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» l'enfant par la flamme, comme pour le purifier » à la fois par l'eau et le feu. Cette cérémonie

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rappelle des usages dont l'origine, en Asie, pa> roît se perdre dans une haute antiquité (1). » Les Tibetains ont aussi de pareilles expiations (2). Dans l'Inde, lorsqu'on donne le nom à un enfant, après avoir écrit ce nom sur son front, et l'avoir plongé trois fois dans de l'eau de rivière, le Brahme s'écrie à haute voix : « O Dieu pur, unique, invisible, éternel et par» fait ! nous t'offrons cet enfant issu d'une tribu » sainte, oint d'une huile incorruptible et puri» fié avec de l'eau (3).

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On a vu que la corruption de notre nature par suite d'un premier péché, étoit un des points de la doctrine enseignée dans les mystères. Le sixième livre de l'Énéide n'est guère qu'une brillante exposition de cette doctrine; et peut-être l'antiquité n'offre-t-elle rien qui prouve davantage le pouvoir de la tradition sur l'esprit humain, que le passage de ce livre où le poëte, pénétrant avec Énée dans le séjour des morts, décrit en vers magnifiques, le lugubre spectacle

(1) M. de Humboldt, Vues des Cordillères et monum. de l'Amérique, tom. I, p. 223.

(2) Alphabet. tibetan., Præfat., p. XXXI.

(3) Extrait des travaux de la société de Calcutta.

qui se présente d'abord à sa vue; car, s'il y a quelque chose au monde qui réveille en nous l'idée de l'innocence, assurément c'est l'enfant qui n'a pu encore ni commettre le mal, ni même le connoître; et supposer qu'il soit soumis à des châtimens, des souffrances, est une pensée qui révolte toute l'âme. Cependant Virgile, le tendre Virgile, place les enfans moissonnés à la mamelle, avant d'avoir goûté la vie, à l'entrée des royaumes tristes, où il les représente dans un état de peine,. pleurant et poussant un long gémissement, vagitus ingens (1). Pourquoi ces pleurs, ces voix douloureuses, ce cri déchirant ? Quelle faute expient ces jeunes enfans, à qui leurs mères n'ont point souri (2)? Qui a pu suggérer au poëte cette étonnante fiction? Quel en est le fondement? D'où vient-elle, sinon de la croyance antique, que l'homme naît dans le péché (3) ? Mais s'il a toujours connu et avoué sa dégra

(1)

Continuò auditæ voces, vagitus et ingens,
Infantumque animæ flentes in limine primo:
Quos dulcis vitæ exortes, et ab ubere raptos
Abstulit atra dies, et funere mersit acerbo.

Eneid., lib. VI, v. 426.—429.

(2). Cui non risere parentes.

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Virgil., Eclog. IV, v. 62.

(3) J'ai été engendré dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché. Ps. L. v. 7, selon l'Hébreu.

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dation, toujours aussi l'espérance d'être un jour rétabli dans son premier état, a soutenu son courage; et sous le poids du crime que tout lui rappeloit, au dehors comme au dedans de luimême, il a pu encore lever les yeux au ciel sans effroi. Tous les peuples ont attendu un Libérateur, un personnage mystérieux, divin, qui, selon d'anciens oracles, devoit leur apporter le salut, et les réconcilier avec l'Éternel. Malgré l'ignorance et la dépravation introduites par l'idolâtrie, la tradition de cette pro» messe s'est encore assez conservée pour que » l'on en aperçoive des traces chez les anciens. L'opinion qui a régné parmi tous les peuples, et qui a eu cours chez eux dès le commencement, de » la nécessité d'un médiateur, me paroît en être >> la suite. Tous les hommes, convaincus de leur ignorance et de leur misère, se sont jugés trop » vils et trop impurs pour oser se flatter de pou» voir communiquer par eux-mêmes avec Dieu; ils ont été universellement persuadés qu'il leur » falloit un médiateur, par lequel ils pussent lui présenter leurs vœux, en être favorablement » écoutés, et recevoir les secours dont ils avoient » besoin. Mais la révélation s'étant obscurcie » chez eux, et les hommes ayant perdu de vue » le seul médiateur qui leur avoit été promis, ils > lui ont substitué des médiateurs de leur propre

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choix; de là est venu le culte des planètes et » des étoiles, qu'ils ont regardées comme les tabernacles et la demeure des intelligences qui » en régloient les mouvemens : prenant ces intelligences pour des êtres mitoyens entre Dieu >> et eux, ils ont cru qu'elles pouvoient leur ser» vir de médiateurs ; en conséquence, ils se sont » adressés à elles pour entretenir le commerce toujours nécessaire entre Dieu et sa créature; » ils leur ont offert leurs vœux et leurs prières, » dans l'espérance que par leur canal ils obtiendroient de Dieu les biens qu'ils lui demandoient. » Telles ont été les idées généralement reçues, parmi les peuples de tout pays et de tout temps. » Mais ceux qui étoient plus instruits des pre» mières traditions du genre humain, ont parfai>>tement senti l'insuffisance de tels médiateurs; >> ils ont non seulement désiré d'être instruits de » Dieu, ils ont même espéré que l'Être suprême >> viendroit un jour à leur secours, qu'il leur en>> verroit un docteur qui dissiperoit les ténèbres

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de leur ignorance, qui les éclaireroit sur la na>>ture du culte qu'il exige, et qui leur fourni» roit les moyens de réparer la nature corrom» pue (1).

(1) L'abbé Mignot, Mém. de l'acad. des Inscriptions, tom. LXV, p. 4 et 5.

Le savant Prideaux reconnoît aussi que « la » nécessité d'un médiateur entre Dieu et les » hommes, étoit depuis le commencement une opinion régnante parmi tous les peuples (1).

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Job, plus ancien que Moïse, et Iduméen de nation, mettoit toute son espérance dans ce médiateur nécessaire, qui étoit en même temps le Libérateur promis. « Je sais que mon Rédemp»teur est vivant, et que je ressusciterai de la » terre au dernier jour, et que je serai de nou» veau revêtu de ma chair, et dans ma chair je verrai mon Dieu. Je le verrai, moi-même

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» et non pas un autre, et mes yeux le contempleront cette espérance repose dans mon » sein (2).

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La tradition du Rédempteur répandue, comme on le voit, en Orient dès les premiers âges, remontoit par Noé et les Patriarches jusqu'à l'origine du monde; et pour prévenir l'oubli où elle

(1) Hist. des Juifs, Ire partie, liv. III, tom. I, p. 393. Paris, 1726.

(2) Scio enim quod redemptor meus vivit, et in novissimo die de terrâ surrecturus sum : et rursùm circumdabor pelle meâ, et in carne meâ videbo Deum meum; quem visurus sum ego ipse, et oculi mei conspecturi sunt, et non alius: reposita est hæc spes mea in sinu meo. Job, XIX, 25-27.

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