Mallebranche, chap. XIX. OEuvres, tom. III, p. 145. Édit.

de Versailles.

(1) « La religion catholique est une religion d'autorité, et >> par cela même, elle est seule une religion de certitude et » de tranquillité. » Terrasson, La philosophie applicable à tous les objets de l'esprit et de la raison. It part., chap. III, sect. II, p. 88.

la parole de l'apôtre (1); la croyance de l'immortalité de l'âme, des peines et des récompenses futures et de la nécessité d'un culte ; les préceptes de justice, ainsi que beaucoup d'autres vérités appartenantes à la première révélation; et qui n'ignoroient non plus, ni l'antique dégradation de l'homme (2), ni le besoin qu'il avoit d'expiation, comme l'usage universel des sacrifices le prouve invinciblement.

Ce qui avoit été cru toujours, partout et par tous, telle étoit donc, avant Jésus-Christ, la vraie religion; et sa certitude reposoit sur le témoignage de toutes les nations, ou sur l'autorité du genre humain, sans contredit la plus grande qui eût existé jusqu'alors; celle de Moïse, qui d'ailleurs ne lui étoit point opposée, ne regardant que le peuple hébreux, assujéti seul à la loi qu'il avoit plu à Dieu de lui imposer, dans les desseins de sa sagesse éternelle.

(1) Ita ut sint inexcusabiles: quia cùm cognovissent Deum, non sicut Deum glorificaverunt, aut gratias egerunt: sed evanuerunt in cogitationibus suis, et obscuratum est insipiens cor eorum. Ep. ad Rom. Cap. I, 20

et 21.

(2) La chute de l'homme dégénéré, dit Voltaire, est le fondement de la théologie de toutes les anciennes nations. Quest. sur l'Encyclop.

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