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parcequ'il étoit la résurrection et la vie (1), il annonça du haut de la croix à l'univers sauvé, ce grand et éternel accomplissement de la loi éternelle : CONSUMMATUM EST (2) !

Alors tout fut aussi consommé pour le Juif. Un sceau fut mis sur son cœur, sceau qui ne sera brisé qu'à la fin des siècles. Son existence tout entière n'avoit été qu'un long prodige : un nouveau miracle commence, miracle toujours le même, miracle universel, perpétuel, et qui manifestera jusqu'aux derniers jours l'inexorable justice et la sainteté du Dieu que ce peuple osa renier. Sans principe de vie apparent, il vivra, rien ne pourra le détruire, ni la captivité, ni le glaive, ni le temps même. Isolé au milieu des nations qui le repoussent, nulle part il ne trouve un lieu de repos. Une force invincible le presse, l'agite, et ne lui permet pas de se fixer. Il porte en ses mains un flambeau qui éclaire le monde entier, et lui-même est dans les ténèbres. Il attend ce qui est venu; il lit ses prophètes et ne les comprend pas; sa sentence, écrite à chaque page des livres qu'il a l'ordre de garder, fait sa

lium dederat Judæis : Quia expedit unum hominem mori pro populo. Joan. XVIII, 14.

(1) Ego sum resurrectio et vita. Joan. XI, 25. (2) Joan. XIX, 30.

joie. Tel que ces grands coupables dont nous parle l'antiquité, il a perdu l'intelligence; le crime a troublé sa raison. Partout opprimé, il est partout. Au mépris, à l'outrage, il oppose une stupide insensibilité : rien ne le blesse, rien ne l'étonne; il se sent fait pour le châtiment; la souffrance et l'ignominie sont devenues sa nature. Sous l'opprobre qui l'écrase, de temps en temps il soulève sa tête, il se tourne vers l'Orient, verse quelques pleurs, non de repentir mais d'obstination; puis il retombe, et courbé, ce semble, par le poids de son âme, il poursuit en silence, sur une terre où il sera toujours étranger, sa course pénible et vagabonde. Tous les peuples l'ont vu passer; tous ont été saisis d'horreur à son aspect il étoit marqué d'un signe plus terrible que celui de Caïn: sur son front, une main de fer avoit écrit : DÉICIDE !

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LES grandes erreurs de l'esprit étoient à peu près inconnues dans le monde avant la philosophie grecque (1). C'est elle qui les fit naître, ou qui au moins les développa, en affoiblissant le respect pour les traditions, et en substituant le principe de l'examen particulier au principe de foi. Elle enhardit les désirs du crime; et, opposant la raison de chacun à la raison de tous, à la raison de Dieu même, elle rompit les derniers liens qui contenoient l'orgueil, et le soumettoient à la vérité. Dès lors cette force inté

(1) Nous ne croyons pas qu'on pût citer dans tous les siècles antérieurs un seul véritable athée. Lorsque nous lisons ce passage des psaumes: « L'insensé a dit dans son » cœur: Il n'y a point de Dieu; » il ne s'agit pas de l'athéisme dogmatique ou réel, mais de l'effort d'une conscience coupable qui repousse le souvenir du Dieu dont elle craint la justice; et c'est ce qu'expriment clairement les paroles suivantes : «Ils se sont corrompus, ils sont

rieure et toute spirituelle, qui est la vie de l'homme, et plus encore celle des nations, s'éteignit à vue d'œil. Quelque funeste que fût l'idolâtrie, elle étoit cependant compatible avec un certain degré d'ordre social; elle ne détruisoit pas les peuples, parce qu'elle laissoit subsister les vérités nécessaires dont se composoit la religion donnée primitivement au genre humain (1). Malgré les faux cultes, on croyoit partout à la Divinité, aux lois de la justice, aux peines et aux récompenses d'une autre vic; partout on reconnoissoit la nécessité du culte, dont partout aussi le sacrifice étoit le fond essentiel. Point de société possible sans ces croyances, et la preuve invincible de leur universalité, de leur perpétuité, c'est l'existence universelle et perpétuelle de la société. La philosophie seule les ébranla elle introduisit, sous le nom de sagesse, le mépris des choses saintes, le doute et l'incrédulité (2). Cette maladie terrible, passant de la Grèce à

» devenus abominables dans leurs désirs: il n'en est pas un >> qui fasse le bien, il n'en est pas un seul. » Ps. XIII, 1 et 2.

(1) Ces fausses religions, en ce qu'elles ont de bon et de vrai, ont pu suffire absolument à la constitution des états. Bossuet, Polit. tirée de l'Écrit. sainte. Liv. VII., art. 2.

(2) A la Chine et dans les pays voisins où il se trouve, quoique en moindre nombre qu'on ne l'a voulu faire croire, des incrédules parmi les lettrés, ces incrédules appartien

Rome, s'y manifesta d'une manière alarmante pour l'état vers le déclin de la république, dont elle hâta les derniers momens. Répandue surtout parmi les grands, toujours les premiers à se corrompre, on pouvoit prévoir l'époque où elle envahiroit le peuple entier. Les calamités de ces temps affreux, les suites épouvantables de l'oubli des devoirs, rien n'arrêta l'audace des esprits, qui, ayant perdu peu à peu jusqu'aux dernières lueurs de la foi, traversoient en tous sens les ténèbres avec inquiétude, et finirent par s'y reposer avec un calme effrayant. Jamais une pareille leçon n'avoit été donnée aux hommes. La raison affranchie de l'autorité ne connut plus aucune règle; elle renversa les croyances, les mœurs, les lois, tout ce qui soutenoit l'empire. Miné par sa base, on vit cet énorme édifice pencher les peuples se troublèrent, la terre s'émut, comme aux approches de sa fin: alors une voix se fit entendre, la voix du Seigneur Dizu des vertus; les nations accoururent, et contemplèrent son œuvre; un grand prodige venoit de s'opérer (1).

nent tous à des sectes philosophiques assez récentes et opposées entre elles. Là, comme partout, l'erreur n'est que la négation d'une vérité crue universellement, une révolte de la raison individuelle contre la raison générale, contre la tradition.

(1) Conturbatæ sunt gentes et inclinata sunt regna :

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