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mortalité de l'âmé et l'état de gloire et de puissance où les justes sont élevés après cette vie : ces croyances, aussi anciennes que le genre humain, appartiennent donc à la tradition universelle, et voilà pourquoi, consacrées par le christianisme, elles font partie de la doctrine de la société universelle ou catholique.

Un homme d'un vaste savoir (1) a prouvé qu'elles se trouvoient chez tous les peuples de la terre; que les Grecs les avoient reçues des Egyptiens et des Phéniciens; que l'antiquité entière a reconnu l'existence d'esprits inférieurs au Dieu suprême, et créés par lui pour présider à l'ordre de la nature, aux astres, aux élémens, à la génération des animaux. Le monde, selon Thalès et Pythagore est plein de ces substances spirituelles (2). On les croyoit répandues dans les cieux et dans l'air. Elles se divisoient en deux classes, l'une des

nes quibus omnia, quæ terra gignat, maturata pubescant, à diis immortalibus tribui generi humano putant. Cic. De nat., deor., lib. I, cap. II.

(1) Huet, Alnetanæ quæst., lib. II, cap. IV, p. 126 à 137. (2) Ovcias Yuxinas. Plutarch., de Placit. philos. Liv. I., cap. VIII, et Diog. Laërt. in Thalet.· - Εἶναί τε πάντα τὸν dépa fuyov sμnhsov. Laërt. in Pythag. - C'est aussi la doctrine de Confucius elle est principalement consignée dans les Ssé-chou, ou Les quatre livres, composés par ses quatre principaux disciples, qui écrivirent les leçons qu'ils

esprits bons, l'autre des esprits mauvais (1), inférieurs aux premiers (2). Platon parle même d'un

avoient reçues de lui, en s'appuyant presque toujours des propres paroles de leur maître. Dans le Tchoûng yoûng, dont Tseù-ssé, petit-fils de Confucius, est l'auteur, on lit ces paroles « Khoung-tseu (Confucius) a dit : Que » les vertus des esprits sont sublimes! on les regarde, e » on ne les voit pas; on les écoute, et on ne les entend pas, >> unis à la substance des choses, ils ne peuvent s'en sépa>> rer : ils sont cause que tous les hommes, dans tout l'u»nivers, se purifient et se revêtent d'habits de fête, pour >> offrir des sacrifices; ils sont répandus comme les flots » de l'océan au-dessus de nous, à notre gauche et à notre » droite. » L'invariable Milieu, ouvrage moral de Tseù-ssè, en chinois et en mandchou, avec une version littérale latine, une traduction française et des notes, etc.; par M. AbelRemusat. Chap. XVI, pag. 57. Paris, 1817.

(1) Empedocle disoit que les mauvais démons sont punis des fautes' qu'ils ont commises. Plutarch., de Isid. et Osir.

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(2) Ah! si c'étoit un mauvais génie qui m'eût trompé sous la forme d'un dieu! dit Oreste, dans le quatrième acte de l'Electre d'Euripide. Sciunt dæmonas philosophi..... Dæmonas sciunt poëtæ ; et jam vulgus indoctum in usum maledicti frequentat; nam et Satanam principem hujus mali generis, proindè de propria conscientia animæ eadem execramenti voce ponuntiat. Angelos quoque etiam Plato non negavit: utriusque nominis testes esse vel magi adsunt. Tertullian. Apologet. adv. gent., cap. XXII. Suivant les Chaldéens, il y a différentes espèces de démons. Ils sont si nombreux que l'air en est entièrement rempli.

prince d'une nature malfaisante (1), préposé à ces esprits chassés par les dieux et tombés du ciel (2),

Tous sont animés d'une haine violente contre Dieu. Ennemis de l'homme, ils le trompent, le séduisent et le portent au mal. Marc., ap. Psellum, in dialog. De operatione dæmonum. Les Arabes appellent le chef des mauvais démons Iba, c'est-à-dire le Refractaire, Scheitan ou Sathan le Calomniateur, et Eblis le Désespéré. D'Herbelot, Biblioth. orient., art., Div, tom. II, p. 322-323. Paris, 1783.

(1) De legib. Lib. X.

(2) Oenλáτous, oùрavожεтsis. Plut. De vitand. are alieno.. La chute des anges rebelles est clairement indiquée dans Eschile. Prométhée parle d'une sédition qui eut lieu dans le ciel parmi les dieux, les uns voulant chasser Kronos de son trône, afin que Zeus régnât; les autres ne voulant pas au contraire que Zeus régnât sur les dieux. Ceux-ci furent précipités avec Kronos leur chef né très-anciennement, dans les noires profondeurs du Tartare.

Επεὶ τάχιστ ̓ ἤρξαντο δαίμονες χόλου,
Στάσις τ ̓ ἐν ἀλλήλοισιν ὠροθύνετο,
Οἱ μὲν θέλοντες ἐκβαλεῖν ἕδρης Κρόνον
Ως Ζεὺς ἀνάσσοι δῆθεν, οἱ δὲ τοἔμπαλιν
Σπεύδοντες ὡς Ζεὺς μὴ ποτ ̓ ἄρξειεν θεῶν ;
Ταρτάρου μελαμβαθής

Κευθμών καλύπτει τὸν παλαιγενῆ Κρόνον,

Αὐτοῖσι συμμάχοισι.

Prometh., scen. III. OEschyl., tom. I, pag. 18 et 19, ed. Schütz. Vid. et. Hesiod. Theogon, v. 636 et seq. Ovid. Metamorph., lib. I, v. 151 et seq.

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dit Plutarque. La croyance des anges gardiens ou des génies destinées à veiller sur l'homme, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, n'étoit ni moins ancienne, ni moins générale.

Avant de montrer comment le genre humain en abusant de ces vérités tomba dans l'idolâtrie, nous ferons observer qu'elle n'est pas la négation d'un dogme, mais la violation d'un précepte et du premier de tous; celui qui ordonne d'adorer Dieu, et de n'adorer que lui seul (1). Aussi le crime des idolâtres consiste-t-il, selon S. Paul, en ce que connoissant Dieu, ils ne l'ont pas glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces de ses bienfaits ; mais s'évanouissant dans leurs pensées, ils ont transporté à la créature le culte dû au créateur (2). Et le même apôtre, écrivant aux Thessaloniciens pour les féliciter des progrès que faisoit parmi eux l'Évangile, comment parlet-il de leur conversion? «Vous avez quitté, dit-il >> le culte des simulacres, pour le culte du Dieu vivant, du vrai Dieu (3).

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(1) Dominum Deum tuum timebis, et illi soli servies. Deuter., VI, 13.

(2) Quia cùm cognovissent Deum, non sicut Deum glorificaverunt, aut gratias egerunt : sed evanuerunt in cogitationibus suis....., et coluerunt, et servierunt creaturæ potiùs quàm creatori. Ep. ad Rom., I, 21, 25.

(3) Conversi estis ad Deum à simulacris, servire Deo

Plus le Dieu véritable, unique, éternel, invisible, étoit élevé au-dessus de l'homme, plus l'homme, esclave des sens, éprouvoit le besoin de se le représenter par quelque image (1), qui fixât sa pensée vacillante, et soulageât la foiblesse de son entendement (2). Ce fut là, probablement, une des causes de l'idolatrie: on honora le créateur dans ses œuvres les plus éclatantes, devenues autant de symboles de la Divinité (3).

Une cause non moins ancienne contribua plus qu'aucune autre, à faire naître et à

propa

Scitis quo

vivo et vero. (Ep. ad Thessal., I, 9.) niam, cùm gentes essetis, ad simulacra muta prout ducebamini euntes. Ep. I ad Corinth., XII, 2. Vid. et. Judith., V, & et 9.

(1) Idolâtrie, Eidoloλarpeia, signifie littéralement culte des images. — Idololatræ dicuntur qui simulacris eam servitutem exhibent quæ debetur Deo. S. August., De Trinit, lib. I, cap. XIII Oper. tom. VIII., col. 156.

(2) Maxim. Tyr., dissert. 38. Fragilis et laboriosa mortalitas (Deum) in partes ita digessit, infirmitatis suæ memor, ut portionibus coleret quisque, quo maximè indigeret. Plin., Hist. nat., lib. II, cap. 5.

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(3) Vid. Orig. contr. Cels, lib. III, n. 18 et 19. Suivant Ferdosi, auteur persan, Houshun, second roi de la dynastic paishdedienne, ordonna d'adorer le feu, comme le Nour-e-Khadah ou la lumière de Dieu. Hist. de Perse trad, de l'anglais de sir John Malcolm; tom. I, p. 20.

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