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foi dans les vérités nécessaires révélées originairement; et voilà pourquoi elle ne dit point, tu croiras en Dieu; elle ne présume pas que l'on puisse douter de son existence; mais, sous les peines les plus terribles, elle défend de prostituer à d'autres êtres l'adoration qui n'est due qu'à lui. Et Dieu lui-même proclamant ses droits: « Je suis, dit-il, le Seigneur ton Dieu; tu n'auras point devant moi de Dieux étrangers (1). » Il ne révèle aucun dogme nouveau: il rappelle au culte antique les enfans d'Abraham; et formant d'eux un peuple à part, il se déclare leur législateur et leur roi.

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Il ne faut pas juger de ces temps anciens par ceux qui précédèrent presque immédiatement la venue de Jésus-Christ, et beaucoup moins

fait pour expliquer la tolérance dont jouissaient les Sadducéens. « Encore, dit-il, que les vérités qu'ils nioient » fussent crues de tout temps dans la nation, et visible» ment supposées dans tous les livres de la loi, elles n'y » sont pourtant en aucun endroit formellement énoncées, » et il n'y est nulle part expressément ordonné de les » croire sous peine de retranchement. » Lettres de quelques Juifs portugais et allemands, par M. l'abbé Guénée ; tom. II, p. 137. Édit. in-12.

(1) Ego sum Dominus Deus tuus.... Non habebis deos alienos coram me. Exod. XX, 2 et 3.

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encore par les siècles qui l'ont suivie. Dans cette haute antiquité où les traditions étoient, pour ainsi parler, si vivantes, et inspiroient tant de respect, où l'on n'avoit pas encore réduit le sophisme en art, où la philosophie n'étoit que la religion, les peuples avoient peu à craindre les erreurs spéculatives : l'abus de la raison n'étoit pas alors la grande maladie du genre humain. On ne nioit point la vérité; rarement la corruption du cœur passoit jusqu'à l'esprit ; mais, esclaves des sens, les hommes s'emportoient, avec une sorte de fureur brutale, aux désordres les plus excessifs, et montroient, dans l'aveuglement de leurs passions, autant de hardiesse à violer la loi morale, que de penchant à s'abandonner à tous les faux cultes.

Proportionnant le remède au mal, Dieu promulgua de nouveau la loi qu'on méconnoissoit; il l'unit intimement et par des liens indissolubles aux lois politiques et civiles qu'il imposa au peuple dont il s'établit le chef immédiat, l'unique souverain. Il prescrivit à ce peuple un culte digne de sa sainteté : il lança ses anathèmes sur les adorateurs de la créature, et les menaça de ses vengeances: il les condamna même sur la terre au dernier supplice; il voua des nations. entières au glaive pour faire sentir à des hommes grossiers la grandeur des crimes qui avoient mé

rité une si effrayante punition. Afin de les retenir dans le devoir, il employa et la terreur du châtiment et l'espoir de la récompense; et il voulut que ces récompenses, aussi durables que la fidélité à qui elles étoient promises, ces châtimens, aussi prompts que l'offense, fussent comme la sanction toujours présente de ses commandemens, et servissent à le faire reconnoître au loin pour ce Dieu de l'univers seul éternel, seul juste, seul puissant, dont la tradition proclamoit en tous lieux l'existence, et que, presque en tous lieux, on oublioit d'honorer (1).

L'objet de la seconde révélation ou de la loi mosaïque n'étoit donc pas de fonder une religion

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(1) Nunc igitur Dominus Deus noster, salvos nos fac de manu ejus, ut sciant omnia regna terræ, quia tu es Dominus Deus solus. (IV. Reg., XIX, 19.)-Nous voyons en effet les peuples avec qui les Juifs étoient en relation reconnoître leur Dieu pour le souverain maître du ciel et de la terre, comme l'observe l'abbé Le Batteux. Quand Salomon monta sur le trône, le roi de Tyr ren» dit grâces au Seigneur Dieu, de ce qu'il avoit donné à » David un successeur digne de lui. (III. Reg. V, 7.) Cyrus, dans ses édits, reconnoît que ses victoires sont » un don du Dieu du ciel. ( I. Esdr., I, 2.) Darius veut >>. que les Juifs fassent pour lui des voeux au Dieu du ciel. (J. Esdr., VI, 10.) Artaxerxès parle à peu près de » même dans Esdras. Assuérus reconnoît le même Dieu

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nouvelle, mais de rappeler et d'affermir celle qui reposoit sur la première révélation, en constituant un peuple chargé spécialement de conserver dans toute leur pureté les traditions anciennes, un peuple modèle dont les croyan

la loi morale et le culte fussent une continuelle protestation contre l'idolâtrie et contre les désordres qui l'accompagnoient (1).

Dans les desseins de Dieu, ce peuple avoit encore une autre destination. Les promesses lui étoient confiées : c'étoit de lui que devoit naître le Désiré des nations (2), annoncé toujours avec plus de clarté à mesure qu'approchoit l'époque de son avénement. Figure d'une loi plus parfaite, la loi de Moïse étoit pleine de ce grand

» dans le décret qu'il adresse aux cent vingt-sept pro» vinces de son empire, depuis les Indes jusqu'en Ethio» pie. (Esth, XVI, 16.) Quel eût été le sens de ces dé»crets, si les nations eussent ignoré qu'il y avoit un Dieu >> souverain et universel? » Hist. des causes premières, p. 141, 142.

(1) S. Iren. contr. Hereses, lib. IV, cap. XV, p. 245. Paris, 1710 Tertullian. De cib. Jud., cap. II.-Euseb., Demonstr. Evang., lib. I, cap. IV et VI. S. Hyeron., Comment. in Ezech., 20. S. Chrysost., Comment. in Isa., cap. 1.--Maimon., Mor. Nev., part. III, cap. XXIX. (2) Et movebo omnes gentes cunctis gentibus. Agg. II, 8.

et veniet Desideratus

libérateur, montré aux hommes en espérance dès l'origine des siècles. Ainsi, par les prophéties qui se répandoient peu à peu dans les contrées les plus lointaines, par son histoire qui ellemême étoit toute prophétique (1), par les cérémonies figuratives de son culte, le peuple juif remplissoit la haute fonction de préparer le genre humain à reconnoître son Sauveur. Les preuves de sa mission, consignées d'âge en âge dans d'authentiques monumens, jetoient un éclat que rien ne pouvoit obscurcir. Lorsqu'il parut au milieu du monde, tout le passé lui rendoit hommage renfermé jusque-là dans le sein du temps, on savoit avec certitude quand il en devoit sortir, et l'univers entier entendit sans surprise la voix qui publia son enfantement merveilleux (2). Sa doctrine même, si simple à la fois et si élevée, ne frappa point d'abord les esprits comme une chose nouvelle; on n'y vit qu'un développement de la religion antique, et il put dire avec une vérité profonde ces paroles qu'il n'étoit donné qu'à lui de prononcer: Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir (3).

(1) Hæc autem omnia in figurâ contingebant illis. Ep. I ad Corinth. X, II.

(2) C. Taciti histor., lib. V, n. XIII.-Sueton. in Vespas. (3) Nolite putare quoniam veni solvere legem, aut pro

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