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Une croix avoit sauvé le monde, et le christianisme s'élevoit sur les ruines de la philosophie et de l'idolâtrie.

Quoique celle-ci, par ses conséquences immédiates et directes, ne fût pas aussi dangereuse que la philosophie pour la société, elle n'en étoit pas moins un des crimes les plus graves que l'homme pût commettre, et un principe toujours agissant de dépravation morale et intellec

tuelle. On ne doit donc pas s'étonner que Dieu

la défende avec tant de force dans l'Ecriture. et prononce contre elle des peines si sévères. Mais ce qui peut justement surprendre, ce qui mérite d'être examiné comme un des plus étranges phénomènes qu'offre l'histoire du genre humain, c'est ce penchant universel des peuples pour des cultes aussi absurdes que honteux, pour cet ignoble servage qui révolte également la conscience et la raison, penchant qu'on observe encore aujourd'hui dans une portion considérable du monde, et que le christianisme seul a vaincu.

La première cause d'un fait si extraordinaire

dedit vocem suam, mota est terra; Dominus virtutum nobiscum, susceptor noster Deus Jacob. Venite et videte opera Domini, quæ posuit prodigia super terram. Ps. XLX, 7-9.

se trouve sans doute dans la dégradation originelle de notre nature, et il suffiroit pour la prouver. Mais avant de rechercher comment l'idolâtrie s'est établie, il est nécessaire de montrer en quoi proprement elle consiste; ce qui exige qu'on ait d'abord une juste idée de la religion révélée primitivement ou de la vraie religion; car toute erreur est fondée sur quelques vérités dont on abuse, comme le remarque Bossuet dans un passage que nous citerons bientôt en entier.

Un Dieu unique, immatériel, éternel, infini, tout puissant, créateur de l'univers ; tel étoit le premier dogme de la religion primitive, et la tradition, ainsi que nous le ferons voir, en conserva perpétuellement la connoissance chez tous les peuples. Tous les peuples, instruits par elle, connoissoient aussi la nécessité du culte, c'est-àdire, de l'adoration, de la prière et du sacrifice, la loi morale, l'existence des bons et des mauvais anges, la chute de l'homme dégénéré, et le besoin qu'il avoit d'expiation, enfin l'immortalité de l'âme, et l'éternité des peines et des récompenses futures.

La vraie religion se composoit de ces croyances antiques, et universelles qui renfermoient tous les devoirs de l'homme, la loi de son esprit de son cœur et de ses sens; et l'on ne peut guère

douter qu'elle n'ait long-temps subsisté sans altération, au moins essentielle.

C'étoit un des points de la doctrine ancienne, que Dieu gouvernoit le monde, même matériel, par le ministère des esprits, à chacun desquels illui avoit plu d'attribuer certaines fonctions. Il sc servoit des bons pour maintenir l'ordre général, pour veiller aux empires, pour protéger les hommes et répandre sur eux ses bienfaits; il permettoit aux mauvais de les éprouver, comme on le voit dans l'histoire de Job, ou les chargeoit d'exécuter les arrêts de sa justice (1). Partout l'Ecriture rappelle ce merveilleux ministère des anges, et, à quelque époque qu'on veuille remonter, on ne trouvera point sur la terre de tradition plus constante.

L'Évangile nous montre Jésus-Christ lui-même tenté par Satan, et guérissant des hommes soumis à la puissance des esprits de malice. Il nous enseigne que les petits enfans, tendre objet des soins d'une providence maternelle, ont des anges préposés à leur garde (2); tant est grand

(1) Malis poenas irrogari et per bonos angelos, sicut Sodomitis, et per malos angelos, sicut Egyptiis legimus: justos verò corporalibus pœnis per bonos angelos tentari et probari, non mihi occurrit. S. Aug. Enarrat. in psal. LXXVII, n. 29, tom. IV, col. 854 ed. Bened.

(2) Videte ne contemnatis unum ex his pusillis; dico

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le prix de notre âme aux yeux de Dieu! Tous les esprits célestes sont ses ministres, selon S. Paul, et il les envoie pour nous aider à recueillir l'héritage du salut (1), pour nous défendre contre celui qui a été homicide dès le commencement (2) et qui tourne sans cesse autour de nous, comme un lion pour nous dévorer (3); car nous n'avons pas à lutter seulement contre la chair et le sang, contre les principautés et les puissances, contre ceux qui ont pouvoir dans ce monde de ténèbres, contre les esprits méchans répandus dans l'air (4).

mais

Dépositaires fidèles de l'antique tradition confirmée par l'enseignement de Jésus-Christ et des apôtres, les saints Pères, d'une voix unanime, nous apprennent que la providence du Très-Haut s'étend à tout ce qui existe, et qu'il se sert, pour l'exécution de ses desseins, du ministère des anges. Ils gouvernent l'univers et le conservent. Ils

enim vobis, quia angeli eorum in cœlis semper vident faciem patris mei qui in cœlis est. Matth. XVIII, 10.

(1) Nonne omnes sunt administratorii spiritus, in ministerium missi propter eos qui hereditatem capient salutis. Ep. ad Hebr. I, 14.

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(2) Vos ex patre Diabolo estis........ ille homicida erat ab initio. Joann. VIII, 44.

(3) Adversarius vester Diabolus, tanquam leo rugiens, circuit quærens quem devoret. Ep. 1. Petr. v. 8.

(4) Quoniam non est nobis colluctatio adversùs carnem

sident à toutes les choses visibles, aux astres du ciel, à la terre et à ses productions, au feu, aux vents, à la mer, aux fleuves, aux fontaines, aux êtres vivans. Ils présentent à Dieu les prières des hommes; associés à sa vaste administration, ils ne dédaignent aucune des fonctions que leur confie le Tout-Puissant, et chacun d'eux se renferme dans l'emploi qui lui est prescrit. Ainsi parlent S. Justin, Athénagore, Théodoret, Clément d'Alexandrie, S. Grégoire de Naziance, Origène, Eusèbe de Césarée, S. Jérôme, S. Augustin, S. Hilaire, S. Ambroise, S. Jean Chrisostôme, S. Cyrille et S. Thomas (1).

Ecoutons maintenant Bossuet expliquant la même doctrine, « Nous voyons avant toutes » choses, dans ce livre divin (l'Apocalypse), >> le ministère des anges. On les voit aller sans, » cesse du ciel à la terre, et de la terre au ciel;

et sanguinem, sed adversùs principes et potestates, adversùs mundi rectores tenebrarum harum, contra spiritualia nequitiæ in cœlestibus. Ep. ad Ephes. VI, 12.

(1) ὁ Θεὸς τὸν πάντα κόσμον ποιήσας, κ. τ. λ. Justin. apol. II. *n. 5. Athenag. legat. pro Christ. n. 10.

Docetur nihil negligenter et sine curâ à Deo administrari, sed ipsum omnia dispensare sanctorum angelorum utendo ministerio. Theodoret, q. 82 in Genes.

Idem Plato quos ex Scripturâ habemus parvulorum ac minimorum angelos qui Deum videant, et diligentem illam

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