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» dans la vérité. Il n'y avoit en lui aucun mélange de fausseté. Alors les quatre saisons de » l'année suivoient un ordre réglé sans confu»sion... Rien ne nuisoit à l'homme, et l'homme » ne nuisoit à rien. Une harmonie universelle régnoit dans toute la nature. » Mais, suivant la même tradition, « les colonnes du ciel furent rompues; la terre fut ébranlée jusqu'aux fon» demens... L'homme s'étant révolté contre le ciel, » le système de l'univers fut dérangé, et l'har» monie générale troublée, les maux et les » crimes inondèrent la face de la terre (1)

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Tous ces maux sont venus, dit le livre Likiyki, parce que « l'homine méprisa le souverain em

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pire. Il voulut disputer du vrai et du faux ; et » ces disputes bannirent la raison éternelle. Il regarda ensuite les objets terrestres, et les aima trop; de là naquirent les passions... Voilà la » source primitive de tous les crimes; et ce fut » pour les punir que le ciel envoya tous les » maux (2). »

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La mère de notre chair, ou la femme au serpent

(1) Ce sont les paroles mêmes de Hoainantsé, et des philosophes Ventsé et Lietsé, qui vivoient long-temps avant lui. Vid. Ramsay, Discours sur la mytholog., p. 146-148.

(2) Ibid., p. 149 et 150.

Cihuacohuatl, est célèbre dans les traditions mexicaines, qui la représentent déchue de son premier état de bonheur et d'innocence (1). On a récemment découvert près d'une ville de la Pensylvanie, un monument qui prouve que la même tradition étoit répandue dans toute l'Amérique (2). Mais deux seuls faits suffisent pour prouver que la chute de l'homme et la corruption de notre nature, furent toujours une croyance universelle.

Et d'où viendroit sans cela l'usage des sacrifices? Quel en seroit le fondement, la raison ? Pourquoi répandre le sang, et trop souvent

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(1) M. de Humboldt, Vues des Cordillères et monum. de l'Amériq, tom. I, p. 237, et 274. Tom. II, p. 198.

(2) « L'automne dernier, un violent orage éclata près » de Brownsvelle, dans la partie occidentale de la Pensylvanie, et déracina un chêne énorme, dont la chute » laissa voir une surface en pierre d'environ seize pieds » carrés, sur laquelle sont gravées plusieurs figures : » entre autres, deux de forme humaine, représentant un >> homme et une femme, séparés par un arbre. La der>> nière tient des fruits à la main. Des cerfs, des ours et » des oiseaux sont sculptés sur le reste de la pierre. Ce » chêne avoit au moins cinq ou six cents ans d'existence; » ainsi ces figures ont dû être sculptées long-temps avant » la découverte de l'Amérique par Colomb. » Annales de la littérature et des arts, tom. X, p. 286, 287.

même le sang humain, si l'on n'avoit pas été partout persuadé que l'homme devoit à Dieu une grande satisfaction, et qu'il étoit pour lui un objet de colère ? A quoi bon tant d'expiations, s'il n'y avoit rien à expier; et tant d'hosties s'il n'existoit point de coupables? La conscience éveillée en tous lieux par la tradition, tâchoit. par ces moyens d'apaiser le ciel irrité, de suspendre des châtimens dont elle sentoit la justice 1); et le genre humain condamné à mort, songeoit moins, chose remarquable, à demander sa grâce, qu'à se racheter par la substitution d'une autre victime.

L'idée que nous naissons impurs et criminels étoit, de toute antiquité, si profondément empreinte dans les esprits, qu'il existoit chez tous les peuples des rites expiatoires pour purifier l'enfant à son entrée dans la vie (2). Ordi

(1) « De tant de religions différentes, il n'en est aucune » qui n'ait pour but principal les expiations. L'homme a » toujours se ti qu'il avoit besoin de clémence. » Voltaire, Essai sur l'hist. génér., et sur les mœurs et l'esprit des nations, chap. CXX, tom. III, p. 205. Edit. de 1756.

(2) De toute antiquité, les Sabéens purifioient leurs enfans nouveaux nés en les faisant passer par le feu, persuadés que sans cela ils mourroient, dit Maimonides. More Nevoch., part. III, cap. XXXVII, p. 449.

nairement cette cérémonie avoit lieu le jour où l'on donnoit un nom à l'enfant. Ce jour, chez les Romains, étoit le neuvième pour les garçons, et le huitième pour les filles (1). On l'appeloit lustricus, à cause de l'eau lustrale qu'on employoit pour purifier le nouveau né (2). Les Egyptiens (3), les Perses (4) et les Grecs (5) 'avoient une coutume semblable. Au Yucatan on apportoit l'enfant dans le temple, où le prêtre lui versoit sur la tête de l'eau destinée à cet usage, et lui donnoit un nom. Aux Canaries, c'étoient les femmes qui remplissoient cette fonction à la place des prêtres (6). Mêmes expiations prescrites par la loi chez les Mexicains (7).

(1) Macrob. Saturn., lib. I.

(2) Festus, De verb. signific.

(3) Analyse de l'Inscript. de Rosette, p. 145.

(4) Nous remarquerons que les Parsis eurent toujours un baptême. Le baptême est commun à toutes les anciennes nations de l'Orient. Voltaire, Remarq. sur l'hist. gen., S. XI, p. 41.

(5) Ils appeloient cette cérémonie uppoua, parce qu'on couroit autour du foyer et des dieux Lares, en tenant le nouveau né entre les bras.

(6) Carli, Lettres amér., tom. I, p. 146 et 147.

(7) « Tous les détails de cette table de la loi mexicaine, » rappellent le baptême des prosélytes du judaïsme. »> M. de Humboldt, Vues des Cordillères et des monumens

« La sage-femme, en invoquant le dieu Ome» teuctli (1) et la déesse Omecihuatl, qui vivent » dans le séjour des bienheureux, jetoit de l'eau >> sur le front et la poitrine du nouveau né : après » avoir prononcé différentes prières (2), dans lesquelles l'eau étoit considérée comme le sym» bole de la purification de l'âme, la sage-femme >> faisoit approcher des enfans, qui avoient été invités pour donner un nom au nouveau né.

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» Dans quelques provinces on allumoit en même temps du feu, et on faisoit semblant de passer

de l'Amérique, tom. II, p. 312. Ce n'est pas le seul rapport qu'eussent les usages et les traditions mexicaines avec les traditions et les usages des juifs, et même des chrétiens. On trouvoit parmi eux, outre « leurs traditions sur » la mère des hommes, déchue de son premier état de >> bonheur et d'innocence; l'idée d'une grande inonda» tion, dans laquelle une seule famille s'est échappée sur » un radeau; l'histoire d'un édifice pyramidal élevé par » l'orgueil des hommes et détruit par la colère des dieux; » des idoles faites avec de la farine de maïs pétrie, et >> distribuées en parcelles au peuple rassemblé dans l'en» ceinte des temples; les déclarations de péchés faites par >> les pénitens ; des associations religieuses ressemblant à » nos couvens d'hommes et de femmes. » Ibid., tom. I, p. 237 et 238. Vid. et. Carli, Lettres améric., tom. I, p. 151-154.

(1) Le Dieu du paradis céleste. (2) Clavigero, tom. II, p. 86.

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