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Voilà ce qu'étoient les Juifs avant Jésus-Christ, un peuple miraculeux dans son établissement, dans le pouvoir qui le gouvernoit, dans les moyens qu'il employoit pour le gouverner, dans les événemens de son histoire, dans sa grandeur et dans ses humiliations, en un mot dans toute son existence. Témoin par lui-même et par ses ancêtres de trois révélations, il rejète la dernière, comme ses prophètes l'avoient prédit (1), et néanmoins il conserve les titres qui en sont le fondement avec une incorruptible fidélité. Sa religion sans doute étoit vraie et visiblement divine; mais ce n'étoit point au fond une religion différente de celle que Dieu avoit originairement donnée à tous les hommes. Sous ce rapport les Juifs n'avoient de plus que de simples rites destinés à conserver la pureté du culte, qui n'obligeoient qu'eux seuls.

Depuis Jésus-Christ, les Juifs ne forment plus un corps de nation : ils n'ont ni territoire, ni autorité publique, ni lois politiques et civiles en vigueur, ni tribunaux. Pour la religion, leur foi est la même ; ce que croyoient leurs pères,

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phetas non veni solvere sed adimplere. Matt. V, 17.

(1) Isa., VI, get seq. - Et post hebdomades sexaginta duas occidetur Christus : et non erit ejus populus, qui eum negaturus est. Daniel, IX, 26.

ils le croient encore; mais il y a dix-huit siècles que leur culte est aboli. Temple, autel, sacrifices, tout a cessé, tout est détruit; et ces grandes ruines ne peuvent jamais être relevées; la confusion des tribus a mis sur elles le sceau. de l'éternité. Où sont aujourd'hui les enfans de Levi, seuls légitimes pontifes, seuls investis du droit de toucher l'encensoir, d'accomplir en mille circonstances les expiations légales, d'offrir à Dieu le sang des victimes, et de pénétrer dans le saint des saints? Les mains qui présentoient les dons sacrés, ne sauroient être désormais distinguées des mains profanes : la voix quitransmettoit à Jehovah les prières du peuple est muette pour toujours. Et Juda, qu'est-il devenu? où est-il ? comment le Messie, dont la descendance doit être certaine, se feroit-il reconnoître pour son fils? Aveugles qui l'attendez, il reviendroit qu'il vous seroit impossible de vous assurer que c'est lui.

Privés du culte prescrit par la loi de Moïse, les Juifs sont donc maintenant, pour ce qui concerne la religion, dans l'état où le genre humain se trouvoit avant Jésus-Christ. Leur crime est de le rejeter, de refuser de croire à sa doctrine et d'obéir à ses lois, de persister dans leur rébellion contre la suprême autorité qui les proclame. Sous ce rapport, ils ressemblent sin

gulièrement aux déistes avec lesquels ils ont encore un autre trait de conformité, le défaut de sacrifice; et sous ce rapport ils se séparent de tous les anciens peuples.

Pendant qu'ils subsistèrent en corps de nation, leurs croyances et leur culte, à l'exception de certains rits particuliers, reposoient sur les traditions universelles, sur l'autorité du genre humain attestant la révélation primitive, confirmée par une seconde révélation, qui leur imposa de plus une loi nationale, devenue aussi pour eux une tradition nationale, et perpétuellement promulguée par une autorité vivante.

Si donc l'on considère ce que le peuple juif avoit de commun avec tous les autres peuples, on reconnoît aussitôt l'antique religion du genre humain, la vraie religion, brillante des caractères qui lui appartiennent exclusivement, l'unité, l'universalité, la perpétuité, la sainteté.

Si l'on considère ce que le même peuple avoit de propre et de distinctif, on trouve une loi divine sans doute et par conséquent sainte, surtout si l'on se souvient qu'elle étoit figurative (1); mais cette loi, différente de la loi générale donnée au premier homme et à ses descendans

(1) Hæc autem in figurâ facta sunt nostri. Ep. I ad Corinth., X, 6.

manquoit dès lors du caractère d'unité essentiel à la religion; elle n'étoit non plus ni universelle, puisqu'elle n'obligeoit que les Juifs, ni perpétuelle, puisqu'elle ne remontoit pas à l'origine des temps, et qu'elle devoit être un jour abolie (1).

Observez encore que, par son institution même, la loi mosaïque n'étoit que locale; que le législateur envoyé de Dieu, n'avoit et ne réclamoit d'autorité que sur les enfans d'Israël; qu'il en étoit ainsi des juges, des pontifes, des rois et des conseils qui lui succédèrent; et qu'enfin depuis dix-huit cents ans, le sceptre de Juda est brisé, selon la prédiction de Jacob (2); qu'il n'existe plus parmi les Juifs aucune autorité publique, de sorte que, pour l'interprétation de leur loi et des prophéties qu'elle contient, chacun d'eux est abandonné à la foiblesse de son ju

(1) Servitutis autem præcepta separatim per Moysem præcepit populo, apta illorum eruditioni.... Hær ergo, quæ in servitutem, et in signum data sunt illis, circumscripsit novo libertatis testamento. Quæ autem naturalia, et liberalia, et communia omnium, auxit et dilatavit (Christus). S. Iren. contr. Hæres., lib. IV, cap. XVI, p. 247. Édit. Benedict.

(2) Non auferetur sceptrum de Judâ, et dux de femore ejus, donec veniat qui mittendus est; et ipse erit exspectatio gentium. Genes. XLIX, 10.

gement et à l'incertitude de ses conjectures (1). Les dernières paroles qu'ait prononcées en expirant l'autorité légitime de ce peuple, sont un hommage rendu au Messie, fils de Dieu, fils de David (2), qui venoit accomplir, non-seulement la loi particulière de Moïse, mais encore la lol universelle du genre humain, laquelle devoit avoir en lui, et ne pouvoit avoir qu'en lui son dernier et parfait accomplissement : et quand lui-même il expira, non pour toujours comme la synagogue, mais pour revivre bientôt après,

cet égard, dans

(1) Il résulte de là que les Juifs ne peuvent plus s'assurer du vrai sens de l'Écriture. Ils sont, le même cas que les protestans. Aussi varient-ils sans cesse dans l'interprétation des prophéties qui regardent le Messie. Chacun les entend à sa façon, et il leur est impossible de s'accorder même entre eux.

(2) Cùm ergo natus esset Jesus in Bethlehem Judæ in diebus Herodis regis, ecce Magi ab Oriente venerunt Jerosolimam, dicentes : Ubi est qui natus est rex Judæorum? Vidimus enim stellam ejus in Oriente, et venimus adorare eum. Audiens autem Herodes rex, turbatus est, et omnis Jerosolima cum illo. Et congregans omnes prineipes sacerdotum, et scribas populi, sciscitabatur ab eis ubi Christus nasceretur. At illi dixerunt ei: in Bethlehem Judæ: sic enim scriptum est per prophetam : Et tu Bethlehem, terra Juda, nequaquàm minima es in principibus Juda; ex te enim exiet dux, qui regat populum meum Israël. Matt. II, 1–6. Erat autem Caïphas, qui consi

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