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homme venant en ce monde1; elle l'instruit de ses devoirs et de ses destinées; elle forme son entendement en formant ses croyances, elle élève par la foi cet être d'un jour jusqu'à l'Ancien des jours, jusqu'à l'Être infini, seul principe de toute existence; elle purifie son cœur en lui révélant sa misère, et en lui en montrant le remède. L'homme, sans elle, ne seroit qu'un fantôme qui passe et disparoît dans l'ombre: elle l'unit avec ses semblables, en l'unissant avec son auteur. La vertu, l'espérance, l'amour, la pensée même vient d'elle. Où sont ceux qui disent: Nous ne la connoissons point! Intelligences déchues, sourdes à la voix du genre humain, et condamnées dès lors à ignorer tout, condamnées à ne rien croire; car la foi naît de l'ouïe, et comment croiront-elles, si elles n'ont point entendu ? Toute parole, comme toute vérité, toute loi, procède de cette parole, de cette loi première. Où sont ceux qui disent: Nous n'en voulons point! Esprits rebelles que la lumière importune et blesse; qui demandent les tėnėbres, et à qui les ténèbres seront données; qui repoussent la vérité, et que la vérité repoussera; qui rejettent la loi de grâce, et qui trouveront la loi de supplice; qui, à la place du Dieu qu'ils n'ont pas voulu, et de la mort qu'ils voudroient, auront éternellement leur crime pour compagnon; et pour roi le ver qui ne meurt point!

1 Lex vera, quæ illuminat omnem hominem venientem in hunc mundum. Philo Judæus, ibid., 9.

2 Antiquus dierum. Dan.,

VII, 9.

Fides ex auditu... Quomodò credent ei quem non audierunt? Ep. ad Roman., x, 17, 14.

4 Vermis eorum non moritur. Marc., ix, 43.

CHAPITRE X

SUITE DU MÊME SUJET

Nous avons prouvé que les anciens croyoient à l'exis ́tence d'une loi divine, immuable, universelle, donnée primitivement au genre humain, et qui se perpétuoit dans le monde entier par la tradition 1. Et, puisque cette loi, nécessairement antérieure aux altérations qu'elle avoit pu éprouver, remontoit à l'origine des temps, on devoit la discerner de toutes les erreurs, et la reconnoître avec certitude à cet éclatant caractère d'antiquité. Cette règle si simple étoit d'ailleurs transmise elle-même comme un

1 « Si l'on avoit tiré la connoissance théologique des proprès recher«ches des hommes, il est probable que les philosophes postérieurs << auroient perfectionné les découvertes de leurs prédécesseurs; et les << hommes qui ont vécu plusieurs siècles après Pythagore ou Thalès, « auroient été plus instruits des sciences sacrées que ces philosophes. << Mais le contraire est la vérité. Les anciens sages eurent des idées « plus pures de Dieu que ceux qui leur succédèrent, et le genre humain << devint, en avançant, plus superstitieux. » Édouard Ryan, Bienfaits de la religion chrétienne, t. II, ch. vi, p. 109.

ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION. 225 des préceptes de la loi imposée aux hommes par le Créateur aussi fut-elle toujours unanimement admise, quoique, par une suite trop naturelle de l'aveuglement des passions, on la violât souvent dans la pratique.

On a déjà vu avec combien de force les Egyptiens recommandoient de ne point s'écarter de l'enseignement des ancêtres. Et quand Solon, Pythagore, Platon, alloient chercher la vérité dans les vieux temples de Memphis et de Saïs, que répondoient les prêtres à leurs questions? Ils les rappeloient à l'antiquité. « O Grecs, vous êtes des << enfants; il n'y a point de vieillard dans la Grèce. Votre «< esprit, toujours jeune, n'a point été nourri des opinions <«< anciennes transmises par l'antique tradition; vous n'a« vez point de science blanchie par le temps 2. »

Socrate enseignoit également que « les anciens, meil«<leurs que nous et plus proches des dieux, nous avoient << transmis par la tradition les connoissances sublimes << qu'ils tenoient d'eux 3. Il faut donc, ajoute-t-il, en croire <«< nos pères, lorsqu'ils assurent que le monde est gou« verné par une intelligence suprême et remplie de sa«gesse. S'éloigner de leur sentiment, ce seroit s'exposer « à un grand danger*. »

1 Ch. 18.

* *Ω Σόλων, Σόλων, Ἕλληνες ἀεὶ παῖδες ἐστὲ, γέρων δὲ Ἕλλην οὐκ ἐστιν... Νέοι ἐστέ, τὰς ψυχὰς πάντες. Οὐδεμίαν γὰρ ἐν αὐταῖς ἔχετε, δι' ἀρχαίαν ἀκοὴν, παγαιὰν δόξαν, οὐδὲ μάθημα χρόνῳ πολιὸν οὐδεν. Plat. Timæ. Oper., t. IX, p. 290, 291. Edit. Bipont.

* Οἱ μὲν παλαοὶ, κρείττονες ἡμῶν, καὶ ἐγγυτέρω οἰκοῦντες, ταύτην phμny пaρédosσav. Prisci, nobis præstantiores, diisque propinquiores, hæc nobis oracula tradiderunt. Plat. Phileb. Oper., t. IV, p. 219. Edit. Bipont.

4 Пóтеρov тà úμпavтa. z. T. 1. Utrum, ô Protarche, dicendum est, universum hoc agi ab irrationali quâdam temerariâque, et fortuitâ potestate? an contrà, quemadmodùm majores nostri senserunt, ordine quodam mentis et sapientiæ mirabilis gubernari... Nec ergo unquàm

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Conformément à la même doctrine, Platon veut qu'on ajoute foi, sans raisonner, à ce que les anciens nous ont appris touchant les choses qui concernent la religion 1. « Nous les croirons, dit-il, ainsi que la loi l'or« donne 2. >>

Quoi de plus clair que ces paroles? Est-il possible d'établir en termes plus exprès l'autorité de la tradition, qui, pour demeurer ferme, n'a nul besoin de l'appui du raisonnement, et contre laquelle on n'est jamais admis à raisonner? maxime immuable, que Platon opposoit aux impies ou aux hérétiques de la première loi, comme saint Jérôme l'oppose aux hérétiques de la loi nouvelle, qui n'est pas une autre loi, mais l'accomplissement de celle que Dieu donna aux hommes dès le commencement.

Et voyez avec quelle netteté, quelle précision, Aristote

Visne igitur quod à priscis

de iis aliter loqui, aut sentire ausim. assertum est, nos item confiteamur hæc videlicet ità sese habere? nec modo putemus, alia sine periculo proferri non posse, verum etiam unà cum illis vituperationis periculum subeamus, si quando vir aliquis durus ac vehemens, ista non sit, sed sine ordine ferri, contenderit? Quidni velim? Ibid., p. 244, 245. In hâc enim (fide) testimonium consecuti sunt senes. Ep. ad Hebr., xi, 2.

1 On retrouve dans Quintilien la même maxime. Brevis est institutio vitæ honestæ beatæque, si credas. La nécessité de la foi est un dogme aussi ancien qu'universel.

2 Περὶ δὲ τῶν ἄλλων δαιμόνων, κ. τ. λ. Gæterorum vero qui dæmones appellantur et cognoscere et enunciare ortum majus est opus quàm ferre nostrum valeat ingenium. Priscis itaque viris hâc in re credendum est, qui diis geniti, ut ipsi dicebant, parentes suos optimè noverant. Impossibile sanè deorum filiis fidem non habere, licet nec necessariis, nec verisimilibus rationibus eorum oratio confirmetur. Verùm quia de suis ac notis rebus loqui se affirmabant, nos, legem secuti, fidem præstabimus. Plat. in Timæo, Oper., t. IX, p. 524.

3 Neque enim in lege ratio quæritur, sed auctoritas. S. Hieronym, Dialog. adv. Pelagian., lib. II, Oper.; 1v, t. IV, part. II, col. 515. Ed. Benedict.

indiquoit le moyen de la reconnoître. « Une très-ancienne << tradition de nos pères, parvenue sous le voile de la fable << à leurs descendants, porte que les astres sont des dieux, << et qu'une puissance divine est répandue dans toute la « nature. On a, dans la suite, ajouté beaucoup de choses « fabuleuses à cette tradition; car plusieurs ont dit que <«<les dieux avoient des formes semblables à la nôtre, et à « celle des animaux, et mille extravagances pareilles. Mais « si, rejetant tout le reste, on prend uniquement ce qu'il « y a de premier, c'est-à-dire, la croyance que les dieux « sont les premières substances, on la regardera justement « comme divine... C'est ainsi seulement que nous recon«noissons le dogme paternel, ou ce qui étoit cru par les « premiers hommes 1. »

Les lois mêmes consacroient la règle de l'antiquité; et il falloit qu'on y attachât une haute importance, puisque les ennemis de Socrate s'en servirent pour le perdre, en l'accusant d'introduire des dieux nouveaux 2. C'étoit un crime chez les Romains aussi bien que chez les Grecs 3. La

1 Παραδέδοται δὲ ὑπὸ τῶν ἀρχαίων καί παλαιῶν, ἐν μύθου σχήματι καταλελειμένα τοῖς ὕστερον, ὅτι θεοί τέ εἰσιν οὖνοι (ἄστερες), καὶ περιέχει τὸ θείον τὴν ὅλην φύσιν. Τὰ δὲ λοιπὰ μυθικῶς ἤδη προσήχθαι... άνθρω ποιεδεῖς τε γὰρ τούτους, καὶ τῶν ἄλλων ζώων τισὶ λέγουσι, καὶ τούτοις ἕτερα ἀκόλουθα καὶ παραπλήσια τοῖς εἰρημένοις· ὧν εἴ τις χωρίσας αὐτὸ λάβοι μόνον τὸ Πρῶτων, ὅτι θεοὺς ᾤοντο τὰς πρῶτας οὐσίας εἶναι, θείως ἂν εἰρῆσθαι νομίσεις... Ἡ μὲν οὖν πάτριος δόξα, καὶ ἡ παρά τῶν πρώ των, ἐπὶ τοσοῦτον ἡμῖν φανερὰ μόνον. Aristot. Metaphys., lib. ΧΙΙ, cap. vi, Oper., t. II, p. 744.

2

Κατηγόρησαν αὐτοῦ οἱ ἀντίδικοι, ὡς οὓς μὲν ἡ πόλις νομίζει θεοὺς, οὐ νομίζοι, ἕτερα δὲ καινά δαιμόνια εισφέροι. Xenoph., Apolog. Socrat. et Plat., t. I, p. 56.

5 Separatim nemo habessit deos: nève novos.... privatim colunto... Ritus familiæ patrumque servanto. Lex XII tabul. ap. Cicer., De Legib., lib. II, cap. vIII. — Non erit in te deus recens, neque adorabis deum Alienum. Ρ8. Lxxx, 10,

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