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justes, et, au jour qu'il a marqué, il rendra à chacun selon

ses œuvres1.

Auteur de l'univers ! non jamais votre souvenir ne se perdit parmi les mortels. Tous ont entendu la voix puissante qui, comme un souffle de vie2, traverse le temps pour animer les intelligences, en leur révélant votre être. Mais, éblouis de votre gloire, effrayés de votre grandeur, les hommes ont détaché de vous leurs regards. Ils se sont courbés pour ne pas voir celui qu'on ne peut voir sans mourir*. Tourmentés intérieurement d'un crime qui n'étoit pas expié, ils sentoient en eux-mêmes que quelque chose les séparoit de vous; et dans leur terreur et leur foiblesse, trop souvent ils n'osèrent élever leur adoration au-dessus de la créature. Cependant le créateur, le Dieu des dieux, l'Éternel, ne laissoit pas d'être présent à leur pensée, et dans le sein même de l'idolâtrie aucun peuple ne méconnut un seul moment son existence.

Écoutons les Stoïciens. « Dieu gouverne tout par sa pro«vidence. Père de l'homme de bien, qui est son image, «il l'aime et le prépare pour lui, en le perfectionnant sans «< cesse. Quand il renouvellera ce monde, nos âmes jouiront « d'un bonheur sans fin3. >>

1 Hominem ex nihilo ad essentiam produxit Deus, estque in cœlo aspiciens justos, pariter atque injustos, et in libris describens cujusque res et actiones. Rependet autem omnibus eo die, quem ipse præfinivit. Lucian. in Philopatr.

2 Spiraculum vitæ. Genes., II, 7.

*

C'étoit une opinion des anciens qu'on ne pouvoit voir Dieu sans mourir. Il y est fait allusion plusieurs fois dans l'Écriture. Exod. xxviii, 35; xxx, 21 et alibi.

5 Hoc commodiùs in contextu operis redderetur, cùm præesse universis Providentiam probaremus, et interesse nobis Deum... Inter bonos viros ac Deum amicitia est, conciliante virtute. Amicitiam dico? imò etiam necessitudo et similitudo.... Discipulis ejus, æmulatorque et vera

« La première chose qu'il faut apprendre, c'est qu'il y « a un Dieu, qu'il gouverne tout par sa providence, et que « non-seulement nos actions, mais nos pensées et nos <«mouvements, ne sauroient lui être cachés. Ensuite il faut « examiner quelle est sa nature. Sa nature étant bien <«< connue, il faut nécessairement que ceux qui veulent lui >« plaire et lui obéir fassent tous leurs efforts pour lui res<< sembler: qu'ils soient libres, fidèles, bienfaisants, misé« ricordieux, magnanimes. Que toutes tes pensées donc, « que toutes tes paroles, que toutes tes actions, soient «<les actions, les paroles d'un homme qui imite Dieu, qui « veut lui ressembler1.

Quelle est la nature de la Divinité? c'est intelligence, « science, ordre, raison. Par là tu peux connoître quelle « est la nature de ton véritable bien, qui ne se trouve « qu'en elle".

« Tout ce qui arrive dans le monde fait l'éloge de la « Providence. Donne-moi un homme ou intelligent, ou re« connoissant: il la sentira 3.

« Tu n'as rien que tu n'aies reçu. Celui qui t'a tout « donné t'ôte quelque chose, tu es non-seulement fou, « mais ingrat et injuste de lui résister *.

« Les véritables jours de fête pour toi sont ceux où tu

progenies; quem Parens ille magnificus... experitur, indurat, sibi illum præparat... Patrium habet Deus adversùs bonos viros animum, et illos fortiter amat... Miraris tu, si Deus ille bonorum amantissimus, qui illos quàm optimos esse atque excellentissimos, vult, fortunam illis cum quâ exerceantur assignat. Senec., De Provident., cap. 1 et ш. Et cùm tempus advenerit, quo se mundus renovaturus extinguat..... nos quoque felices animæ, et æterna sortitæ, cùm Deo visum erit iterùm ista moliri. Id., Consol. ad Martiam, cap. xxvI. Vid. et. Epist. LXV.

1 Manuel d'Épiclète, liv. II, p. 113 et 114. Paris, 1798. 2 Ibid., p. 104.

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<< as surmonté une tentation, et où tu as chassé loin de toi, << ou du moins affoibli l'orgueil, la témérité, la malignitė, « la médisance, l'envie, l'obscénité des paroles, le luxe, «ou quelqu'un des autres vices qui te tyrannisent. Cela «< mérite bien plus que tu fasses des sacrifices que si tu << avois obtenu le consulat ou le commandement d'une « armée1.

«Notre âme est une émanation de la Divinitė. Mes en«fants, mon corps, mon esprit, me viennent de Dieu. » Porphyre, Proclus*, Simplicius, Jamblique, ont éga

1 Manuel d'Épictète, liv. IV, p. 172.

2 Réflexions morales de l'emp. Marc-Antonin.

Deus est ubique, quia nusquàm intellectus est; ubique etiam, quia nusquam anima; deniquè ubique est, quoniam est et nusquam: sed Deus quidem ubique est et nusquàm est eorum omnium, quæ sunt post ipsum. Porphyr., in lib. de Occas., cap. xxi.

4 Quis ille rex omnium, Deus unicus, qui et ab omnibus separatus est, et omnia nihilominùs ex se producit ? Qui omnes fines ad se convertit, finis finium, causa prima operationum. Autor omnis boni et pulchri, cujus luce irradiantur omnia et collucent? Si Platoni credis, nec explicari, nec percipi potest. Procl. in theolog. Platon.

5 Omne pulchrum à primâ et præcipuâ divinâ pulchritudine; omne verum à divinâ veritate, omnia principia ab uno principio. Id autem non, ut cætera, particulare aliquod principium est, sed principium omnia principia supereminens, supergrediens, in se colligens; adeò ut omnibus dignitatem principii largiatur, singulisque prout naturæ suæ convenit... Bonorum omnium scaturigo et principium Deus est, omniaque ex se producit, prima, media, ultima. Una bonitas producit multas bonitates, una unitas multas unitates, unum principium multa principia. Unitas autem, principium bonum, Deus, unum et idem sonant. Est enim Deus universorum causa prima, in eoque cætera particularia fundantur. Is ipse causa causarum est, Deus Deorum, bonitas bonitatum. Simplic., in Ariani Epictet.

• Intellectus divinus dat esse animæ perintelligere suum essentiale. Ergo esse animæ est quoddam intelligere, scilicet Deum, unde dependet. Esse nostrum, est Deum cognoscere, quia præcipuum esse animæ est intellectus suus, in quo idem est esse, quod intelligere divina actu perpetuo. Jamblich., in Myst., c. I.

lement reconnu un Dieu unique, cause et fin de tous les êtres, existant par lui-même, infini, essentiellement bon. Celse l'appelle le grand Dieu1. « Quel homme est assez « insensé, assez stupide, dit Maxime de Madaure, pour «< douter qu'il existe un Dieu suprême, éternel, père de « tout ce qui est, et qui n'a rien produit d'égal à lui« même? Nous l'invoquons sous différents noms, parce <«< que nous ignorons son nom propre. Nous le divisons « par la pensée, et, adressant des prières, pour ainsi dire, « à chacune de ses parties, nous l'honorons ainsi tout << entier *. »

Saint Augustin rejette avec mépris ce paganisme philosophique; mais, en même temps, il reconnoît que le Dieu dont parle Maxime est celui que, selon l'expression des anciens, les savants et les ignorants confessent avec une parfaite unanimité3.

Frappé de cet accord, Maxime de Tyr observe que « si « l'on interrogeoit tous les hommes sur le sentiment qu'ils <«< ont de la Divinité, on ne trouveroit pas deux opinions « différentes entre eux ; que le Scythe ne contrediroit point « ce que diroit le Grec, ni le Grec ce qu'avanceroit l'hyper

boréen.... Dans les autres choses, les hommes pensent « fort différemment les uns des autres.... Mais, au milieu

1 Origen. contr. Cels., lib. VIII; n. 66.

2 Equidem esse Deum summum sine initio, sine prole, naturæ ceu Patrem magnum atque magnificum, quis tam demens, tam mente captus neget esse certissimum? Hujus nos virtutes per mundanum opus diffusas multis vocabulis invocamus, quoniam nomen ejus cuneti proprium videlicet ignoramus. Nam Deus omnibus religionibus commune nomen est. Ita fit ut dùm cjus quasi quædam. membra captim, variis supplicationibus prosequimur, totum colere profectò videamur. Epist. Maximi Madaur. ad August., inter Ep. xvi, t. II, col. 20. Ed. Benedict.

5 Siquidem illum Deum dicis unum, de quo (ut dictum est à veteribus) docti indoctique consentiunt. Ibid., Ep. xvII, col. 21.

« de cette différence générale de sentiments sur tout le «reste, malgré leurs disputes éternelles, vous trouverez << par tout le monde une unanimité de suffrages en faveur « de la Divinitė. Partout les hommes confessent qu'il «y a un Dieu, le père et le roi de toutes choses, et plusieurs dieux qui sont les fils du Dieu suprême, et «< qui partagent, avec lui, le gouvernement de l'univers. << Voilà ce que pensent et affirment unanimement les Grecs « et les barbares, les habitants du continent et ceux des <«< côtes maritimes, les sages et ceux qui ne le sont pas'. »

il

<< La créance des dieux, et principalement de celui qui «< préside à toutes choses, est commune à tout le genre « humain, tant aux Grecs qu'aux barbares. » Ainsi parle Dion Chrysostome.

Ces témoignages prouvent suffisamment que la tradition de l'unité de Dieu se conserva toujours chez les anciens. On entend comme une seule voix qui la proclame pendant dix siècles*, au milieu de l'idolâtrie. Nous n'avons pas cependant encore cité les autorités les plus fortes. On pourroit croire que le peuple ignoroit cette doctrine des philosophes, et c'est en effet la conséquence que plusieurs.savants ont tirée de quelques paroles de Platon. Il faut donc montrer que les poëtes mêmes, que tout le monde lisoit, et qui se conformoient aux croyances reçues généralement; les poëtes, qui furent à la fois et les moralistes et les théologiens de l'antiquité, enseignoient sur ce point la même doctrine que les philosophes : et, en alléguant leur témoignage, nous ne faisons que suivre l'exemple de saint Paul.

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Maxim. Tyr., Diss. 1, p. 5 et 6. Ed. Oxon. 1677.

2 Dion. Chrysost., Orat. XI.

Thales vivoit environ 640 ans avant Jésus-Christ, et Maxime de Madaure dans le quatrième siècle de notre ère.

3 In ipso (Deo) enim vivimus, et movemur, et sumus; sicut et qui

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