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Une opinion passagère et locale n'est pas un dogme; des rites arbitraires ne sont pas un culte; un caprice n'est pas un devoir. Dira-t-on que le nègre, en se choisissant un fétiche, fonde une religion? Ce qui, dans le paganisme, appartient réellement à la religion, c'est ce qu'on retrouve partout et toujours, la foi en Dieu, aux esprits qui sont ses ministres, aux saints qu'il reçoit dans sa gloire, et qu'il investit d'une partie de sa puissance; enfin, tout ce qu'enseigne une tradition unanime et constante (1).

Jusqu'au moment où Jésus-Christ vint accomplir le mystère du salut, cette tradition conserva dans le monde entier la connoissance de la révélation primitive, qui, depuis l'origine des temps, ne cessa jamais d'être, nous ne disons pas la seule vraie religion, mais l'unique religion qui existât sur la terre, l'idolâtrie n'étant, nous le répétons, que la transgression du premier précepte de cette religion divine: elle possédoit donc au plus haut degré le caractère d'universalité qu'on a vu lui être essentiel. Véritablement catholique dans la plus stricte acception

(1) Variasse deberet error, sed quod unum apud multos invenitur, non est erratum, sed tradituin. Tertullian., Prescript. adv. Hæret.

du mot (1), elle formoit, au milieu des erreurs qui s'élevoient successivement et des désordres qu'elles enfantoient, la foi commune et la loi générale du genre humain; de sorte qu'en ce qui concerne les croyances des Gentils, tout ce qu'elles offroient d'universel étoit vrai, et rien n'étoit vrai de ce qui n'étoit pas universel (2). Dieu, qui vieille sans relâche à la conservation de ses œuvres, vouloit que l'homme créé pour la société, y trouvât toujours ce qui lui étoit nécessaire pour vivre de la vie de l'àme, afin que, s'il lui arrivoit de s'égarer loin de la voie qui conduit au séjour des biens éternels, il ne pût accuser que lui-même et sa volonté pervertie.

L'univers attendoit le Médiateur prédit : il paroît au temps marqué, et la religion ne change point; elle se développe : la foi, le culte, les devoirs demeurent, pour le fond, immuable

(1) Faber avoue que la religion primitive étoit essentiellement universelle ou catholique. « Patriarchism.... >> was professedly a catholic religion. » Hora mosaicæ, vol. II, sect. I, chap. I, p. 18. London, 1818.

(2)« Ces additions (les fables et le culte païens) ont » varié suivant les temps, et suivant les lieux, tandis que » le fond de la religion a toujours été aussi perpétuel dans »sa durée, qu'universel dans son étendue. » Quest. sur l'incredulité, par M. l'évêque du Puy. III Quest., p. 142, 145.

ment les mêmes. On croyoit à celui qui devoit venir, on croit à celui qui est venu; aux sacrifices figuratifs succède le sacrifice réel et seul efficace; on possède ce qu'on espéroit ; le Désiré des nations s'est montré au milieu d'elles ; les promesses de la loi sont accomplies. Et comme la religion en se développant n'a pas cessé d'être une, elle ne cesse point non plus d'être universelle (t). Elle existe partout, elle est la même partout seulement il se peut que quelques hommes ne la connoissent pas tout entière, qu'ils ignorent ses développemens; mais il n'en est point qui ne connoissent, ou ne puissent connoître ce qui est indispensable pour le salut. Toute foi vraie est une partie de la foi chrétienne; tout culte pur est une partie du culte chrétien. Les nations, s'il en existoit, à qui le christianisme complet n'auroit pas encore été annoncé, se trouveroient dans la position où le genre humain étoit avant Jésus-Christ. N'ayant point d'autre lumière, elles n'auroient pas non

(1) « Le christianisme est dans son principe une religion universelle, qui n'a rien d'exclusif, rien de local, >> rien de propre å tel pays plutôt qu'à tel autre... Lep

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par

>> fait christianisme est l'institution sociale universelle. »> Rousseau, Lettres écrites de la Montagne, p. 40, 41. Paris, 1793.

plus d'autres devoirs; et si elles les remplissoient avec fidélité, elles seroient véritablement chrétiennes comme l'enfant simple et docile à qui l'on n'a pas encore enseigné tous les dogmes et qui n'a pu dès lors participer à tous les mystères, ne laisse pas, en cet état imparfait et de passage, d'être véritablement chrétien.

Mais si ces nations rejetoient la prédication évangélique, si elles refusoient de connoître toute la loi, ou de s'y soumettre, à l'instant elles deviendroient coupables de sa violation, et sortiroient de la voie du salut.

Ainsi le christianisme ou la religion révélée originairement, a toujours été et sera toujours aussi universelle que la société, puisqu'elle renferme tous les devoirs de l'homme, et par conséquent le principe de sa vie. Elle est, dans ses dogmes, la loi de notre esprit; dans ses préceptes, la loi de notre cœur et de nos sens. On peut sans doute transgresser ses lois; mais les ignorer entièrement ou les abolir, il est impossible; et la transgression ne préjudicie, quelque générale qu'elle soit, ni à l'autorité, ni à l'universalité de la loi (1).

(1) Si enim verissimus et sincerissimus Dei cultus, quamvis sit apud paucos, apud eos tamen est quibus multitudo, quanquam cupiditatibus involuta et à puri

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A l'égard de la morale, on en convient ; tout le monde avoue qu'elle est universelle. Or, assurément on ne prétend pas que les hommes ne la violent jamais; on ne nie pas l'existence des vices; mais on entend que, malgré des désordres sans nombre, les principes de la justice, partout les mêmes, sont connus partout.

De même en disant que la loi de l'esprit qu'on appelle plus particulièrement religion, est universelle, on ne prétend pas que tous les hommes y obéissent fidèlement; on ne nie point l'existence des erreurs ni des faux cultes ; mais on entend que les vérités nécessaires au salut, connues partout, sont partout les mêmes.

Les cultes superstitieux ne sont pas des lois, mais des crimes, comme le meurtre et l'adultère. Quand donc, appelant religion toute violation de la loi religieuse, on demande comment, parmi tant de religions diverses, on discernera la vraie religion; c'est comme si, donnant le nom de morale à toute violation de la loi de justice, on demandoit comment, parmi tant de morales diverses, on discernera la vraie morale.

tate intelligentiæ remota, consentit; quod fieri posse quis dubitet? S.August., De utilitate credendi; cap. VII, n. 16. Oper., tom. VIII, col. 55. Ed. Benedict.

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