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d'un infame? Ils regrettent de n'avoir plus ni soufre ni laurier pour se purifier (40). Malheureux! c'est là qu'il nous faudra descendre. Qu'importe d'avoir porté nos armes par delà l'Hibernie, d'avoir récemment soumis à notre empire (41) les Orcades et la Bretagne, où les nuits sont si courtes? les vaincus n'ont point encore à rougir des turpitudes qui souillent les vainqueurs, à moins qu'on ne m'oppose l'Arménien Zalatès, qui, plus efféminé que nos enfants, se livra, dit-on, aux fureurs d'un tribun. O pouvoir des commerces imprudents! cet adolescent était venu ici en qualité d'otage. Voilà comme on devient homme en cette ville (42); si les jeunes étrangers y séjournent trop longtemps, le corrupteur ne tarde point à s'en emparer: renonçant à leurs exercices, à leurs chevaux, à leurs armes, ils ne rapportent enfin, dans Artaxate (43), que la dépravation de nos patriciens.

Tot bellorum animæ, quoties hinc talis ad illos
Umbra venit? cuperent lustrari, si qua darentur
Sulphura cum tædis, et si foret humida laurus.
Illuc, heu! miseri traducímur. Arma quidem ultra
160 Littora Jubernæ promovimus, et modo captas
Orcadas, ac minima contentos nocte Britannos.
Sed quæ nunc populi fiunt victoris in urbe,
Non faciunt illi quos vicimus: et tamen unus
Armenius Zalates cunctis narratur ephebis
165 Mollior ardenti sese indulsisse tribuno.

Adspice quid faciant commercia? venerat obses.
Hic fiunt homines: nam si mora longior urbem
Indulsit pueris, non unquam deerit amator;
Mittentur braccæ, cultelli, frena, flagellum:
170 Sic prætextatos referunt Artaxata mores.

NOTES SUR LA SATIRE II.

(1) Argument. L'auteur démasque dans cette satire les prétendus philosophes qui censuraient rigoureusement les mœurs, tandis qu'ils étaient eux-mêmes souillés des vices les plus odieux. Il introduit Laronia, qui fait une vive ароstrophe à ces hypocrites; ensuite il passe à la mollesse des juges, à la turpitude des prêtres, à l'infamie des nobles, et finit par une tirade religieuse.

(2) Qui affichent l'austérité des Curius. [vers 3.] Curius Dentatus, l'un des plus dignes personnages de la république, fut trois fois consul; il vainquit les Samnites, les Sabins et les Lucaniens. Il distribua quatre arpents de terre à chaque citoyen, et n'en retint pas davantage pour lui, disant « que celui-là ne méritait pas le nom de Romain, à qui cette quantité ne pouvait suffire. » Un jour, des ambassadeurs des Samnites lui rendirent visite; ils le trouvèrent qui faisait cuire des raves dans un pot de terre; ils lui offrirent des vases d'or pour l'engager à prendre leurs intérêts: «J'aime mieux, leur répondit-il, commander à ceux qui sont riches, que de l'être moi-même. »

(3) Et vivent en bacchantes. [v. 3.] Les fètes obscènes appelés Bacchanales, parcequ'on les célébrait en l'honneur de Bacchus, tiraient leur origine d'Égypte. Elles furent introduites en Grèce par Mélampus, devin et médecin, qui vivait du temps de Prætus, roi d'Argos, avant la guerre de Troie. Longtemps après, un aventurier grec, Græcus igno

bilis, sacrificulus et vates, en infecta la Toscane, où le nombre des initiés s'accrut insensiblement, et où cet infame culte devint plus abominable de jour en jour. La contagion se glissa dans Rome, d'où elle se répandit dans le reste de l'Italie, à l'aide des imposteurs qui avaient également conjuré et la perte des mœurs et celle de l'état; car il n'est rien, dit Tite-Live, de pire que la superstition quand elle médite le crime sous le manteau de la religion. Le consul Spurius Posthumius, l'an de Rome 566, fut instruit de cette trame. Le nombre des complices des deux sexes montait à plus de sept mille. Plusieurs prévinrent le supplice par une mort volontaire. Après avoir exterminé cette secte monstrueuse, le sénat supprima les fêtes que l'on avait coutume de célébrer en l'honneur de Bacchus. (Tite-Live, liv. xxxix, chap. 8.) Ensuite on les rétablit. Quoique très licencieuses dans les temps postérieurs, c'est surtout aux premières qu'il faut rapporter ces mots, et Bacchanalia vivunt, parceque ces fêtes, par un prodige inouï, fournirent presque subitement les exemples de tous les crimes jusqu'alors inconnus, et si communs du temps de Juvénal.

(4) Que le front de l'homme est trompeur ! etc. [v. 8.] Martial, liv. I, épigr. xxiv, a dit aussi :

Qui loquitur Curios, assertoresque Camillos,

Nolito fronti credere; nupsit heri.

Je ferai voir qu'il y a beaucoup de rapport entre Juvénal et Martial quant aux expressions et aux pensées, mais nullement quant à l'intention. Martial était un bas flatteur, et souvent un fort mauvais plaisant, quoique en général il écrivît avec une singulière élégance.

(5) Toi, le plus infame cloaque de la bande socratique. [v. 10.] C'est-à-dire le plus corrompu de tous ces faux sages qui se disent sectateurs de Socrate; car il faut bien se garder de soupçonner un ami de la vertu, aussi constant que Juvénal, d'avoir fait allusion aux bruits honteux que la calomnie sema contre les mœurs de cet homme juste et intègre. Aristo

phane lui-même, ce vil instrument des ennemis de ce grand philosophe, n'osa l'attaquer à cet égard.

Paul Léopard (Emend. lib. xIII, cap. 10) substitue sotadicos à socraticos, par allusion à Sotade, poëte de Mantinée, qui, le premier, composa un ouvrage intitulé Cinædica. Voyez Suidas.

Cloaque le plus infame, etc. Notissima fossa, etc. Quintilien, contemporain de Juvénal, blâmait ces sortes de métaphores. Cicéron, dit-il, nous recommande de prendre garde qu'elles ne soient indécentes; comme si l'on disait que la république a été châtrée par la mort de Scipion, castratam morte Africani rempublicam; ou si l'on appelait Glaucia l'excrément du sénat, stercus curiæ Glauciam. (Quintil., lib. VIII, cap. 6.)

(6) Le médecin rit en coupant les fruits secrets de ta débauche. [v. 12.] Soit à Rome, soit dans Athènes, les médecins pratiquaient en même temps la médecine, la pharmacie et la chirurgie, c'est-à-dire qu'ils composaient les remèdes, et faisaient toutes les opérations chirurgicales.

(7) Tonnant comme Hercule contre la volupté, etc. [v. 19.] II y a dans le texte, qui talia verbis Herculis invadunt, etc., c'est-à-dire qui reprennent de semblables turpitudes sur le ton d'Hercule, lorsqu'il repoussa la volupté pour suivre la vertu; Incusata gravissimis verbis voluptate, virtutem secutus est. (Cic., de Offic., lib. 1.)

(8) Si les trois disciples de Sylla s'élèvent contre les proscriptions. [v. 28.] Il s'agit ici des fameux triumvirs Octave, Antoine et Lépide.

(9) Comme cet empereur, etc. [v. 29.] Domitien, qui ne cessait de faire de beaux règlements en faveur de la religion, des mœurs, des sciences, et n'en était pas moins le plus vil et le plus dangereux scélérat de son empire.

Tragico concubitu signifie que l'inceste était du ressort de la tragédie, comme on le voit dans OEdipe et dans Phèdre. (10) Loi Julia, où es-tu? [v. 37.] On a donné ce nom à

plusieurs lois différentes, dont la plupart ont été faites par Jules César; d'autres disent par Auguste. La loi Julia, de adulteriis, prescrivait des peines contre ceux qui seraient convaincus d'adultère.

;. (11) Il faut commencer par la loi Scantinia. [v. 43.] On l'attribue à C. Scantinius, tribun du peuple : quelques uns prétendent qu'il en fut seulement la victime, et que cette loi prit son nom. Elle fut publiée contre ceux qui se prostituaient publiquement, et qui débauchaient les autres. La peine de ce crime était d'abord pécuniaire : les empereurs chrétiens prononcèrent ensuite la peine de mort.

(12) Peu d'entre nous s'exercent à la lutte. [v. 55.] Juvénal ne fait point dire à Laronia: On n'en voit aucune parmi nous, parcequ'il se contredirait, ayant parlé, satire 1, de Mævia, qui, le sein découvert, attaque un sanglier; et disant, sat. vi, que les femmes s'exerçaient à différents genres d'escrime. La lutte était un des cinq combats gymniques, du mot grec qui signifie nu.

(15) Se nourrissent du pain des athlètes. [v. 53.] Ce pain était fait de manière à donner de la vigueur aux athlètes: c'est pourquoi Martial engageait l'un d'eux à manger ce que Juvénal appelle coliphia. On conjecture, d'après ces deux vers du même auteur, que ce pain avait la forme d'un membre viril:

Si vis esse satur, nostrum potes esse priapum;
Ipse licet rodas inguina, purus eris.

(14) Dignes émules de ces misérables concubines, etc. [v. 57.] Il y avait à Rome deux sortes de concubinage; l'un nommé justæ nuptiæ et legitima; c'était la liaison que l'on avait avec des concubines romaines de naissance, qui n'étaient ni sœurs, ni mères, ni filles de celui avec qui elles habitaient, et qui n'étaient point de condition servile. L'autre espèce de concubinage, appelé injustæ nuptiæ et illegitimæ, s'entendait de ceux qui habitaient avec des concubines inces

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