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Ainsi, par un horrible progrès de la dépravation, le culte des esprits devint presque uniquement le culte de l'enfer et de ses princes (1).

Il existoit encore une autre espèce d'idolâtrie, non moins générale, celle des homme morts, et quelquefois même vivans à qui on décernoit volontairement, ou qui ordonnoient qu'on leur décernât les honneurs divins. Le culte des morts dut son origine à la piété envers les ancêtres (2),

à me, quæ vis sit, in quoque declaratur Deo. Cicer. De nat. Deor., lib. II, cap. XXIII.

(1) Omnes dii gentium dæmonia. Ps. XCV,5. — Quæ immolant gentes, dæmoniis immolant et non Deo. Ep. I, ad Corinth. X, 20. Volf. Manichæism. ante Manichæos, sect. II.

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(2) Plat. De Legib, lib. XI, tom. IX, pag. 150 et 151, Edit. Bipont. Sous Tahamurs, fils de Houshung, une maladie épidémique avoit si long-temps ravagé la Perse, selon le Zeenut-ul-Tuarikh, que les hommes, désolés de perdre la plupart de leurs parens et amis, désirèrent d'en conserver le souvenir au moyen de bustes ou de portraits qu'ils gardoient dans leurs maisons, y trouvant quelque consolation de leur chagrin. Ces images transmises à leur postérité, en obtinrent encore plus de vénération; et, avec le temps, ces monumens de tendresse et de bienveillance, devinrent des objets d'adoration. Hist. de Perse, par sir John Malcolm, tom. I, pag. 22. Voyez aussi la Relation du P. Rubruquis, dans Harry's Travels, vol. 1, pag. 570.

et à la reconnoissance envers les rois et les bienfaiteurs des nations (1). Les hommages qu'on rendoit à leur mémoire, fondées sur le dogme universel de l'immortalité de l'âme, dégénéra promptement en superstition, et enfin en une véritable idolâtrie. L'orgueil, en menaçant, demanda des adorateurs (2); la crainte et le désir en amenèrent aux pieds de tous les vices (3).

Sous une multitude de formes diverses, l'idolâtrie se réduisoit donc au culte des esprits répandus dans tout l'univers, et au culte des hommes qu'on croyoit être élevés, après leur mort, à un degré de puissance et de perfection qui les rapprochoit des esprits célestes (4). Les

(1) Suscepit etiam vita hominum, consuetudoque communis, ut beneficiis excellentes viros in cœlum famâ ac voluntate tollerent. Hinc Hercules, hinc Castor et Pollux, hinc Esculapius, hinc Liber etiam. Cicer. De nat. Deor., lib. II, cap. 24.

(2) Sextus Empiricus, pag. 552.

(3) Quæ prima (Venus) artem meretriciam instituit, authorque mulieribus in Cypro fuit, uti vulgò corpore quæstum facerent. Quod idcircò imperavit, ne sola præter alias mulieres impudica et virorum appetens videretur. Ennii fragm. ab. Hyeron. Columna collect. ex Instit. Lactant., lib. I.

(4) Cicer. De Nat. Deor., lib. I, cap. XV. « On sa» voit, par l'ancienne tradition, qu'il existoit des esprits supérieurs à l'homme, ministres du grand Roi dans le

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preuves de ce que nous avançons ici sont partout; on en composeroit des volumes: contraints d'abréger, nous nous bornerons à jeter un coup d'œil rapide sur les diverses religions idolâtriques qui ont régné, ou qui règnent encore dans les différentes parties du monde.

Sanchoniaton, dans un fragment conservé par Philon de Biblos et cité par Eusèbe, marque clairement les deux genres d'idolâtrie dont nous venons de parler. « Les plus anciens des barbares, » les Phéniciens surtout et les Egyptiens, de qui les autres peuples ont emprunté leurs cou>>tumes, mirent au rang des principaux dieux, » les hommes qui avoient découvert les choses

» gouvernement du monde. Ce furent ces esprits dont on >> anima l'univers on en plaça partout, dans le ciel, dans » les astres, dans l'air, dans les montagnes, dans les eaux, » dans les forêts, et même dans les entrailles de la terre; » et l'on honora ces nouveaux dieux selon l'étendue et l'importance du domaine qu'on leur avoit attribué. Su>> bordonnés les uns aux autres, on leur faisoit recon>> noître pour supérieur un Génie du premier ordre, que » des nations plaçoient dans le soleil, et d'autres au-des>> sus de cet astre, selon que le caprice le leur dictoit.

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» Ce système conduisit insensiblement au culte des >> morts. Les héros, les bons princes, les inventeurs des > arts, les pères de famille distingués n'étoient pas regardés >> comme des hommes ordinaires. On s'imagina que des esprits bienfaisans s'étoient rendus visibles en se revê

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nécessaires à la vie, et à qui le genre humain » étoit redevable de quelque bienfait. Ainsi ils >> rendirent les honneurs divins à ceux qu'ils

croyoient avoir été pour eux les auteurs de. beaucoup de biens. Employant à cet usage » des temples construits auparavant, et consa> crant sous le nom de ces bienfaiteurs des hommes, des colonnes et des statues de bois, » les Phéniciens, attachés particulièrement à ce

>> tant d'un corps humain, ou bien que les grands hommes » s'étant élevés au-dessus du commun par une vertu plus » qu'humaine, leur âme avoit mérité d'être placée au » rang de ces génies divins qui gouvernoient l'univers. On >> les honora donc après leur mort, comme protecteurs de » ceux auxquels ils avoient fait tant de bien pendant leur » vie.

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» Mais comme les hommes aiment ce qui frappe les » sens et que les esprits des morts ne jugeoient pas à pro»pos de se communiquer souvent, ni à beaucoup de per» sonnes par des apparitions, on crut les forcer en quel» que sorte à se rendre présens à la multitude par le moyen » des statues qu'on leur érigea, et dans lesquelles on sup» posa que les génies venoient volontiers habiter pour y >> recevoir les respects qui leur étoient dûs. C'est ainsi que, » par degrés, on tomba dans les plus grands excès. L'ido>> lâtrie fut diversifiée selon le caractère particulier de

chaque peuple, selon sa situation, ses aventures, son » commerce avec d'autres nations. On conçoit aisément » que les circonstances ont dû répandre une variété infinie

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culte, leur dédièrent encore des jours de fêtes » très-célèbres. Ce qu'il y eut de plus remarquable, c'est qu'ils imposèrent les noms de >> leurs rois aux élémens de cet univers, et à

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plusieurs des êtres auxquels ils attribuoient la » Divinité. Quant aux dieux naturels, ils ne re» connoissoient que le soleil, la lune, et les autres » astres dont le cours est réglé, les élémens et les » choses qui ont avec eux quelque affinité (1).

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» sur les objets et la forme du culte public. » Traité historique de la relig. des Perses, par M. l'abbé Foucher. Mém. de l'acad. des Inscript., tom. XLII, p. 177-179.

(1) Barbarorum antiquissimos, Phoenices in primis et Ægyptios, à quibus cæteri deinceps populi morem illum accepere, in maximorum deorum loco eos omnes habuisse, qui res ad vitam agendam necessarias invenissent, quique beneficium aliquod in genus humanum contulissent. Eos nimirùm, quod sibi plurimorum auctores bonorum esse persuaderent, divinis honoribus colere; ac templorum usu, qui jam antè constructa fuerant, hoc ad munus officiumque traducto, columnas insuper statuasque ligneas ipsorum nomine consecrarunt, eaque præcipuo religionis cultu prosequuti Phoenices, festos illis quoque dies longè celeberrimos dedicarunt. In quo quidem eximium illud fuit, quod regum suorum nomina universi hujus elementis, ac quibusdam eorum quibus divinitatem ipsi tribuebant, imponerent. Naturales porrò deos, solem, lunam, reliquasque stellas inerrantes, cum elementis ac cæteris cum iisdem affinitate conjunctis, solos ex

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