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mens qui se bornèrent dans le principe à quelques cabanes, couvertes de branchages on d'herbes séchées; une partie des arbres abattus furent employés à leur construction, et le reste était livré aux flammes. Les nouveaux défrichemens, préparés à la hâte, recevaient aussi-tôt la graine des plantes qui, à cette époque, composaient toutes les richesses coloniales, ou étaient cultivés en vivres du pays, dont l'habitude et l'usage s'étaient déjà introduits, et suppléaient facilement, pour ces hommes accoutumés à la frugalité, à ceux que le commerce de la métropole, encore dans l'enfance, ne leur fournissait pas assez abondamment.

L'affluence des hommes qui, dès ces tems-là, accoururent du sein de la France pour marcher sur leurs traces, prouvent que leurs premiers travaux furent couronnés par quelques succès. Mais comment n'eussent-ils pas tous ensemble succombé à une vie si pénible et aux influences d'un climat dont la malignité était aggravée par les exhalaisons d'un terrein récemment découvert ; comment eussent - ils pu pousser plus loin leurs tentatives, s'ils n'eussent été secondés et soutenus par de puissans encouragemens? Le commerce français se chargea de cet emploi bienfaisant dans son objet, si utile à lui-même, et qu'il ne prévoyait peut-être pas alors devoir être la source de la splendeur à laquelle il est parvenu de nos jours; splendeur qui eût été encore plus rapide, et eût été

accompagnée

accompagnée de succès bien plus étonnans, si l'aveugle intérêt et la cupidité n'eussent pas introduit des abus tyranniques dans les rapports commerciaux de la France avec sa colonie. Néanmoins, ces premières liaisons contribuèrent efficacement à exciter l'émulation des colons; leurs forces consistèrent longtems dans leurs bras, dans leur ardeur au travail, et dans un ou plusieurs esclaves qu'ils parvinrent à se procurer, et qu'ils employèrent, à l'exemple des Espagnols, non à fouiller les mines d'or, mais à chercher avec eux, dans le sein de la terre, des richesses plus précieuses et moins incertaines. A mesure qu'ils augmentèrent les produits de leur culture, les vaisseaux du commerce allèrent sur les côtes d'Afrique, traiter pour eux de nouveaux coopérateurs, dont le secours les aida à étendre prodigieusement leurs spéculations. Leur ambition ne se borna plus aux minces produits du tabac, du rocou et du cacao: la culture de ces deux premières denrées fut presque généralement abandonnée pour celle de l'indigo et de la canne à sucre, qui offrait plus d'avantages à recueillir. Ce roseau précieux, déjà naturalisé à Saint- Domingue, mais qui n'avait été jusques-là qu'un objet de curiosité, ouvrait sur-tout une branche brillante à leur industrie ses diverses préparations exigeaient des moyens et des avances considérables : le commerce pourvut à tout, et seconda puissamment leur activité. Les riches plaines du nord et de l'ouest achevèrent de Tome I.

C

se découvrir; des champs de cannes prirent de tout côté la place des bois abattus; des établissemens plus considérables et mieux construits s'élevèrent ; des machines aussi nécessaires qu'ingénieuses furent inventées par des ouvriers habiles, qu'on avait attirés de France dans la colonie; enfin, des succès éclatans couronnèrent les efforts de ces hommes laborieux, et ne firent que les animer d'une nouvelle ardeur.

Bientôt les terreins unis, resserrés entre les montagnes et la mer, et qui avaient dû être défrichés les premiers, ne purent suffire à l'agriculture qui prenait de jour en jour plus d'accroissement : elle s'étendit dans les lieux les plus difficiles et qui en avaient paru d'abord le moins susceptibles. Quelques habitans et une partie de ces hommes qui accouraient en foule d'Europe, pénétrèrent dans les montagnes, où des concessions étaient facilement accordées, à des conditions douces et favorables à l'agriculture, par le gouvernement qui s'était réservé le droit d'en disposer par des motifs d'ordre et de prudence. Mais leurs croupes rapides et éloignées de la mer, étaient peu propres à la culture du sucre et de l'indigo, qui rendait déjà toutes les plaines si florissantes, et ne présentèrent que de médiocres progrès, ou même d'inutiles essais, jusqu'à ce que la colonie fût enrichie d'un nouvel arbuste, pour lequel il semblait que la nature les avait destinées. Le cafier, étranger aux Antilles comme les autres plantes qu'on y cultivait déjà avec

tant de succès, y fut transporté du fond de l'Arabie, au commencement de ce siècle. Sa culture, dont on ne tarda pas à connaître les avantages, donna un

que

nouveau mouvement à l'industrie: ses efforts enfantèrent encore des miracles plus étonnans peut-être que les premiers. Les rochers les plus escarpés se couvrirent de cafiers qu'on planta jusques dans leurs fentes, avec le secours de la pince de fer; et leur aspect sourcilleux ne présenta plus que le coup-d'œil de jardins symétriques et agréables. Des communica tions furent ouvertes avec les plaines, et ces lieux sauvages et presqu'inhabitables, rivalisèrent avec elles par des établissemens pour la construction desquels il fallut l'art vainquit par-tout la nature. On pense peut-être que des forces considérables bu au moins suffisantes, aidèrent à former ces grandes entreprises. Comment des hommes pauvres, isolés, et venus d'Europe sans autre moyen pour tenter fortune, que le secours de leurs bras, auraient-ils pu se les procurer? Quelques-uns étaient favorisés par des sociétés formées avec des particuliers plus fortunés, qui faisaient quelques avances, et partageaient les fruits avec eux d'autres, réduits à eux-mêmes, commencèrent seuls l'édifice de leur fortune: leurs progrès ne furent pas si lents qu'on serait en droit de se l'imaginer, grâce à l'admirable fécondité de ce climat, et à la richesse des denrées qu'il produit. Leurs premiers rapports leur valaient quelques avances de

la

part du commerce, dont l'ardeur au travail et la bonne-foi du cultivateur augmentaient la confiance et la facilité, et que des bénéfices considérables, ou ceux qu'il se promettait, rendaient très-empressé de se défaire des marchandises importées par ses vaisseaux, dans la colonie. Le premier noir fut le plus difficile à gagner; il le fut bien moins d'atteindre au prix des cinq suivans. Les efforts et les opérations augmentaient à proportion, et l'habitant qui avait commencé avec rien, se voyait, au bout de vingt riche ét opulent.

Tels furent les succès qui couronnèrent le berceau de Saint-Domingue, et qui, dès le principe, eussent été encore plus rapides et plus décisifs, si l'esprit de l'avarice, et les abus qu'il entraîne après lui, n'étaient venus altérer la pureté des liaisons formées entre l'agriculture et le commerce, et ne leur avait fait oublier insensiblement qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. La bonne-foi avait présidé aux premiers échanges; les bénéfices qui auraient dû l'affermir, allumèrent malheureusement la cupidité, dont les forces s'accrurent par la facilité d'abuser de la simplicité d'hommes, que leurs succès rendaient peu difficiles, et que la nécessité et le besoin forçaient de prendre les objets au prix qu'on voulait bien y mettre. Il arriva même que les Colons, devenus peu-à-peu plus clairvoyans, perdirent jusqu'au droit d'accepter ou de refuser; ils devinrent, en quelque sorte, sujets de

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