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Ce n'est qu'après s'être échauffé dans l'entretien de ces grands hommes, qu'il faut me lire. Je ne veux pour lecteurs, ni du bouffon grossier qui aime à plaisanter sur la chaussure des Grecs (40); ni de l'hommequi peut appeler un borgne, borgne, et qui se croit un personnage parceque, édile (41) dans une bourgade d'Italie, à Arezzo, il aura fait briser, en se renversant d'un air d'importance, quelques mesures fausses; ni du fin railleur qui rit des calculs (42) et des figures (43) tracées sur le sable, tout prêt à s'extasier si une courtisane effrontée (44) arrache la barbe à un philosophe cynique. A de tels gens (45), je laisse les audiences du préteur avant midi, et plus tard Callirhoé.

Inde vaporata lector mihi ferveat aure:

Non hic, qui in crepidas Graiorum ludere gestit
Sordidus, et lusco qui possit dicere, lusce,
Sese aliquem credens, italo quod honore supinus

130 Fregerit heminas Areti ædilis iniquas:

Nec qui abaco numeros, et secto in pulvere metas
Scit risisse vafer, multum gaudere paratus,

Si cynico barbam petulans nonaria vellat.

His mane edictum, post prandia Callirhoen do.

NOTES SUR LA SATIRE I.

(1) L'ami de Perse est un Romain entiché du mauvais goût de son siècle, dont il fait l'apologie contre notre satirique.

Perse attaque, dans cette satire, les mauvais écrivains; la manie d'écrire était poussée, sous Néron, à un excès intolérable. Le prince lui-même ambitionnait encore l'empire de la poésie; et les grands de sa cour, par conséquent, faisaient des vers, soit pour flatter ses gouts, soit pour lui ménager exprès l'honneur d'un triomphe sur eux-mêmes.

Perse relève tous les faux systèmes dont la littérature était infectée de son temps; et il déploie, dans sa critique, autant de gaieté que de goût. Mais, parmi ces censures littéraires, il ne perd point de vue l'intérêt des mœurs : les poésies obscènes et leurs admirateurs sont également dévoués ici à l'infamie et au ridicule.

(2) O vains soucis des hommes, etc. [v. 1.]

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas!

(Salomon.)

(3) Parceque Polydamas et ses Troyennes, etc. [v. 4.] Comme Néron s'était ridiculement passionné pour la nation troyenne et pour la cour de Priam, les commentateurs veulent tous ici, non sans fondement, à ce qu'il paraît, que Fon entende Néron par Polydamas. * Le féminin Troyennes fait allusion aux mœurs de la cour de Néron.

(4) Me mettront au-dessous de Labéon. [vers 4.]

Actius Labéon, poëte insipide et plat, bien accueilli de Néron. Il avait traduit l'Iliade mot à mot, sans goût, sans ame, sans poésie. Il usait d'ellébore pour exalter son imagination. Voici un vers de ce Labéon :

Crudum manduces Priamum, Priamique pisinnos.

Mangez Priam tout crud, ainsi que ses enfants.

(5) Allez, quand cette ville tumultueuse déprime quelque chose, etc. v. 5.]

Elevet.

Si quid turbida Roma

Elevare signifie proprement élever, et métaphoriquement abaisser. La métaphore est prise d'une balance: le bassin qui s'élève est celui qui a le moins de poids.

(6) Ni entreprendre de redresser sa balance infidèle. [v. 6.]

Castiges trutina,

Examenve improbum in illa

Examen est la languette d'une balance, trutina est l'anse. Ainsi, mot à mot, castigare examen veut dire corriger la languette d'une balance, la redresser avec le doigt.

(7) A l'âge où nous sentons l'oncle. [v. 41.]

*Patruus, patrui, oncle paternel, d'où patruus, PATRUA, PATRUUM, rigide, sévère; expression métaphorique, comme l'on voit, qui vient de l'usage où l'on était à Rome de confier l'éducation des enfants à leurs oncles paternels, les pères étant, pour l'ordinaire, trop indulgents. Il y a dans le texte Cum sapimus patruos; littéralement : Quand nous sentons l'oncle. Nous devons nous justifier d'avoir compris

autrement que les autres traducteurs. Si sapere pouvait signifier affecter d'étre, certes aucun latiniste ne le soupçonnerait de pouvoir gouverner un accusatif. Ce mot veut dire avoir le goût, l'odeur, ou l'air de quelque chose, comme dans le vers 106 de cette même satire. C'est ainsi que l'on dit encore: Il sent l'homme de qualité (Acad., 1855). Quant aux jeux de l'enfance abandonnés, c'est une litote, comme quand nous disons d'une demoiselle très majeure, qu'elle ne joue plus à la poupée.

(8) Je suis prompt à rire. [v. 42.]

Sum... cachinno.

Ce dernier mot est substantif, au nominatif singulier; il signifie un rieur à outrance. On ne le trouve guère que dans Perse.

(9) Être obligé de dire: Assez, assez. [v. 23.]

Dicas... Ohe!

Nous trouvons encore ici une imitation d'Horace. On lit dans la cinquième satire du second livre :

Donec, Ohe jam,

Ad cœlum manibus sublatis, dixerit, urge.

« Poussez jusqu'à ce qu'il soit obligé de dire, en levant les mains au ciel : Assez, assez. »

(40) Mais il est beau d'être montré au doigt. [v. 28.] Parmi les Grecs et les Romains, l'action de montrer quelqu'un au doigt était prise en bonne part.

(11) N'est-ce rien, à ton avis, de voir ses vers dictés à une centaine de jeunes nobles? [v. 29.]

Ten' cirratorum centum dictata fuisse
Pro nihilo pendas...?

Horace dit de même :

An tua, demens,

Vilibus in ludis dictari carmina malis?

« Insensé, aimeriez-vous mieux voir dicter vos vers dans des écoles subalternes? >>

(12) Sur les Phyllis, les Hypsipyle. [v. 31.]

Phyllis, reine de Thrace, se pendit de désespoir, se croyant trahie par Démophoon, roi d'Athènes, qui lui avait promis de l'épouser.

Hypsipyle fut abandonnée par Jason.

(13) Sa langue délicate supprime la moitié des mots. [v. 35.]

La métaphore supplantare verba est empruntée des lutteurs. On sait ce que c'est que le croc-en-jambe. C'est à ce tour d'adresse que Perse compare l'affectation de certains lecteurs qui estropient exprès les mots, pour rendre leur prononciation plus douce.

(44) Des vers dignes d'être enfermés dans le cèdre.. [v. 42.]

Cedro digna locutus, mot à mot, digne du cèdre. Les Romains enfermaient dans le cèdre, ou enduisaient d'huile de cèdre, les ouvrages qui leur paraissaient mériter d'être conservés, parceque le cèdre est à l'épreuve de la pourriture.

Horace avait dit, dans l'Art poétique: CARMINA LINENDA CEDRO, un poème digne d'être enduit de l'huile ou de la gamme que l'on tire du cèdre, un poème digne de l'immortalité.

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