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(39) Pour se vanter d'avoir vu sur les confins de l'Océan des tritons et des monstres marins, etc. [v. 283.] Les navigateurs romains rapportaient bien des fables de leurs courses maritimes. Ceux qui échappèrent à la furieuse tempête que la flotte de Germanicus essuya sur les côtes de l'Océan germanique racontèrent des choses plus merveilleuses à proportion qu'ils revenaient de plus loin. Ils avaient, disaientils, éprouvé des ouragans terribles; ils avaient vu des oiseaux singuliers, des monstres marins, et des corps qui tenaient de l'homme et de la brute: Ut quis e loginquo revenerat, miracula narrabant, vim turbinum, et inauditas volucres, monstra maris, ambiguas hominum et belluarum formas. Tacite, Ann., liv. II, § 24.

(40) Réduit à promener en suppliant le tableau de ton naufrage. [v. 301.] Picta se tempestate tuetur ; mot à mot, «Il se met sous la protection du tableau de son naufrage. » Les naufragés portaient ce tableau suspendu à leur cou, pour exciter la compassion, et n'être pas obligés de répéter sans cesse là même chose. Ceux qui n'avaient pas le moyen de payer le peintre portaient un bâton entouré de baudelettes, mais qui ne les dispensait pas de raconter leurs infortunes, comme on le voit dans Martial (liv. XII, épig. LVII):

Nec fasciato naufragus loquax troneo.

(41) La maison de Licinus est entourée de réservoirs, etc. [v. 306.] Quelques uns écrivent hamis, et l'expliquent par « crampons. » De très bons critiques ont prouvé qu'il fallait mettre amis. Ama était une espèce de cuve dont on dirigeait l'eau, avec des syphons, sur les bâtiments incendiés. Voyez Saumaise sur l'Histoire Auguste, page 337, édition de Paris.

(42) Alexandre sentit, à l'aspect de la tonne qu'habitait ce grand homme, etc. [v. 309.] Il s'agit ici de Diogène de Sinope, de la secte des cyniques. « Les Grecs, dit M. de Paw,

nourrissaient volontiers ces sortes de philosophes, qui n'étaient pas des personnages aussi déplacés qu'on le croit dans un état républicain; et ils formaient peut-être un ressort secret du gouvernement d'Athènes. » Recherches philosophiques sur les Grecs, tome II, page 147.

(45) 0 Fortune! c'est nous qui t'avons déifiée. [v. 516.] Il paraît que Juvénal aimait beaucoup ce vers et le précédent, puisqu'il les a répétés.

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SATIRE QUINZIÈME.

LA SUPERSTITION (1).

Qui ne connaît, Volusius, les monstrueuses déités que révère l'Égyptien insensé? Les uns adorent le crocodile (2); les autres redoutent l'ibis engraissé de serpents (3). Un singe d'or à longue queue brille encore sur les débris de l'ancienne Thèbes (4), ensevelie maintenant sous les ruines de cent portes fameuses, où l'on entend les sons magiques de la statue tronquée de Memnon (5). Ici on adore un chat, là un poisson du Nil (6). Des cités entières rendent hommage à un chien; mais personne à Diane (7). Chez ce peuple, manger des poireaux et des oignons, c'est un

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Quis nescit, Volusi Bithynice, qualia demens
Ægyptus portenta colat? Crocodilon adorat
Pars hæc; illa pavet saturam serpentibus ibin.
Effigies sacri nitet aurea cercopitheci,

5 Dimidio magicæ resonant ubi Memnone chordæ,
Atque vetus Thebe centum jacet obruta portis.
Illic æluros, hic piscem fluminis illic
Oppida tota canem venerantur, nemo Dianam.
Porrum et cepe nefas violare et frangere morsu.

sacrilége. Sainte nation, qui voit ses dieux croître dans ses jardins! ils n'oseraient égorger le petit d'une chèvre, ni manger de l'animal qui porte une toison; mais ils mangent de la chair humaine. Quand Ulysse, assis à la table d'Alcinoüs, racontait à ce roi pâlissant de telles atrocités, on dut s'indigner, ou peut-être rire de ces fictions absurdes et cruelles. Personne ne jettera-t-il à la mer ce charlatan, ce menteur digne d'être plongé dans un gouffre plus réel que sa Charybde, après ce qu'il vient de débiter des Cyclopes et des Lestrygons? car je croirais plutôt ce qu'il a dit de Scylla, des roches cyanées qui s'entre-choquent (8), des outres pleines de tempêtes, ou d'Elpénor et de ses compagnons transformés en immondes pourceaux par la baguette de Circé. Pour qui nous prend-il done? Tel dut être le langage de quelque Phéacien avant d'avoir trop bu du vin de son pays; car le roi d'Ithaque était le seul garant des contes qu'il faisait.

10 O sanctas gentes, quibus hæc nascuntur in hortis
Numina! Lanatis animalibus abstinet omnis
Mensa nefas illic foetum jugulare capellæ ;
Carnibus humanis vesci licet. Attonito quum
Tale super cœnam facinus narraret Ulysses
15 Alcinoo, bilem aut risum fortasse quibusdam

Moverat, ut mendax aretalogus. In mare nemo
Hunc abicit, sæva dignum veraque Charybdi,
Fingentem immanes Læstrygonas atque Cyclopas?
Nam citius Scyllam, vel concurrentia saxa
20 Cyanes, plenos et tempestatibus utres

Crediderim, aut tenui percussum verbere Circes,
Et cum remigibus grunnisse Elpenora porcis.
Tam vacui capitis populum Phæaca putavit?
Sic aliquis merito nondum ebrius, et minimum qui
25 De corcyræa temetum duxerat urna :

Solus enim hoc Ithacus nullo sub teste canebat.

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