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(43) D'Antigone ou de Mélanippe. [v. 229.] Antigone, pièce de Sophocle; Mélanippe la sage, pièce d'Euripide, dont il ne nous reste plus que soixante et dix-huit vers. Cette Mélanippe était fille de Desmontès ou d'Éole, comme on le voit dans plusieurs poëtes. Ayant eu deux enfants de Neptune, elle les exposa dans les étables à bœufs de son père Éole. Celui-ci, les croyant nés d'une vache, voulut les brùler; mais sa fille lui persuada, avec beaucoup d'habileté, que les naissances monstrueuses étaient impossibles, et qu'il était plus naturel de croire que les deux enfants venaient de quelque jeune fille qui s'était laissé corrompre.

Tatien (Orat. ad Græcos, page 117) rapporte que Lysistrate, frère de Lysippe, avait fait la statue de Mélanippe et non pas de Ménalippe, comme le portent toutes les éditions de Juvénal. Je n'ai pas corrigé le texte d'après cette seule autorité; on trouve Mélanippe dans les auteurs suivants : 4o Denys d'Halicarnasse, in Arte rhetorica, pag. 85 et 105; 2o Hygin, Fabula, 186, page 308; Clément d'Alexandrie, in Protreptico, pag. 27; 4o Théophile, ad Autholicum, lib. II, page 552.

(46) Et suspends ta harpe au colosse d'Auguste. [v. 230.j Comme Juvenal ne nomme point celui que représentait le colosse auquel il invite satiriquement Néron de suspendre sa harpe, ainsi que les couronnes qu'il avait remportées, quelques commentateurs ont cru que cela regardait la statue qu'il s'était dressée à lui-même, et qui avait, dit-on, plus de cent pieds de hauteur; mais Pline observe qu'elle était d'airain, et notre auteur dit que le colosse dont il s'agit était de marbre; d'ailleurs Suétone confirme le sens que j'ai suivi: Et orationis quidem carminisque latini coronam, de qua honestissimus quisque contenderat, ipsorum consensu concessam sibi recepit: citharam autem a judicibus ad se delatam adoravit, ferrique ad Augusti statuam jussit (In Nerone, §12). Quelques savants prétendent qu'il faut lire dans ce passage, citharæ, en sous-entendant coronam, parcequ'on envoyait, en

pareil cas, les couronnes et non l'instrument. Mais Burmann, d'après le vers de Juvénal, a retenu citharam.

(47) Projet digne de la robe soufrée! [v. 255.] On enduisait une robe de poix, de bitume, de cire, etc., et l'on y faisait brûler vifs les grands criminels. Ce supplice odieux avait lieu particulièrement contre les traîtres à la patrie et les incendiaires; mais les tyrans l'employèrent au gré de leurs caprices.

(48) Cet homme nouveau, cet obscur citoyen d'Arpinum. [v. 237.] Cicéron était d'Arpinum, maintenant Arpino, au royaume de Naples, dans la terre de Labour. Les Romains appelaient homme nouveau celui dont les pères n'avaient eu aucune illustration, et qui s'était élevé aux dignités par son mérite personnel.

(49) En temps de paix, etc. [v. 240.] Toga était l'habit de paix, et sagum celui de guerre; c'est pourquoi Cicéron a dit ad saga ire. Pline (liv. VII, chap. 30) a parlé de Cicéron comme Juvénal: Salve, primus omnium parens patriæ appellate; primus in toga triumphum linguæque lauream

merite!

(50) Libre par Cicéron, etc. [v. 242.] Cicéron a célébré lui-même dans ses Offices (liv. II, chap. 77) cette glorieuse époque où il sauva la république. «Jamais, dit-il, péril plus « grand ni sécurité plus profonde; et j'en conclus que nul « fait d'armes, nul triomphe n'égale ma victoire: Quæ res « igitur gesta unquam in bello tanta, qui triumphus confe« rendus ? »>

(51) Elle l'appela sauveur et père de la patrie. [v. 244.] Selon Pline (liv. VII, chap. 50), Cicéron fut le premier des Romains qui reçut cet honneur: cependant Tite-Live prétend qu'on l'avait déja décerné à Camille; mais celui-ci ne l'avait obtenu le jour de son triomphe que par l'acclamation des soldats, au lieu que Cicéron fut nommé père de la patrie par un décret du sénat.

(52) C'est pourquoi son noble collègue, etc. [v. 255.] Le

collègue de Marius, dans cette mémorable expédition, s'appelait Q. Lutatius Catulus. Pline, liv. XVII, chap. 1.

(55) Contre nos légions, nos auxiliaires, contre tous les Latins. [v. 256.] Festus a très bien distingué la différence qu'il y avait entre les auxiliaires et les alliés. Pubes latina exprime ici les habitants d'Italie qui étaient les vrais alliés du peuple romain: auxilium ne se disait que des étrangers.

(54) Le dernier de nos bons rois, né d'une esclave, mérita · la trabée, le diadème, etc. [v. 259.] Les auteurs anciens ne s'accordent point sur l'extraction de Servilius Tullius, sixième roi de Rome: le plus grand nombre cependant lui donne une esclave pour mère, ou du moins affirme, comme Horace (satire VII), que, dénué d'aïeux, il s'était créé lui

même:

Ante potestatem Tulli et ignobile regnum, etc.

Voyez à cet égard Sénèque le père (Controversia vi), Sénèque le fils (Epist. cv). Aurelius Victor (de Viris illustribus) le dit positivement fils de la captive Ocrisia. Il est appelé ici le dernier des bons rois de Rome, parcequ'indépendamment de son mérite personnel, Tarquin le Superbe lui succéda.

Observons que Juvénal, si passionné pour la république, et dans quel temps, dans quel siècle! ne manque pas une seule occasion de célébrer la vertu, dans quelque gouvernement qu'il la trouve; et c'est là, peut-être, la plus grande preuve de la moralité de son caractère. J'avoue néanmoins qu'entraîné quelquefois par l'orgueil exclusif de ses contemporains, il ne rend pas toujours justice aux ennemis de son pays: Ignoscenda quidem.

Quant à la trabée qu'avait méritée Servilius Tullius, Pline (liv. VIII, chap. 48) dit que les premiers rois de Rome en furent décorés. Ovide appelle Romulus Quirinus trabeatus. La trabée était une robe de pourpre à bandes, ainsi nommée, quod purpura trabibus intertexatur. Il y en eut de plusieurs sortes pour les consuls, pour les augures, et même elle de

vint commune aux diverses magistratures. Tacite l'attribue aux chevaliers; c'est pourquoi Stace les appelle trabeata agmina.

(55) Cette vierge franchissant à la nage le Tibre. [v. 264.] Ennius disait à ses jeunes contemporains, en parlant de cette illustre Romaine: « Clélie est un héros, mais vous n'êtes que des femmes: Vos etenim juvenes, animum geritis muliebrem; illa virago viri. » Cicer., de Offic., lib. I, cap. 61.

(56) Un esclave digne d'être pleuré par les dames romaines, etc. [v. 267.] Celles-ci, selon Tite-Live, portèrent pendant un an le deuil de Brutus, qui les avait vengées de l'insulte faite à leur sexe dans la personne de Lucrèce. Juvénal dit ici que cet esclave méritait, après sa mort, d'exciter les mêmes regrets, comme ayant été le vrai libérateur de la patrie.

(57) La première hache employée par nos lois. [v. 268.] On s'était déja servi de la hache sous les rois de Rome, mais arbitrairement or Juvénal paraît ne reconnaître comme châtiments légitimes que ceux qui furent infligés depuis l'établissement du consulat. Je n'aime pas l'interprétation de ceux qui rapportent prima à legum, et croient que l'auteur a voulu dire « la hache, qui est la première et la plus efficace des lois. >>

(58) Te voir fils de Thersite avec la valeur d'Hercule, etc. [v. 269.] Thersite, làche et difforme personnage, dont il est fait mention dans l'Iliade, liv. II.

(59) Noble qui que tu sois, quand tu remonterais jusqu'à la fondation de Rome, tu n'en sors pas moins d'un asile infame. [v. 272.] « Dès que la ville eut commencé à prendre sa première forme, ils ouvrirent un refuge à tous venants, el l'appelèrent le temple du dieu Asile. Tout le monde y était bien reçu: on ne rendait ni l'esclave à son maître, ni le débiteur à son créancier, ni le meurtrier à son juge, et l'on soutenait qu'Apollon lui-même avait autorisé ce lieu de franchise. >> Plutarque, Vie de Romulus.

SATIRE NEUVIÈME.

LES INFAMES ET LES MIGNONS (1).

Je voudrais bien savoir, Névolus, pourquoi je te rencontre si souvent l'air aussi triste et consterné que Marsyas vaincu. Que signifie ce visage non moins troublé que celui de Ravola surpris, la barbe humide, épuisant avec Rhodope les plus sales voluptés? Et nous donnons un soufflet à l'esclave qui lèche des frian— dises (2) Pollion, rôdant pour emprunter à triple usure, sans trouver une dupe, n'était pas plus délabré que toi. D'où te viennent tant de rides soudaines? Content de peu, et le plus facétieux, le plus mordant des chevaliers de ta sorte (3), tu égayais nos soupers

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Scire velim quare toties mihi, Nævole, tristis
Occurras, fronte obducta, ceu Marsya victus.
Quid tibi cum vultu qualem deprensus habebat
Ravola, dum Rhodopes uda terit inguina barba?
5 Nos colaphum incutimus lambenti crustula servo.
Non erat hac facie miserabilior Crepereius
Pollio, qui triplicem usuram præstere paratus
Circuit, et fatuos non invenit. Und e repente
Tot ruga? Certe modico contentus agebas
10 Vernam equitem, conviva joco mordente facetus,

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