qu'il choisit dans les familles les plus distinguées. Ensuite on en ajouta d'autres. Ce sacerdoce fut établi à l'imitation des curètes ou prètres de Jupiter. La promenade religieuse des saliens se faisait au mois de mars, et durait quatorze jours, c'est-à-dire autant qu'il y avait de quartiers dans Rome; car ils n'en visitaient qu'un par jour. Dans chaque quartier ils avaient un hospice, où le public les traitait avec tant de magnificence, que les repas des saliens étaient passés en proverbe. Pour entrer dans leur collége, il fallut toujours être réputé de famille patricienne : on y était reçu fort jeune, puisque Marc-Aurèle y fut admis à l'âge de huit ans. (100) Elle les réchauffe dans son sein, etc. [v. 606.] Toutes les éditions portent Hos fovet omnes. Markland, avec sa sagacité ordinaire, a senti combien omnes était ridicule, et a mis ulnis, après avoir démontré d'où provenait l'erreur. (101) Si la fureur ne te saisit pas comme cet oncle de Néron, etc. [v. 615.] Caligula, quatrième empereur romain, dont la sœur, Agrippine, fut mère de Néron. (102) Le champignon d'Agrippine fut moins pernicieux, etc. [v. 619.] Voyez satire v, note 25. Juvénal ajoute que ce champignon ne fit qu'avancer la mort ou l'apothéose, etc. Gallion, frère de Sénèque, apprenant l'apothéose de Claude, dit qu'il avait été tiré au ciel avec un croc pareil à ceux dont on usait pour trainer les criminels qui devaient ètre précipités dans le Tibre. (Dion, page 688.) Tout le monde a remarqué l'énergie satirique de ce fameux descendere in cœlum, descendu dans le ciel. Juvénal se moque encore plus de l'apothéose que du dieu. Ce passage n'a pas encore été traduit. (105) Mais Pontia s'écrie: Je l'ai fait. [v. 658.] Cette Pontia était fille de Drymion. Son action a été transmise à la postérité, si l'on en croit l'inscription qui se trouve dans la collection de Ge. Fabricius Antt., page 234. (104) A l'exemple de ce roi de Pont, vaincu dans trois batailles. [v. 661.] Mithridate fut vaincu la première fois par Sylla, la seconde par Lucullus, et la troisième par le grand Pompée. On lit dans le vers précédent, tantôt prægustabit, tantôt prægustavit: Markland a prouvé qu'il fallait prægustarit. Epist. ad Franc. Hare, page 139. SATIRE SEPTIÈME. MISÈRE DES GENS DE LETTRES (1). Les lettres n'ont plus que César qui les soutienne et les anime (2); lui seul, dans ce siècle ingrat, a rassuré les Muses éperdues, lorsque déja nos poëtes les plus célèbres voulaient se mettre dans Gabies aux gages d'un baigneur, à ceux d'un boulanger de Rome, et que le reste ne trouvait rien de honteux ni d'abject à se faire crieur, puisque Clio (3) elle-même, chassée par la faim des vallons de l'Aganippide, mendiait à la porte des grands; car enfin, si à l'ombre des lauriers tu n'as pas un sou (4), fais plutôt le métier de Machéra mets comme lui, à la folle enchère, vases, VII. LITTERATORUM EGESTAS. Et spes et ratio studiorum in Cæsare tantum : trépieds, tablettes, l'Alcithoé de Paccius (5), la Thèbes et le Térée de Faustus (6); tu feras mieux que d'aller dire devant un juge : J'ai vu, quand tu n'as rien vu. Cela est bon pour ces chevaliers de Cappadoce et de Bithynie, que la Galatie envoie nu-pieds en cette ville. Que dis-je? on ne verra plus désormais ces mortels inspirés (7), ces créateurs de l'harmonie du langage, contraints de se livrer à des travaux indignes de leurs nobles élans. Courage, jeunesse studieuse! le chef vous regarde, vous excite; sa munificence n'attend qu'un prétexte pour vous récompenser. Pour toi, Télésinus, si tu comptes sur un autre secours, et qu'un tel espoir te fasse enfanter des volumes (8), cours allumer un fagot, sacrifie tes écrits à l'époux de Vénus, ou renferme-les dans ton coffre à la merci des vers. Brise tes plumes, efface ces combats, tristes fruits de tes veilles, toi qui, dans un misérable réduit, vises au sublime pour obtenir un lierre stérile ou de Alcithoen Pacci, Thebas et Terea Fausti. Hoc satius, quam si dicas sub judice, Vidi, 15 Quanquam, et Cappadoces faciant equitesque Bithyni, Nemo tamen studiis indignum ferre laborem maigres statues (9). N'attends rien de plus : le riche avare, tel qu'un enfant à l'aspect de l'oiseau de Junon, ne sait que s'extasier en écoutant nos vers. Cependant l'âge arrive; on ne peut plus manier la rame, l'épée ou le hoyau; dès lors le dégoût se glisse dans notre ame: vieillards éloquents et indigents, nous détestons et la vie et le sacré vallon. Sache comment s'y prend, pour ne te rien donner, le patron pour qui tu désertes le temple d'Apollon et des Muses. Il fait aussi des vers (40), et ce n'est qu'en vertu de dix siècles qu'il le cède au seul Homère. Si l'amour des suffrages te porte à réciter tes œuvres, Maculonus te prètera sa maison (14), où l'on n'aperçoit que du fer, et dont les portes ressemblent aux barrières d'une citadelle (12). Il ira jusqu'à distribuer, vers les confins de l'auditoire, ses clients et ses affranchis pour t'applaudir. Mais aucun de ces riches ne paiera le louage des banquettes de la salle, du pourtour et de l'orchestre (13), qu'il faudra rem 30 Spes nulla ulterior: didicit jam dives avarus Tantum admirari, tantum laudare disertos, Ut pueri Junonis avem. Sed defluit ætas Et pelagi patiens, et cassidis atque ligonis : Accipe nunc artes, ne quid tibi conferat iste |