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Les hymnes d'Orphée jouissoient d'une grande célébrité dans la Grèce. On les chantoit du temps des Pélasges, dans la Samothrace et la Piérie. Originairement écrits en un langage qui, sous Pisistrate, n'étoit déjà plus intelligible pour les Grecs1, Onomacrite les retoucha2; et ce sont

dam vestrorum poetarum dixerunt ipsius enim et genus sumus. Act., XVII, 28.-Saint Paul fait allusion à un passage d'Aratus, où il est dit que nous sommes les enfants de Jupiter ou de Zevs. Le docteur Cudworth conclut de là que, d'après l'Écriture même, les Grecs, par ce mot Zeus, entendoient, quelquefois au moins, le vrai Dieu. System. Mundi intellect., p. 473 et seqq. « Les mots Zevę, Zòv, Zàv, Aiç, Asus, << que les Grecs employoient pour désigner leur principale divinité, ne « sont, dit M. Clavier, le nom d'aucun personnage particulier, et ils y attachoient la même idée que nous attachons au mot Dieu, c'est-à« dire, celle d'un être métaphysique, dont nous ne pouvons mécon<<noître l'existence, mais dont nous ignorons absolument la nature. >> Bibliothèq. d'Apollodore, t. II, p. 13. C'est aussi le sentiment d'Eusèbe : « Qui enim et poetarum, et oratorum vocibus, Jupiter (Zevs), a celebratur, is omninò Deum significat. » Præpar. evangel, lib. XIII, cap. xш, p. 675. « Les pythagoriciens révéroient, dit Hiéroclès, le « créateur et le père de l'univers sous le nom de Zeus, estimant qu'il <<< est raisonnable de désigner celui qui a donné l'être et la vie à tout « ce qui existe, par un nom qui exprime son opération puissante. » Hierocl., in Carm. aurea, p. 273. Selon l'abbé Foucher, Zɛù signifie l'Etre suprême, vie par essence et source de la vie, de l'ancien mot oriental Zend, vie ou vivant. Mém. de l'Acad. des inscript., t. XLVI, p. 516. Platon l'appelle le Dieu des dieux, Ozóç ó Øɛ Zɛùç, Deus deo. rum Zeus. In Crit. Oper., t. X, p. 66.

This poetry was in the original amonian language, which grew obsolate among the Helladians, and was no longer intelligible but was for a long time preserved in Samothracia, and used in their sacred rites. (Diodor. Sicul., lib. V, p. 322.) The Analysis of antient Mythology, by Jacob Bryant, t. II, p. 425 et 426.

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-

2 Vers la 50 olympiade, selon Tatien, p. 275. Vid. Suidas, voc. Ορφέως. Cedrenus, p. 47. Stillingfleet, Origin. sacr., t. I, p. 69. - Brucker, Hist. crit. phil., t. I, part. II, lib. I, cap. 1. Fabricius, Biblioth. græc., t. I, p. 130. « Je sais qu'on attribue d'ordinaire « à Onomacrite, qui a fleuri sous Pisistrate, quelques-uns des ouvrages qui portent le nom d'Orphée; mais, soit qu'Onomacrite les eût sim

ces hymnes ainsi traduits pour l'usage des contemporains de Solon que les Lycomèdes chantoient dans les cérémonies sacrées à Athènes'. Aristote, les Pères de l'Église, et Proclus, dans ses dissertations sur Platon, nous en ont conservé des fragments d'autant plus précieux, qu'ils forment le plus ancien monument qui nous reste de la théologie des Hellènes.

«L'univers a été produit par Zeus. A l'origine tout étoit a en lui, l'étendue éthérée, et son élévation lumineuse, la <«mer, la terre, l'Océan, l'abîme du Tartare, les fleuves, <<< tous les dieux et toutes les déesses immortelles, tout ce << qui est né et tout ce qui doit naître ; tout étoit renfermé

dans le sein du Dieu suprême. » Orphée proclama l'unité de ce Dieu, qu'il définit presque dans les mêmes termes que saint Jean. «Zeus, le premier et le dernier, le «< commencement et le milieu, de qui toutes choses tirent «<leur origine,et l'esprit qui anime toutes choses, le chef «<et le roi qui les gouverne*. » Quelque étonnant que soit ce passage, son authenticité ne sauroit être douteuse, puisque Aristote le cite et le commente.

«plement fait reparoître, ou qu'il les eût peut-être ajustés au langage « de son siècle, du moins on étoit persuadé qu'il avoit conservé le << fond des choses, et qu'il n'avoit rien changé à la doctrine. » Mémoire de l'Académie des inscriptions, t. XVIII, p. 4.

1

Bryant's Analys. of antient mytholog., t. II, p. 425, nol.

Orph. ap. Proc. in Plat. Tim. p. 95.

3 Eis Zevs..... eis Oзóg év múνteso: unus Zeus... unus Deus in omnibus. Orphic., fragm. IV, p. 364. Ed. Gesner.

4 Ζεὺς πρῶτος γένετο, Ζεὺς ὕστατος ἀρχικέραυνος

Ζεὺς κεφαλή. Ζεὺς μέττα· Διὸς δ ̓ ἐκ πάντα τέτυκται

Ζεὺς πνοιή πάντων...

Ζεὺς βασιλεὺς· Ζεὺς ἀρχὸς ἀπάντων ἀρχικέραυνος.

Aristot., de Mundo, cap. vi. Oper., t. I, p. 475.

Ego sum et, principium et finis, dicit Dominus Deus, qui est, et qui erat, et qui venturus est, omnipotens. Joan., Apocal., 1, 8.

Il nous reste quelques vers de Linus, contemporain d'Orphée. Il reconnoit qu'il fut un temps où tous les étres prirent naissance', et qu'il existe par conséquent un principe créateur.

L'unité de Dieu faisoit partie de la doctrine enseignée dans les mystères, dès les temps les plus reculés. «O toi! s'écrioit l'hiérophante; ô toi, Musée, fils de la bril«lante Sélène, prête une oreille attentive à mes accents, « je vais te révéler des secrets sublimes! Que les préjugés << vains et les affections de ton cœur ne te détournent « point de la vie heureuse! Fixe tes regards sur ces vé«rités sacrées! Ouvre ton âme à l'intelligence, et, mar«< chant dans la voie droite, contemple le Roi du monde ! « Il est un, il est de lui-même; de lui seul tous les êtres « sont nés; il est en eux, et au-dessus d'eux; il a les « yeux sur tous les mortels, et aucun des mortels ne le @ voit 2. >>

Au milieu des fictions dont Homère a rempli ses poëmes, et qui n'étoient que des fictions pour les païens aussi bien que pour nous, on découvre aisément le même fond de doctrine, que dans les vers orphiques: un Dieu très-grand, très-glorieux, très-sage, très-redoutable, père et roi des hommes et des dieux, qui le reconnoissent pour leur souve

1

Ην ποτέ του χρόνος οὗτος, ἐν ᾧ ἅμα πάντ' ἐπεφύκει.
Diog. Laert., lib. I, 4.

2 Vid. Christ. Eschenbach, De poesi orphicâ, p. 136. Quel que soit l'auteur de cet hymne, dit l'abbé Le Batteux, on ne peut nier qu'il ne soit de la plus haute antiquité par le sens et même par les paroles. Mémoire de l'Acad. des inscript., t. XLVI, p. 371.

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rain ', et lui adressent leurs prières. Assis au-dessus d'eux, il habite le plus haut sommet de l'Olympe; ses décrets sont irrévocables, et il les cache, quand il lui plaît, aux dieux memes". Il a créé la terre, le ciel, la mer, et tous les astres qui couronnent le ciel ".

Au commencement du quatrième livre de l'Iliade, le poëte représente les dieux assemblės autour de Jupiter", pour entendre l'arrêt de sa volonté sur Troie. Cette fiction Αἰνότατε Κρονίδη.

Iliad., III v. 552.

Ζεὺ ἄνα. . .

Ibid., v. 551.

Πατὴρ ἀνδρῶντε θεῶντε

Ibid., I, v. 544.

1 Tant je suis élevé au-dessus des dieux et des hommes ! dit Jupiter. Et Minerve lui répond : Père et maître souverain des dieux, nous savons tous que votre force est invincible, et que rien ne peut vous résister. (Trad. de madame Dacier.)

Τόσσον ἐγὼ περὶ τ' εἰμὶ θεῶν; περὶ τ ̓ εἴμ' ἀνθρώπων...

Ὦ πάτερ ἡμέτερς, Κρονίδη, ὕπατε κρειόντων,

Εὖ νυ καὶ ἡμεῖς ἴδμεν, ὅ τοι σθένος οὐκ ἐπιεικτόν.

Iliad., VIII, v. 27, 51 et 55.

Ζεῦ πάτερ... τόδε μοι χρήηνον ἔελδωρ,

dit la déesse Thétis, Ib., 1, v. 503 et 504.

3

4

Είπερ δ' εὐρύοπα Κρόνιδην ἄτερ ἥμενον ἄλλων
Ακροτάτη κορυφη πολυδειράδος Ούλυμποιοι:

Ibid., v. 498 et 499.

Οὐ γὰρ ἐμὸν παλινάγρετον; οὐδ ̓ ἀπατηλὸν,
Οὐδ ̓ ἀτελεύτητον, γ ̓ ὅ, τι κεν κεφαλῇ κατανεύσω.

Ibid., I, v. 526 et 527.

Ον δ' ἂν ἐγὼν ἀπάνευθε θεῶν ἐθέλοιμι νοῆσαι,
Μήτι σὺ ταῦτα ἕκαστα διείρεο, μηδὲ μετάλλα

Ibid., v. 549 et 550.
Π Ἐν μὲν γαῖαν ἔτευξ ̓ ἐν δ ̓ οὐρανὸν, ἐν δὲ θάλασσαν,
Ἐν δὲ τὰ τείρεα πάντα, τὰ δ ̓ οὐρανὸς ἐστεφανῶνται.
Homer. ab Eus. cit. Præp. evang., l. XIII, c. xi.
Οἱ δὲ θεοὶ πάρ Ζηνὶ καθήμενοι ἡγορόωντο

Χρυσέῳ ἐν δαπέδῳ.

Ibid., IV, v. 1 et 2. Vid. et Ovid. Metamorph. lib. I, v. 168 et seqq.

peut encore avoir son fondement dans une tradition vėritable, puisque nous voyons aussi dans Job, les fils de Dieu, c'est-à-dire, les anges chargés du gouvernement du monde, s'assembler devant le Seigneur, et former comme un saint conseil, où Satan lui-même paroît pour recevoir les ordres de Dieu 1.

Après avoir parlé des dieux célestes et terrestres, nés dès le commencement, et qui engendrèrent ensuite d'autres dieux, Hésiode célèbre le Dieu suprême, père des dieux et des hommes, le plus puissant, dit-il, et le plus grand des dieux. Roi des immortels, qui le reconnoissent pour leur

1 Quâdam autem die, cùm venissent filii Dei, ut assisterent coram Domino, affuit inter eos etiam Satan. Job., 1, 6, et 1, 1. Les dieux sont nommés dans Pindare, les fils de Jupiter, raidwy Aios, Pyth., ш, antistr. 1. Homère est plein des anciennes traditions. Dans l'Odyssée, un des amants de Pénélope dit à l'un de ses compagnons qui maltraitoit, Ulysse déguisé en mendiant: « Vous avez grand tort d'outrager ce « pauvre, qui demande l'aumône. Que deviendriez-vous, malheureux, « si c'est quelqu'un des immortels! car les dieux, qui se revêtent «< comme il leur plaît de toutes sortes de formes, prennent souvent celle << d'un étranger, et parcourent les villes et les contrées, pour observer « les violences qu'on y commet et la justice qu'on y rend. » On peut être tenté de ne voir dans cette croyance qu'une superstition païenne; mais rappelez-vous que les dieux des anciens n'étoient originairement que les anges, et vous retrouverez ici un souvenir de l'histoire des premiers jours. Cela est si vrai, que saint Paul recommande l'hospitalité par le même motif pour lequel Homère défend de maltraiter le pauvre. « Exercez l'hospitalité; car c'est en la pratiquant que quelques<< uns, sans le savoir, ont reçu pour hôtes des anges mêmes. » Ep. ad Hebr., XIII,

2.

2 Θεῶν γένος αἰδοῖον πρῶτον κλείουσιν ἀοιδῇ,

Ἐξ ἀρχῆς οὓς γαῖα καὶ οὐρανὸς εὐρὺς ἔτικτεν,

Οἵ τ ̓ ἐκ τῶν ἐγένοντο θεοὶ, δωτήρες εάων.

Δεύτερον αἴτε Ζῆνα, θεῶν πατέρ ̓ ἡ δὲ καὶ ἀνδρῶν...
Οσσον φέρτατος ἐστι θεῶν, κράτει τε μέγιστος.

Theogon., sub. init.

Selon Pindare, les dieux et les hommes ont une même origine.

Ἐν ἀνδρῶν, ἐν θεῶν γένος.

Ap. Euseb. Præp. evang., lib. XIII, c. xi.

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