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« Bethleem, parce qu'il étoit de la maison et de la famille « de David, pour se faire inscrire avec Marie, son épouse, « qui étoit grosse. Pendant qu'ils étoient là, il arriva que « les jours de son enfantement s'accomplirent et elle en « fanta son premier-né, et elle l'enveloppa de langes, et elle « le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avoit point « pour eux de place dans l'hôtellerie. Or il y avoit dans le «< même pays des pasteurs qui veilloient, gardant tour à << tour leur troupeau pendant la nuit; et voilà qu'un ange « du Seigneur s'arrêta près d'eux, et une clarté divine les environna, et ils furent saisis d'une grande crainte; et « l'ange leur dit : Ne craignez point; je vous annonce ce <«< qui sera pour tout le peuple une grande joie : il vous est « né aujourd'hui un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur, « dans la ville de David: et ceci sera le signe auquel vous <<< le reconnoîtrez Vous trouverez un enfant enveloppé de « langes, et posé dans une crèche'. »

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Pour nous élever jusqu'à lui, le Verbe divin descend jusqu'à nous. Ce qu'il y a de plus humble dans l'homme, c'est là ce qu'il choisit pour se l'approprier. Il ne disputera point, il ne criera point, sa voix ne retentira point dans les places publiques 2. Il vient à nous plein de douceur 3. Sa parole est simple, et cette parole est visiblement celle d'un Dieu. Voyez, dans saint Jean, l'entretien de Jésus avec la Samaritaine; voyez le sermon sur la Montagne, le discours après la Cène, dont chaque mot est une source de vérité et d'amour, inépuisable ici-bas à notre cœur et à notre intelligence; voyez le récit de la Passion; voyez tout; car tout est également divin. Beaucoup de péchés lui sont remis,

1 Luc., II, 1-12.

* Non contendet, neque clamabit, neque audiet aliquis in plateis vocem ejus. Matth., x, 19.

3 Ecce rex tuus venit tibi mansuetus. Ibid, xx1, 5.

334 ESSAI SUR L'INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE de religion.

parce qu'elle a beaucoup aimé1. Laissez les petits enfants venir à moi. Venez à moi, vous tous qui souffrez, et qui étes oppressés, et je vous ranimerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes; car mon joug est aimable, et mon fardeau légers. Jamais rien de semblable ne sortit d'une bouche humaine. Et cette prière qui contient tout ce qu'une créature peut demander, tout ce qu'elle doit désirer, cette prière merveilleuse qui est comme le lien du ciel et de la terre, est-elle d'un homme? Est-ce un homme qui a dit : Tout est consommé? Non, non, cette parole, qui annonce le salut du monde, n'appartient qu'à celui qui le créa.

L'authenticité, la vérité et l'inspiration de l'Écriture étant établies, il est impossible de nier la sainteté ou la divinité du christianisme; car les livres qui contiennent sa doctrine ne peuvent avoir été inspirés de Dieu, que le christianisme lui-même ne soit divin. Les prophéties vont encore nous en fournir une nouvelle preuve.

Remittuntur ei peccata multa, quoniam dilexit multùm. Luc.,

VII, 47.

2 Sinite parvulos venire ad me, et ne prohibueritis eos : talium enim est regnum Dei. Marc., x, 14.

5 Venite ad me omnes, qui laboratis, et onerati estis, et ego reficiam vos. Tollite jugum meum super vos, et discite à me, quia mitis sum et humilis corde : et invenietis requiem animabus vestris. Jugum enim meum suave est, et onus meum leve. Matth., x1, 28–30.

CHAPITRE XIII

PROPHÉTIES.

Parlons d'abord philosophiquement. L'homme, ainsi que tous les êtres doués d'intelligence, existe à la fois dans le passé, le présent, l'avenir. Il a le souvenir de ce qui fut, le sentiment de ce qui est, la prévoyance de ce qui sera. En cela consiste le grand don de la pensée, qui l'élève à une hauteur infinie au-dessus de la création matérielle, et le rapproche, par une merveilleuse ressemblance, du Créateur même1!

Cependant l'homme, dont l'esprit peut saisir la vérité ou ce qui est dans tous les points de la durée, l'homme qui déjà existe, ce qu'on devrait remarquer davantage, en des espaces illimités et même au delà du temps2, par la noble partie de lui-même; l'homme qui peut tout connoître, puis

Il est remarquable que le mot

Jehovah offre ces trois

modes d'existence unis dans le même nom, comme ils le sont dans le même être. C'est pourquoi saint Augustin appelle ce nom. nomen æternitatis.

2 Cogitavi dies antiquos, et annos æternos in mente habui. Ps. LXXVI. 6.

qu'il connoit Dieu, ne connoit rien néanmoins, comme nous l'avons montré, que par une véritable révélation, dont la parole est le moyen.

Au commencement Dieu lui révéla tout ce qu'il étoit alors nécessaire qu'il sût. Il lui dit le passé, c'est-à-dire de quelle manière il l'avoit tiré du néant, lui et tout l'univers qui s'offroit à ses regards. Il lui dit le présent, c'est-àdire qu'il lui apprit ce qu'il étoit, et ce qu'étoient les ètres qui l'environnoient, les moyens de se conserver, les devoirs qu'il imposoit à sa raison, à son cœur, à ses sens. Il lui dit l'avenir, en l'instruisant de ses immortelles destinées.

Pour être ce que Dieu vouloit qu'il fût, l'homme devoit connoître toutes ces choses; et comme la connoissance en étoit également indispensable à tous les hommes, le Père du genre humain la transmit par la parole à ses enfants, et ceux-ci à leurs descendants. Voilà l'origine de la tradition.

Mais un déplorable changement s'étoit opéré dans les destinées de l'homme depuis sa chute. L'avenir ne pouvoit plus être le même pour lui après le péché; et cet avenir devoit être différent encore, selon que Dieu s'arrêteroit à des pensées de miséricorde ou de rigueur. Or, si l'homme coupable eût ignoré l'avenir qui l'attendoit, ce n'auroit plus été l'homme, mais je ne sais quel être incompréhensible qui, privé des biens attachés à son état primitif, et n'emportant du passé que le souvenir d'un crime inexpiable, auroit marché sous ce poids dans les ténèbres éternelles. S'il eût ignoré les desseins de Dieu sur lui, la place que lui assignoit la justice suprême, les devoirs nouveaux qu'elle lui prescrivoit, comment auroit-il pu concourir librement aux volontés de ce Dieu offensé, et lui obéir? L'ordre moral eût été détruit avec toute religion; car quelle religion, quelle loi morale pourroit-il

exister pour un être qui ne sauroit ni ce qu'il doit croire, ni ce qu'il doit faire, ni ce qu'il doit espérer ou craindre?

Ainsi la religion, la morale, l'intelligence même, supposent la connoissance d'un certain ordre relatif à l'être intelligent, ordre qui embrasse le passé, le présent et l'avenir, et qui dépend des volontés libres de Dieu.

Il falloit donc qu'après sa chute, l'homme cessât d'être homme, ou que Dieu lui révélât ce qu'il avoit résolu à l'égard de ses futures destinées. Il falloit donc que Dieu lui parlât de nouveau, et que l'homme auquel il parleroit transmit aux autres hommes sa parole nécessaire à tous. Voilà la prophétie, et l'on comprend qu'elle forme une partie essentielle de la révélation, de l'ordre moral et religieux, en un mot, de tout ordre relatif aux êtres intelligents.

Que si l'on demandoit pourquoi Dieu n'a point révélé immédiatement à tous les hommes l'avenir qui les intéresse, ce ne seroit pas demander la raison de la prophétie, ce seroit demander pourquoi tous les hommes ne sont pas prophètes.

A cette question il y a une réponse de fait qui suffit: Dieu ne l'a pas voulu. Qu'importent ses motifs? Quels qu'ils soient, ils sont dignes de lui, et il n'y auroit point de folie plus grande que d'argumenter de notre ignorance contre sa sagesse.

Mais, de plus, ne voit-on pas que la révélation de l'avenir, faite immédiatement à chaque homme, renverseroit l'ordre que Dieu a établi et qui est fondé sur la transmission des connoissances nécessaires par le témoignage? Ne voit-on pas que ce qu'on demande par rapport à la prophétie, on pourroit le demander, avec autant de raison, pour tout le reste, et que cette question particulière implique une question générale que voici : Pourquoi Dieu ne

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