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Arme-toi, France; prends la foudre;
C'est à toi de répandre en poudre
Ces sanglans ennemis des lois.
Suis la victoire qui t'appelle,
Et va sur ce peuple rebelle
Venger la querelle des rois.

Jadis on vit ces parricides,
Aidés de nos soldats perfides,
Chez nous, au comble de l'orgueil,
Briser tes plus fortes murailles,
Et par le gain de vingt batailles
Mettre tous tes peuples en deuil.

Mais bientôt le ciel en colère,
Par la main d'une humble bergère
Renversant tous leurs bataillons,
Borna leurs succès et nos peines;
Et leurs corps, pourris dans nos plaines,
N'ont fait qu'engraisser nos sillons.

POÉSIES DIVERSES

I

CHANSON A BOIRE, QUE JE FIS AU SORTIR DE MON COURS DE PHILOSOPHIE, A L'AGE DE DIX-SEPT ANS (1653).

Philosophes rêveurs, qui pensez tout savoir,
Ennemis de Bacchus, rentrez dans le devoir :
Vos esprits s'en font trop accroire.

Allez, vieux fous, allez apprendre à boire.
On est savant quand on boit bien :
Qui ne sait boire ne sait rien.

S'il faut rire ou chanter au milieu d'un festin,

Un docteur est alors au bout de son latin :
Un goinfre en a toute la gloire.
Allez, vieux fous, etc.

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Soupirez jour et nuit, sans manger et sans boire,
Ne songez qu'à souffrir :

Aimez, aimez vos maux, et mettez votre gloire
A n'en jamais guérir.
Cependant nous rirons
Avecque la bouteille,

Et dessous la treille
Nous la chérirons.

Si, sans vous soulager, une aimable cruelle
Vous retient en prison,

Allez aux durs rochers, aussi sensibles qu'elle,
En demander raison.

Cependant nous rirons, etc.

III

VERS A METTRE EN CHANT (1670).

Voici les lieux charmans, où mon âm ravie
Passoit à contempler Sylvie

Ces tranquilles momens si doucement perdus.
Que je l'aimois alors! Que je la trouvois belle!
Mon cœur, vous soupirez au nom de l'infidèle :
Avez-vous oublié que vous ne l'aimez plus?

C'est ici que souvent, errant dans les prairies,
Ma main, des fleurs les plus chéries,

Lui faisoit des présens si tendrement reçus.
Que je l'aimois alors! Que je la trouvois belle! etc.

IV

CHANSON A BOIRE, FAITE A BAVILLE, OU ÉTOIT LE PÈRE
BOURDALOUE (1672).

Que Bâville me semble aimable

Quand des magistrats le plus grand
Permet que Bacchus à sa table
Soit notre premier président.

Trois muses, en habits de ville,
Y président à ses côtés :
Et ses arrêts par Arbouville 1
Sont à plein verre exécutés.

Si Bourdaloue un peu sévère
Nous dit: Craignez la volupté;
Escobar, lui dit-on, mon père,
Nous la permet pour la santé.

Contre ce docteur authentique,
Si du jeûne il prend l'intérêt :
Bacchus le déclare hérétique,
Et janséniste, qui pis est.

V

VERS DANS LE STYLE DE CHAPELAIN, QUE BOILEAU CHANTOIT SUR UN AIR FORT TENDRE (1670).

Droits et roides rochers dont peu tendre est la cime,
De mon flamboyant cœur l'âpre état vous savez :
Savez aussi, durs bois, par les hivers lavés,
Qu'holocauste est mon cœur pour un front magnanime.

1. Gentilhomme parent de M. le premier président. B.

VI

SONNET SUR LA MORT D'UNE PARENTE (1655).

Parmi les doux transports d'une amitié fidèle,
Je voyois près d'Iris couler mes heureux jours;
Iris que j'aime encore, et que j'aimai toujours,
Brûloit des mêmes feux dont je brûlois pour elle :

Quand, par
l'ordre du ciel, une fièvre cruelle
M'enleva cet objet de mes tendres amours;
Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me laissa de regrets une suite éternelle.

Ah! qu'un si rude coup étonna mes esprits!
Que je versai de pleurs! que je poussai de cris!
De combien de douleurs ma douleur fut suivie;

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi;
Et, bien qu'un triste sort t'ait fait perdre la vie,
Hélas! en te perdant j'ai perdu plus que toi.

VII

SONNET SUR UNE DE MES PARENTES QUI MOURUT TOUTE JEUNE ENTRE LES MAINS D'UN CHARLATAN (VERS 1690).

Nourri dès le berceau près de la jeune Orante,
Et non moins par le cœur que par le sang lié,
A ses jeux innocens enfant associé,

Je goûtois les douceurs d'une amitié charmante;

Quand un faux Esculape, à cervelle ignorante,
A la fin d'un long mal vainement pallié,
Rompant de ses beaux jours le fil trop délié,
Pour jamais me ravit mon aimable parente.

Oh! qu'un si rude coup me fit verser de pleurs!

Bientôt la plume en main signalant mes douleurs,
Je demandai raison d'un acte si perfide.

Oui, j'en fis dès quinze ans ma plainte à l'univers;
Et l'ardeur de venger ce barbare homicide
Fut le premier démon qui m'inspira des vers.

VIII

STANCES A M. MOLIÈRE, SUR LA COMÉDIE DE L'ÉCOLE DES FEMMES, QUE PLUSIEURS GENS FRONDOIENT (1662).

En vain mille jaloux esprits,

Molière, osent avec mépris,

Censurer ton plus bel ouvrage :

Sa charmante naïveté

S'en va pour jamais d'âge en âge
Divertir la postérité.

Que tu ris agréablement!

Que tu badines savamment!

Celui qui sut vaincre Numance 1,
Qui mit Carthage sous sa loi,
Jadis sous le nom de Térence
Sut-il mieux badiner que toi?

Ta muse avec utilité

Dit plaisamment la vérité;
Chacun profite à ton école;

Tout en est beau, tout en est bon;
Et ta plus burlesque parole
Est souvent un docte sermon.

Laisse gronder tes envieux;

Ils ont beau crier en tous lieux
Qu'en vain tu charmes le vulgaire,
Que tes vers n'ont rien de plaisant :

1. Scipion. B.

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