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vous dira, que celui qui croit avoir raison seul est vide de sens (1). Il y a en effet dans le nombre même, comme le remarque Pline, une raison supérieure qui résulte de l'union (2). Mais personne n'a mieux vu qu'Héraclite toute l'étendue de ce principe, et n'a mieux établi le vrai fondement de nos connoissances. « La raison commune et

divine, dont la participation constitue la rai» son individuelle, est, selon lui, le criterium » de la vérité. Ce qui est cru universellement, >> est certain; car cette croyance est empruntée » de la raison commune et divine; et, par le » motif contraire, toute opinion individuelle » est dépourvue de certitude (3). C'est ainsi que Sextus Empiricus expose la doctrine d'Hé

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Οὗτοι διαπτυχθέντες, ὤφθησαν κενοί.

Soph., Antigon., v. 707-709, tom. I,
pag. 191, Ed. Brunck.

(2) In numero ipso quoddam magnum collatumque consilium. Plin. Hist. natur., lib. VII, cap. XVII.

(3) Τοῦτον δὴ τὸν κοινὸν λόγον καὶ θεῖον, καὶ οὗ κατὰ μετοχὴν γενόμεθα λογικοί, κριτήριον ἀληθείας φησίν ὁ Ηράκλειτος· ὅθεν τὸ

raclite, et dans le paragraphe suivant, il cite les paroles mêmes de ce philosophe, au commencement de son traité De natura: «Telle étant » donc la raison, l'homme demeure dans l'igno>> rance, tant qu'il n'a pas joui du commerce » de la parole, et ce n'est que par ce moyen qu'il commence à connoître. Il faut donc » déférer à la raison commune. Or, cette raison commune n'étant autre chose que le tableau » de l'ordre universel, toutes les fois que nous empruntons à la mémoire commune, nous possédons la vérité; et quand nous n'interro»geons que notre raison individuelle, nous tom>> bons dans l'erreur (1).

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Aristote lui-même avoue que le consentement

μὲν κοινῇ πᾶσι φαινόμενον, τοῦτ ̓ εἶναι πιστον· τῷ κοινῷ γὰρ καὶ Θείῳ λόγῳ λαμβάνεται· τὸ δὲ τινι μόνῳ προσπίπτον, ἄπιστον ὑπαρ dià thu Évavtíav airiav. Sextus Empiric., adv. Logic., lib. VII, § 131. Edit. Jo., Alb. Fabr. Lips. 1718.

χειν

(1) Λόγου τοῦδε ἐόντος, ἀξύνετοι γένονται ἄνθρωποι, καὶ πρός σθεν ἢ ἀκοῦσαι, καὶ ἀκούσαντες τὸ πρῶτον... Διὸ δεῖ ἕπεσθαι τῷ κοινῷ (ξυνος γὰρ ὁ κοίνος)· ἡ δ ̓ ἔστι οὐκ ἄλλο τὶ ἀλλ' ἐξήγησις τοῦ τρόπου τῆς τοῦ παντός διοκήσεως. Διὸ καθ ̓ ὅτι ἄν αὐτοῦ της μνήμης κοινωνήσομεν, ἀληθεύομεν· ἃ δὲ ἄν ἰδιάσομεν, ψευδόμεθα. Ibid., $ 132.-Ta on parvóμeva miσtà, quæ communiter ità videntur fida sunt, aiebat Heraclitus statuens λóyov tov Euvóv (rationem communem), optimum esse veritatis xperpov. Grot. De Jure belli et pac., lib. I, n. 12.

S

universel forme la plus puissante preuve (1). Dans un autre endroit, il ajoute: «Nous affirmons

qu'une chose est ainsi, quand tous les hommes » croient qu'elle est ainsi : celui qui ôteroit cette foi, ne diroit rien de plus croyable (2). »

Epicure enseignoit aussi, dans son livre de la régle et du jugement, que ce sur quoi les hommes s'accordent, est nécessairement vrai (5): maxime que Cicéron adopte et cite avec admiration (4).

<< La nature, dit-il ailleurs, nous apprend à regarder comme certains les rapports des sens, lorsqu'ils sont uniformes dans tous les hommes; » et quand, au lieu d'offrir cette constante uni»formité, ils diffèrent et varient dans chaque

(1) Κράτιστον πάντας ἀνθρώπους φαίνεσθαι συνομολογοῦντας τοῖς ῥηθησομένοις : potentissima probatio est, si in id quod dicimus omnes consentiant. Arist. ap. Grot. eod. loc.

(2) Ο γὰρ πᾶσι δοκεῖ, τοῦτο εἶναι φαμὲν· ὁ δ ̓ ἀναιρῶν ταύτην τὴν πίστιν, οὐ πάνυ πιστότερα ἔρει. Οuod omnibus ita videtur, id ità esse dicimus; qui verò hanc fidem velit tollere, nihilo ipse credibiliora dicet, Arist. Ethic. ad Nicomach., lib. X, cap. X, tom. II. Oper., p. 97. Aurel. Allobrog., 1605.

(3) De quo autem omnium natura censentit, id verum esse necesse est. De nat. Deor., lib. I, cap. XVII.

(4) Cujus rationis vim, atque utilitatem ex illo cœlesti Epicuri, de regulâ et judicio, volumine accepimus. Ibid., cap. XVI.

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Le consentement commun est également, aux yeux de Sénèque, la marque de la vérité (2). Salluste, le philosophe, se sert du même principe pour prouver que Dieu est bon, impassible, immuable (3). Il vaut mieux croire à tous qu'à un seul, dit Pline-le-Jeune; car un homme peut tromper et être trompé; mais nul ne trompa jamais tous les hommes, ni ne fut jamais trompé par eux (4). Et Quintilien, avec cette droiture. de sens qui le distingue : Nous tenons pour certain ce qu'on s'accorde à regarder comme vrai (5). Partout on a senti l'importance de cette règle toujours connue, toujours enseignée. Il est né

(1) Perturbat nos opinionum varietas, hominumque dissentio; et quia non idem contingit in sensibus, hos naturâ certos putamus; illa, quæ aliis sic, aliis secùs, nec iisdem semper uno modo videntur, ficta esse ducimus. De legib., lib. I, cap. XVII, n. 47..

(2) Apud nos veritatis argumentum est aliquid omnibus videri. Senec., Ep. 117.

(5) Κοιναὶ δὲ εἰσιν ἔννοιαι ὅσας πάντες ἄνθρωποι ἐρωτηθέντες ὁμολογήσουσιν, οἷον ὅτι πᾶς θεὸς ἀγαθὸς, ὅτι ἀπαθὴς, ὅτι ἀμετά6ntos. Sallust., De Diis, pag. 33.

(4) Meliùs omnibus quàm singulis creditur, singuli enim decipere et decipi possunt; nemo omnes, neminem omnes fefellerunt. Plin. in Pan. Trajan., cap. LXII.

(5) Pro certis habemus ea in quæ communi opinione consensum est. Quintil. Instit. Orat.

cessaire, disent les docteurs Juifs, que le témoignage général soit vrai, et tout ce qu'on y oppose ne mérite pas de réponse (1).

C'est uniquement sur cette base que reposent les croyances du genre humain, et jamais on n'eut d'autre moyen de reconnoître avec certitude les vérités dont se compose la religion révélée originairement. Aussi Socrate, Platon, Cicéron, Sénèque et les autres philosophes anciens, recourent-ils sans cesse au consentement unanime des peuples, lorsqu'ils veulent établir l'existence de Dieu (2), l'immortalité de

(1) Scito inter sapientes fuisse controversiam an scientia quæ per crebram famam habetur sit necessaria, vel probabilis. Circa quod, dictis pro et contra quain plurimis, conclusio omnium est ipsam esse necessariam...... Nihil igitur quod contra crebram famam dictum est meretur responsum. Pugio fidei, II part., cap. VIII, p. 367. Lips., 1687.

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(2) Facile est veritatem hanc ostendere, quod dii sint. Quo pacto? Primùm quidem terra, sol, sidera, ipsumque universum. . . id ostendunt: Græcorum prætereà barbarorumque omnium consensus, Deos esse fatentium. Plat. de Legib., lib. X, Oper., tom. IX, p. 67 et 68. Ed. Bipont. Cicer. de Legib., lib. I, cap. VIII. De nat. Deor., lib. I, Orat. de Harusp. respons., cap. IX. Après avoir cité plusieurs passages de ce philosophe, Bayle ajoute: « Je vous avoue que c'est » prendre pour la principale preuve de l'existence de

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