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Comme donc la véritable raison humaine, image de la raison divine, d'où elle émane, est une et universelle, ainsi le christianisme est un et universel, parce qu'il n'est dans ses dogmes, que cette raison même, ou l'ensemble des vérités nécessaires que Dieu nous a manifestées; et dans ses préceptes, que l'ensemble des devoirs qui découlent de ces vérités, ou la loi une et universelle, non-seulement de tous les hommes; mais encore, en ce qui en fait l'essence, de tous les êtres intelligents. Car il ne faut pas s'imaginer que la Religion ne s'étende qu'à l'homme; elle unit dans la même société, en les soumettant à des devoirs semblables, toutes les créatures pensantes; elle embrasse, dans son unitė, tous les ordres des esprits célestes, qui participent, mais plus abondamment, à la même raison que nous, vivent de la même foi, adorent le même Dieu, et lui rendent le même culte, par le même médiateur, Jésus-Christ1.

Quiconque rejette le christianisme, au degré où il le peut connoitre, rejette donc la loi et la raison universelle, et renonce par cela même à toute vérité, toute raison, toute loi; ce qui renferme une opposition absolue à Dieu, à sa volonté, qui est la loi, et à sa raison qui est la vérité par excellence.

Dieu, père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, renferme les éléments de toute pensée. Qui n'auroit pas l'idée de Dieu, n'auroit ni l'idée de l'être, ni celle de cause; et sans ces deux idées mères, il est impossible de concevoir l'intelligence. La Religion seule encore nous donne l'idée de pouvoir et de devoir, l'idée de loi, inséparablement liée à celle d'un suprême législateur. Ainsi, sous ce nouveau rapport, point de société sans religion, et par conséquent point de langage, point de pensée ; et la pensée, le langage, la société, la Religion, sont également nécessaires, également universels.

1 Et cùm iterùm introducit Primogenitum in orbem terræ, dicit: Et adorent eum angeli Dei. Ep. ad Hebræ、, 1, 6,

Et ce monstrueux désordre n'auroit aucune suite funeste! Et ce crime seroit impuni! Le croyez-vous? Avez-vous conçu cette stupide espérance? Insensés, vous connoissez donc un lieu où Dieu n'est pas? Partout ailleurs, partout où règne celui qui commande au néant même, sa justice vous saisira. Il l'a dit à tous les peuples, et tous les peuples le répètent :

1

« Malheur à vous qui abandonnez la loi du Seigneur 1! « Malheur à vous qui êtes sages à vos propres yeux”, et <«< qui n'avez que des pensées vaines! Malheur à vous, « déserteurs de la société dont Dieu est le roi'! Malheur « à celui qui est seul ! malheur à l'impie! »

Et du fond de sa ruine, éternellement l'impie s'écriera: Malheur à moi"!

Heureux, au contraire, ceux qui, dociles à la voix de la tradition, règlent sur ces enseignements leur foi, leurs mœurs, leur culte. Seuls raisonnables, parce que leurs croyances reposent sur le témoignage de la plus haute raison, ils reçoivent du genre humain les vérités qui sont le fondement de la religion universelle; et, quand ces vérités se développent, quand la loi se perfectionne, ainsi qu'il était prédit, quand les figures font place à la réalité, et qu'enfin s'accomplit l'espérance de toutes les nations, continuant de soumettre leur raison à l'autorité la plus

1 Væ vobis viri impii, qui dereliquistis legem Domini altissimi! Ecclesiast. XLI, 11.

Væ qui sapientes estis oculis vestris! Isa. v,

3 Væ qui cogitatis inutile! Mich, 11, 1.

21.

* Væ filii dissertores! dicit Dominus. Is. xxx, 1.

Va soli! Eccles. iv, 10.

Væ impio in malum! Ibid., 111, 11.

7 Væ misero mihi! quoniam addidit Dominus dolorem dolori meo: laboravi in gemitu meo, et requiem non inveni. Jerem., XLV, 31,

grande ou à là raison de Dieu même, qui se manifeste de !!ouveau, ils suivent, avec une joie mêlée d'admiration, le merveilleux mouvement qui élève tout à coup le monde au-dessus de l'abime où il descendoit, et le rapproche de son Créateur. Leur foi ne change point, elle s'agrandit; leur culte ne varie point, il se fixe pour l'éternité en atteignant sa perfection'. Ils attendoient celui qu'attendoit l'univers entier, celui qui devoit réconcilier toutes choses par lui et en lui-même, pacifiant par son sang répandu sur la croix, ce qui est sur la terre et dans le ciel 2. Ce Sauveur vient; leurs yeux contemplent l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, qu'Abraham a souhaité de voir, et qu'il n'a point vu, que les patriarches et les prophètes, que tous les justes ont salué de loin dans la foi des promesses. Une voix part d'en haut: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances; écoutez-le. Ils l'écoutent, et ne veulent plus à jamais écouter que lui. A qui irions-nous? vous avez les paroles de la vie éternelle. Nous croyons et nous savons que vous êtes le Christ fils du Dieu vivant 5.

1 Charles Bonnet voit dans le christianisme « la perfection ou le complément de la loi naturelle, la science des vrais sages... une re<<ligion dont l'universalité embrasse tous les siècles, tous les lieux, <«< toutes les nations. » Palingen. philosoph., part. XXI, c. vi. Œuvres compl., t. XVI, p. 434, 433.

2 Per cum reconciliare omnia in ipsum, pacificans per sanguiném crucis ejus, sive quæ in terris, sive quæ in cœlis sunt. Ep. ad Colossens., 1, 20.

Qui est imago Dei invisibilis, primogenitus omnis creaturæ. Ibid., 15.

4 Et ecce vox de nube dicens: Hic est Filius meus dilectus, in quo mihi benè complacui; ipsum audite. Matth., xv, 5.

5 Domine, ad quem ibimus? verba vitæ æternæ habes. Et nos credidimus et cognovimus, quia tu es Christus filius Dei vivi. Joan., vi, 69 el 70.

Et lui-même, que dit-il? Je suis la voie, la vérité, la vie1. Il est la voie, parce que nul ne peut aller au Père, ni le connoître que par lui; il est la vérité, puisqu'il est la raison, la Sagesse vivante engendrée par le Père, son Verbe consubstantiel; il est la vie; car la vie et la vérité ne sont qu'une même chose.

Ainsi toutes les créatures ont, au commencement, reçu de lui la vérité, la raison, la vie, qu'elles conservent par lui seul, comme par lui seul encore elles reçoivent, pourvu que leur volonté n'y mette aucun obstacle, la plénitude de la vie, de la raison et de la vérité. Voilà ce qu'il promet à ceux qui croiront: Je suis venu pour qu'ils aient la vie, et une plus grande abondance de vie* : non pas une autre vie, une autre vérité, une raison différente; mais la même raison plus étendue, la même vérité plus développée, la même vie plus parfaite: c'est l'enfant devenu homme, c'est l'homme uni davantage à Dieu. Un antique péché les séparoit; le sang de la victime pure l'efface, et le sacrifice universel accomplit l'universelle régénération. Vainqueur du serpent et de la mort, le Christ remonte aux cieux, pour y préparer une demeure à ses élus ; et, dans la Cité sainte, ce cri éternel retentit au pied du trône de l'Agneau immolė dès l'origine du monde: Bénédiction, gloire, actions de

Ego sum via, et veritas, et vita. Joan., xiv, 6.

2 Nemo venit enim ad patrem, nisi per me. Ibid.

In ipso condita sunt universa in cœlis et in terrâ, visibilia et invisibilia, sive Throni, sive Dominationes, sive Principatus; sive Potestales; omnia per ipsum et in ipso creata sunt; et ipse est ante omnes, et omnia in ipso constant. Ep. ad Colossens., 1, 16 et 17.

Ego veni ut vitam habeant, et abundantiùs habeant. Joan.,

XII, 50.

Quia vado parare vobis locum. Joan., xiv, 2.

6 Agnus qui occisus est ab origine mundi. Apocal., XIII, 8

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182 ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION. graces, honneur et puissance à notre Dieu, dans les siècles des siècles! Il est ainsi1.

Et clamabant voce magnâ dicentes: Salus Deo nostro, qui sedet super thronum, et Agno... Benedictio, et claritas, et sapientia, et gratiarum actio, honor, et virtus, et fortitudo Deo nostro in sæcula sæculorum. Amen. Apoc., vi, 10 et 12.

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