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au témoignage des peuples sur l'existence de la Divinité toute sa force, mais qui est sans réplique contre l'idolâtrie.

Les Chinois reconnoissoient, comme les peuples de l'occident, que la vraie religion devoit être universelle, et même leur objection principale.contre le christianisme, n'étoit qu'une fausse application de cette maxime; comme on le voit par les discours de quelques mandarins (1) à un prince de la famille impériale, qui s'étoit converti à Jésus-Christ au commencement du siècle dernier. Mais, dans un écrit où il expose les motifs de sa conversion, et que nous aurons plus d'une fois l'occasion de citer, ce prince, plus sage et plus instruit qu'eux, parce qu'il avoit examiné de bonne foi, nous apprend que l'autorité du grand nombre, uni dans une même foi et dans un même culte, étoit, au contraire, une des raisons qui l'avoient décidé à embrasser le christianisme. « S'il y avoit, dit>> il, quelque chose de défectueux, quelque léger » qu'il fût, dans cette loi, les hommes sont trop éclairés pour ne pas le remarquer, et et pour lui

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(1)« La loi de l'Europe n'est suivie que des Européens, >> et vous prétendez que quiconque l'abandonne se ré» volte contre le ciel ? » Lettres édif., tom. XX, p. 131. Toulouse, 1811.

>> donner une entière croyance... Or à présent,

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dans toute l'étendue de l'Europe, qui ren>> ferme plus de mille lieues, depuis dix siècles » et au delà, savans et ignorans, pauvres et » riches, jeunes et vieux, hommes et femmes, » tous suivent généralement la religion chré» tienne; l'émulation est si grande qu'on la pratique à l'envi. De là, on peut conclure sans aucun » doute combien elle est véritable et solide (1). Les philosophes modernes eux-mêmes ont tous admis le principe de l'universalité (2), et

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(1) Motifs du prince Jean pour embrasser la religion chrétienne. Lett. édif., t. XX, p. 562. Toulouse, 1811.

(2) Rousseau, dans ses Lettres écrites de la Montagne, suppose que les catholiques parlent ainsi aux premiers réformateurs : « Quel titre avez-vous donc pour sou>> mettre ainsi nos jugemens communs à votre esprit parti>> culier? Quelle insupportable suffisance de prétendre >> avoir toujours raison, et raison seuls contre tout le monde! >> A ce discours, ajoute Rousseau, voyez-vous ce que »> nos réformateurs auroient eu de solide à répondre'? » Pour moi, je ne le vois pas. » Lettres de la Montagne, p. 82, 83. Paris, 1793. - «< La vérité est une lumière »> naturelle qui luit d'elle-même par toute la terre, parce >>> qu'elle vient de Dieu; l'erreur est une lueur artificielle qui a besoin sans cesse d'être alimentée, et qui ne peut » jamais être universelle, parce qu'elle n'est que l'ouvrage >> des hommes. › Bernardin de Saint-Pierre, Chaumière indienne, Avant-Propos, p. 34. Paris, 1791.

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tous aussi, comme les mandarins, dont nous parlions tout à l'heure, ils ont essayé de s'en servir pour attaquer la religion chrétienne.

«Si le mahométisme, dit Voltaire, avoit été »> nécessaire au monde, il auroit existé dès le » commencement du monde, il auroit existé » en tous lieux (1).

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Quelle seroit la religion véritable, si le chris» tianisme n'existoit pas? C'est celle dans laquelle il n'y a point de sectes; celle dans laquelle tous les esprits s'accordent nécessairement. » Or, dans quel dogme tous les esprits se » sont-ils accordés? Dans l'adoration d'un >> Dieu et dans la probité. Tous les philosophes » de la terre qui ont eu une religion, dirent >> dans tous les temps, il y a un Dieu, et il faut » être juste. Voilà donc la religion universelle » établie dans tous les temps et chez tous les >> hommes.

» Le point dans lequel ils s'accordent tous est » donc vrai, et les systèmes par lesquels ils diffe» rent sont donc faux..... Il faut bien que les

choses dont tout le monde se moque, ne » soient pas d'une vérité bien évidente (2). »

(1) Diction. philos., art. Nécessaire. (2) Ibid., art. Secte.

Quelle que fût l'intention de Voltaire en écrivant ces paroles, il avoue que la religion nécessaire à l'homme, ou la vraie religion, doit être perpétuelle, universelle; et qu'il a toujours existé dans le monde une religion qui possédoit manifestement ces caractères. Les anciens, comme on vient de le voir, ont fait le même aveu : ils ont reconnu le consentement commun ou l'autorité générale pour règle des croyances (1); et discernant, au moyen de cette règle, la vérité, qui ne change point, de l'erreur, qui varie sans cesse, il leur a été facile, selon le témoignage d'un père, de convaincre de mensonge quelques hommes corrompus dans leurs pensées, par le témoignage de tous les siècles et de toutes les nations (2).

Jamais en effet aucun peuple n'ignora les dogmes ni les préceptes de la religion primitive;

(1) Ceise lui-même admet cette règle, et s'en sert pour établir certaines vérités. « C'est, dit-il, un senti» ment de la plus haute antiquité, dont conviennent les » nations les plus sages, les villes et les hommes éclairés. » Origen. contr. Cels., lib. II, n. 14.

(2) Nec difficile sanè fuit paucorum hominum pravè sententium redarguere mendacia, testimonio populorum · atque gentium in hâc unâ re non dissidentium. Lactant., Divint. Instit., lib. I, cap. II, p. 3.

nous croyons l'avoir prouvé jusqu'au dernier degré d'évidence; et comme, en même temps, nous avons montré que l'idolâtrie n'avoit ni doctrine, ni loi morale, ni enseignement, et que par conséquent elle n'étoit point une religion, mais la violation d'un commandement divin (1), il s'ensuit qu'il n'y eut jamais qu'une religion dans le monde, religion universelle, au sens le plus rigoureux et le plus étendu.

Mais pour bien entendre cette vérité, aussi importante que certaine, il faut distinguer deux époques dans la durée de la religion, la première comprend tous les temps qui ont précédé la venue de Jésus-Christ, la seconde ceux qui l'ont suivie.

Avant Jésus-Christ, que voyons-nous chez les diverses nations de la terre? Des croyances générales, partout les mêmes, et une multitude innombrable de superstitions différentes en chaque lieu, et perpétuellement changeantes. Séparez ces superstitions de ce qu'il y avoit d'universel, d'invariable, et par conséquent de vrai dans les croyances des peuples, il ne restera rien que l'on puisse concevoir sous l'idée de religion, qui renferme nécessairement celle de loi.

(1) Voyez chap. XXIV.

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