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ger les cultes idolâtriques. Déchu de son premier état par une faute, dont tous les peuples avoient conservé le souvenir, l'homme coupable et dégradé, ne levoit qu'en tremblant ses regards vers le Dieu souverainement parfait, que sa conscience craignoit de rencontrer, et qu'à peine son esprit pouvoit atteindre dans les redoutables profondeurs de sa puissance et de sa gloire. Il chercha donc des êtres plus rapprochés de sa nature, et en même temps moins éloignés de la nature divine, afin qu'ils fussent comme les médiateurs entre l'Eternel et sa créature tombée (1); et cette idée put paroître d'autant plus naturelle, qu'elle sembloit se rapprocher de l'antique tradition, qui annonçoit le véritable médiateur. « Sentant, dit le docte Prideaux, leur néant et » leur indignité, les hommes ne pouvoient » comprendre qu'ils pussent d'eux-mêmes avoir » accès près de l'Etre Suprême. Ils le trouvoient trop pur et trop élevé pour des hommes vils et

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(1) << Personne ne se livre à un culte étranger (ou idolâtrique), dans la pensée qu'il n'existe point d'autre divi» nité que celle qu'il scrt. Il ne vient non plus dans l'es» prit de personne qu'une statue de bois, de pierre ou » de métal, est le créateur même et le gouverneur du ciel » et de la terre; mais ceux qui rendent un culte à ces >> simulacres, les regardent comme l'image et le vête

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impurs, tels qu'ils se reconnoissoient. Ils en » conclurent qu'il falloit qu'il y eût un média>>teur, par l'intervention duquel ils pussent s'a» dresser à lui; mais, n'ayant point de claire révélation de la qualité du médiateur que Dieu > destinoit au monde, ils se choisirent eux» mêmes des médiateurs, par le moyen desquels ils pussent s'adresser au Dieu suprême; » et, comme ils croyoient, d'un côté, que le so» leil, la lune et les étoiles étoient la demeure » d'autant d'intelligences qui animoient ces corps »` célestes, et en régloient les mouvemens; de >> l'autre, que ces intelligences étoient des êtres mitoyens entre le Dieu suprême et les hommes, » ils crurent aussi qu'il n'y en avoit point de plus propres à servir de médiateurs entre > Dieu et eux (1). »

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Telle fut l'origine du sabéisme. Les intelligences célestes qui présidoient aux astres (2), honorées d'abord simplement comme les minis

» ment de quelque être intermédiaire entre eux et Dieu.» Maimonide, More Nevoch, part. I, cap. 36.

(1) Hist. des Juifs, tom I, p. 5y3.

(2) Earum autem perennes cursus, atque perpetui, cum admirabili, incredibilique constantia, declarant in his vim, et mentem esse divinam : ut, hæc ipsa qui non sentiat deorum vim habere, is nihil omninò sensurus esse

tres de Dieu (1), devinrent ensuite l'objet d'un culte direct et idolâtrique. Ce culte peu à peu s'étendit à tous les esprits chargés de veiller, soit aux élémens, soit aux destins des nations (2) et même de chaque homme (3), soit aux animaux

videatur. (Cicer. De nat. deor, lib. II, cap. XXI.) « Tous les hommes, dit Platon, voient le corps du » soleil, personne ne voit son âme, non plus que celle » d'aucun être animé, soit vivant, soit mort les sens » corporels ne sauroient percevoir ce genre de sub»stances qui ne peuvent être conçues que par l'esprit. » Ηλίου πᾶς ἄνθρωπος σῶμα μὲν ὁρᾶ, ψυχὴν δὲ οὐδείς, κ. τ. λ. De legib., liv, X, tom. IX. Oper., p. 94 et 95. Ed. Bipont. C'est un fait indubitable, dit M. Fourmont, que la plupart des anciens philosophes, soit chaldéens, soit grecs, nous ont donné les astres comme animés, et ont soutenu que les astres qui nous éclairent n'étoient que, ou les chars, ou même les navires des intelligences qui les conduisoient. Mém. de l'Acad. des Inscript., tom. XVIII, p. 31. Voyez aussi, tom. LVI de la même collection, un Mémoire très-curieux de l'abbé Mignot, où il montre que le culte des anges et des âmes des morts est partout le fonds de l'idolâtrie.

(1) Mém. de l'acad. des Inscrip., tom. LXXI, p. 87. (2) Il est parlé dans Eschyle du Dieu des Perses, ou de la divinité particulière qui les protégeoit. Isprav Zovsiyevñ Geóv. In Pers., scen. V. Eschyl., tom. I, pag. 200. Ed. Schütz.

(3) Cet esprit, qui nous conduit et nous guide, tò żyɛuovizi, ce démon domestique, daivóva vozó, comme l'appelle

et aux productions inanimées de la nature. Le désir des biens et la crainte des maux, portèrent les hommes à adorer et à invoquer les êtres qui en étoient les dispensateurs immédiats (1). Oubliant le souverain maître, et ne considérant que les exécuteurs de ses ordres, ils se prosternèrent devant eux comme devant la divinité elle-même, et par tous les moyens qu'une imagination déré

Platon (in Tim), est, par sa nature entre Dieu et l'homme. (Id. in symp.) —— Ménandre attribue de même à chaque homme un génie qui lui est donné au moment de sa ́naissance pour le conduire. Απαντι ὁ δαίμων ἀνδρὶ συμπαρίσταται εὐθὺς γινομένω, μυσταγωγὸς τοῦ βίου. Μenand. ap. Stob. Εcl. Phys. I, 9. Tout homme, riche ou pauvre, bon ou méchant, a un démon, dit Théognide.

Οὐδεὶς ἀνθρώπων ὄντ ̓ ὄλβιος, οὔτε πενιχρός,

Οὔτε κακὸς, νόσφιν δαίμονος, οὔτ ̓ ἀγαθὸς.

Theog. sentent., v. 167 et 168. Gnomici poetæ græci, p. 8. Ed. Brunck. Voyez aussi Plutarch. de tranq. anim. Epict.. Arrian., Dissert. I, 14, et le Tableau de Cebès sub init. οὗτος Δαίμων καλεῖται, κ. τ. λ. Horare parle des dieux gardiens de Numida, custodes Numidæ deos. Carmin., lib. I, od. 36.

(1) L'expérience fait voir que ces divinités subalternes, qui ne sont que les ministres du Dieu suprême, deviennent les objets de la dévotion de l'homme, parce qu'il les regarde comme les auteurs immédiats de sa félicité. Beausobre, Hist. de Manichée et du manichéisme, liv. IX, chap. IV, tom. II, p. 657.

glée leur suggéra, ils s'efforcèrent d'apaiser leur haine, de détourner leur vengeance, ou de s'assurer leur protection.

On ne peut pas douter que l'esprit du mal, Satan et ses anges, éternels ennemis du genre humain, et dont le genre humain tout entier atteste l'existence, n'aient employé leur pouvoir funeste pour le précipiter dans cet effroyable désordre (1). Excitant les passions d'une créature aveugle et corrompue, l'enivrant d'affreux désirs, ils se firent adorer des peuples, et l'ont vit tous les crimes, évoqués de l'abîme, traverser le cœur de l'homme,et aller s'asseoir sur d'infâmes autels(2).

(1) Per hanc ergo religionem (christianam) unam et veram potuit aperiri, deos gentium esse immundissimos dæmones, sub defunctorum animarum vel creaturarum specie mundanarum deos se putari cupientes, et quasi divinis honoribus eisdem scelestis ac turpibus rebus superba impuritate lætantes, atque ad verum Deum conversionem humanis animis invidentes. S. Aug. De civit. Dei, lib. VIII, cap. XXXIII.

ut sine (2) Quarum omnium rerum quia vis erat tanta, Deo regi non posset, ipsa res deorum nomen obtinuit. Quo ex genere, Cupidinis, et Voluptatis, et Libentinæ vitiosarum rerum Veneris vocabula consecrata sunt, neque naturalium... Sed tamen ea ipsa vitia naturam vehementius sæpè pulsant. Utilitatum igitur magnitudine constituti sunt ii dii, qui utilitates quasque gignebant. Atque his quidem nominibus, quæ paulò antè dicta sunt

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