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» L'oracle de Delphes, comme on le voit dans Plutarque, étoit depositaire d'une ancienne et secrète prophétie sur la future naissance d'un fils d'Apollon, qui amèneroit le règne de la jus>>tice; et tout le paganisme grec et égyptien >> avoit une multitude d'oracles qu'il ne compre>> noit pas, mais qui tous déceloient de même » cette chimère universelle. C'étoit elle qui donnoit » lieu à la folle vanité de tant de rois et de princes qui prétendoient se faire passer pour fils de Jupiter. Les autres nations de la terre n'ont pas moins donné dans ces étranges visions... Les >> Chinois attendent un Phelo, les Japonois un Peyrum et un Combadoxi, les Siamois un Sommona-codom... Tous les Américains attendoient du côté de l'Orient, qu'on pourroit appeler le pôle de l'espérance de toutes les nations (1), des enfans du soleil; et les Mexicains, en particulier, attendoient un de leurs anciens rois, qui devoit les revenir voir par le côté de l'aurore, après avoir fait le tour du monde. Enfin, il n'y a eu aucun peuple qui n'ait eu son expec»tative de cette espèce (2).

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(1) Et qu'avoient donc dit les prophètes? Ipse erit exspectatio gentium. Ecce vir, Oriens nomen ejus. Genes. XLIX, 10. Zachar., VI, 12.

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(2) Recherch. sur l'orig. du despotism. orient., sect. X, pag. 116 et 117.

Voltaire confirme cette remarque, et ses paroles méritent une sérieuse attention. « C'étoit, » de temps immémorial, une maxime chez les Indiens et chez les Chinois, que le Sage vien» droit de l'Occident. L'Europe au contraire di>> soit que le Sage viendroit de l'Orient. Toutes les > nations ont toujours eu besoin d'un Sage (1).

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Et sur quoi reposoit cette attente générale? La philosophie nous l'apprendra-t-elle ? Écoutez Volney « Les traditions sacrées et mythologiques des temps antérieurs, avoient répandu » dans toute l'Asie la croyance d'un grand mé» diateur qui devoit venir, d'un juge final, d'un sauveur futur, roi, Dieu conquérant et législa» teur, qui ramèneroit l'âge d'or sur la terre, et dé» livreroit les hommes de l'empire du mal (2). »

Certes, on ne trouvera pas ces témoignages suspects. Ainsi la vérité se suscite partout des témoins pour confondre ceux qui refusent de la reconnoître, quels que soient leurs préventions et leur aveuglement. Elle force les lèvres menteuses à lui rendre hommage, et l'erreur à s'accuser et à se condamner elle-même (3). Mais

(1) Additions à l'Hist. générale, p. 15. Ed. de 1765. (2) Les Ruines, ou Méditations sur les révolutions des empires, pag. 226.

(3) Mentita est iniquitas sibi. Ps. XXVI, 12.

admirez tout ensemble le comble de l'orgueil et de la déraison. Philosophe, est-il vrai que tous les peuples aient attendu un Réparateur? Oui, rien au monde n'est plus certain. - Athée convenez-vous que toutes les nations ont cru à l'existence de Dieu (1)? Oui, l'on ne sauroit le contester.Il faut donc croire à ce Dieu et à ce Réparateur promis. Non, ce sont des chimères universelles.

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Ainsi le déiste et l'athée avouent qu'ils ne peuvent renoncer à la religion qu'en renonçant à la raison universelle, et en rompant avec le genre humain. Il faut, pour ainsi dire, que leur esprit sorte de l'univers pour nier son Auteur et son Sauveur, qu'il se retire dans je ne sais quelles ténèbres pour y prononcer la parole de crime, qui retombe d'abîme en abîme dans l'enfer qui l'inspira.

Il nous resteroit à prouver l'universalité de. la morale, qui forme une partie essentielle de la religion primitivement révélée. Mais il est si évident que tous les peuples ont eu les mêmes.

(1) Il ne paroît pas que l'on puisse raisonnablement >> supposer qu'il y ait un peuple sur la terre totalement » étranger à la notion de quelque divinité. » Système de la nature, tom. II, chap. XIII, p. 376.

principes de justice, que nous croyons inutile d'alléguer les témoignages sans nombre par lesquels on pourroit démontrer cette incontestable vérité de fait (1). « Tous les hommes, comme >> Platon l'observe, avouent qu'on doit être bon; » et si l'on demande ce que c'est qu'être bon, il » n'est personne qui ne réponde: c'est être juste, tempérant, inébranlable dans la vertu, et ainsi du reste (2). »

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Jamais les devoirs n'ont été niés que par la raison philosophique. Il est vrai qu'on trouve chez quelques peuples des usages que réprouve la morale universelle; et rien ne montre mieux que la conscience est formée par l'exemple et par l'enseignement : car on ne voit pas que ces peuples éprouvassent aucuns remords en commettant des actes qui partout ailleurs auroient inspiré une horreur profonde. Au reste, ces usages criminels, nés d'une erreur locale, ou prescrits par un faux culte, ne préjudicioient même pas à l'universalité de la loi qui les condamnoit; car, ni le Gète, en mettant à mort ses parens avancés en âges, pour leur épargner les

(1) Vid. Alnetanæ quæst., liv. III, cap. VII et seq. (3) Ψυχὴν ὅτι μὲν ἀγαθὴν δεῖ, ξυγχωρεῖ πᾶς παντί· τὸ δ' ὄν τινα τρόπον ἀγαθὴν, ὅτι μὲν αὖ δικαίαν καὶ σώφρονα καὶ ἀνδρείαν, zzi taūra. Epinom., Oper., tom. IX, pag. 249.

maux de la vieillesse (1); ni l'Assyrien, en prostituant sa femme dans le temple de la déesse Mylitta, ne prétendoient autoriser le meurtre et l'adultère; et les préceptes qu'ils violoient en ces occasions, n'en étoient pas moins parmi eux, dans toutes les autres circonstances, la règle du devoir.

La philosophie elle-même convient de l'universalité de la loi morale. « Jetez les yeux, dit >> Rousseau, sur toutes les nations du monde, parcourez toutes les histoires: parmi tant de >> cultes inhumains et bizarres, parmi cette pro digieuse diversité de mœurs et de caractères, » vous trouverez partout les mêmes idées de jus»tice et d'honnêteté, partout les mêmes prin

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cipes de morale, partout les mêmes notions » du bien et du mal. L'ancien paganisme enfanta des dieux abominables, qu'on eût punis ici-bas » comme des scélérats, et qui n'offroient pour

tableau du bonheur suprême que des forfaits. » à commettre et des passions à contenter. Mais » le vice, armé d'une autorité sacrée, descen

(1) Procope (de Bello goth., lib. II, cap. XIV), et Evagre (lib. IV, cap. IX), attribuent cette coutume aux Hérules, et Voltaire aux anciens Sarmates. Essai sur l'histoire et les mœurs des nations, tom. I, ch. XXXIII, pag. 243.

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