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BIEN QUE LA RELIGION NE LE FASSE ENCORE MIEUX; ET LA RELIGION EN FAIT BEAUCOUP QUE LA PHILOSOPHIE NE SAUROIT FAIRE.

«Nos gouvernements modernes doivent incontestablement au christianisme leur plus solide autorité et leurs révolutions moins fréquentes: il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires : cela se prouve par le fait, en les comparant aux gouvernements anciens. La religion, mieux connue, écartant le fanatisme, a donné plus de douceur aux mœurs chrétiennes. Ce changement n'est point l'ouvrage des lettres; car, partout où elles ont brillé, l'humanité n'en a pas été plus respectée : les cruautés des Athéniens, Egyptiens, des empereurs de Rome, des Chinois, en font foi. Que d'œuvres de miséricorde sont l'ouvrage de l'Évangile! »

Pour nous, nous sommes convaincu que le christianisme sortira triomphant de l'épreuve terrible qui vient de lo purifier; ce qui nous le persuade, c'est qu'il soutient parfaitement l'examen de la raison, et que plus on le sonde, plus on y trouve de profondeur. Ses mystères expliquent l'homme et la nature; ses œuvres appuient ses préceptes; sa charité, sous mille formes, a remplacé la cruauté des anciens; il n'a rien perdu des pompes antiques, et son culte satisfait davantage le cœur et la pensée : nous lui devons tout, lettres, sciences, agriculture, beaux-arts; il joint la morale à la religion, et l'homme à Dieu : Jésus-Christ, sauveur de l'homme moral, l'est encore de l'homme physique; il est arrivé comme un grand événement heureux pour contre-balancer le déluge des Barbares et la corruption générale des mœurs. Quand on nieroit même au christianisme ses preuves surnaturelles, il resteroit encore dans la sublimité de sa morale, dans l'immensité de ses bienfaits, dans la beauté de ses pompes, de quoi prouver suffisamment qu'il est le culte le plus divin et le plus pur que jamais les hommes aient pratiqué.

« A ceux qui ont de la répugnance pour la religion, dit Pascal, il faut commencer par leur montrer qu'elle n'est point contraire à la raison; ensuite qu'elle est vénérable et en donner respect; après, la rendre aimable et faire souhaiter qu'elle fût vraie; et puis montrer par des preuves incontestables qu'elle est vraie; faire voir son antiquité et sa sainteté par sa grandeur et son élévation. >>

Telle est la route que ce grand homme avoit tracée, et que nous avons essayé de suivre. Nous n'avons pas employé les arguments ordinaires des apologistes du christianisme, mais un autre enchaînement de preuves nous amène toutefois à la même conclusion; elle sera le résultat de cet ouvrage :

Le christianisme est parfait; les hommes sont imparfaits. Or, une conséquence parfaite ne peut sortir d'un principe imparfait.

Le christianisme n'est donc pas venu des hommes.

S'il n'est pas venu des hommes, il ne peut être venu que de Dieu. S'il est venu de Dieu, les hommes n'ont pu le connoître que par révélation.

Donc le christianisme est une religion révélée.

FIN DU GENIE DU CHRISTIANISME.

DU

GÉNIE DU CHRISTIANISME,

PAR L'AUTEUR '.

Il n'y a peut-être qu'une réponse noble pour un auteur attaqué, le silence: c'est le plus sûr moyen de s'honorer dans l'opinion publique.

Si un livre est bon, la critique tombe; s'il est mauvais, l'apologie ne le justifie pas.

Convaincu de ces vérités, l'auteur du Génie du Christianisme s'étoit promis de ne jamais répondre aux critiques : jusqu'à présent il avoit tenu sa résolution,

Il a supporté sans orgueil et sans découragement les éloges et les insultes les premiers sont souvent prodigués à la médiocrité, les secondes au mérite.

Il a vu avec indifférence certains critiques passer de l'injure à la calomnie, soit qu'ils aient pris le silence de l'auteur pour du mépris, soit qu'ils n'aient pu lui pardonner l'offense qu'ils lui avoient faite en vain.

Les honnêtes gens vont donc demander pourquoi l'auteur rompt le silence, pourquoi il s'écarte de la règle qu'il s'étoit prescrite? Parcequ'il est visible que, sous prétexte d'attaquer l'auteur, on veut maintenant anéantir le peu de bien qu'a pu faire l'ouvrage. Parceque ce n'est ni sa personne, ni ses talents vrais ou supposés, que l'auteur va défendre, mais le livre lui-même; et ce livre, il ne le défendra pas comme ouvrage littéraire, mais comme ouvrage religieux.

Le Génie du Christianisme a été reçu du public avec quelque indulgence. A ce symptôme d'un changement dans l'opinion, l'esprit de sophisme s'est alarmé; il a cru voir s'approcher le terme de sa trop longue faveur. Il a eu recours à toutes les armes ; il a pris tous les déguisements, jusqu'à se couvrir du manteau de la religion, pour frapper un livre écrit en faveur de cette religion même.

Il n'est donc plus permis à l'auteur de se taire. Le même esprit

On sent bien que les critiques dont il est question dans la Defense ne sont pas ceux qui ont mis de la décence ou de la bonne foi dans leurs censures à ceux-là je ne dois que des remerciments.

qui lui a inspiré son livre le force aujourd'hui à le défendre. Il est assez clair que les critiques dont il est question dans cette Défense n'ont pas été de bonne foi dans leur censure: ils ont feint de se méprendre sur le but de l'ouvrage; ils ont crié à la profanation; ils se sont donné de garde de voir que l'auteur ne parloit de la grandeur, de la beauté, de la poésie même du christianisme, que parcequ'on ne parloit, depuis cinquante ans, que de la petitesse, du ridicule et de la barbarie de cette religion. Quand il aura développé les raisons qui lui ont fait entreprendre son ouvrage ; quand il aura désigné l'espèce de lecteurs à qui cet ouvrage est particulièrement adressé, il espère qu'on cessera de méconnoître ses intentions et l'objet de son travail. L'auteur ne croit pas pouvoir donner une plus grande preuve de son dévouement à la cause qu'il a défendue, qu'en répondant aujourd'hui à des critiques, malgré la répugnance qu'il s'est toujours sentie pour ces controverses.

Il va considérer le sujet, le plan et les détails du Génie du Christianisme.

SUJET DE L'OUVRAGE.

On a d'abord demandé si l'auteur avoit le droit de faire cet ouvrage.

Cette question est sérieuse ou dérisoire. Si elle est sérieuse, le critique ne se montre pas fort instruit de son sujet.

Qui ne sait que, dans les temps difficiles, tout chrétien est prêtre et confesseur de Jésus-Christ? La plupart des apologies de la religion chrétienne ont été écrites par des laïques. Aristide, saint Justin, Minucius Félix, Arnobe et Lactance, étoient-ils prêtres? Il est probable que saint Prosper ne fut jamais engagé dans l'état ecclésiastique; cependant il défendit la foi contre les erreurs des semi-pélagiens: l'Église cite tous les jours ses ouvrages à l'appui de sa doctrine. Quand Nestorius débita son hérésie, il fut combattu par Eusèbe, depuis évêque de Dorylée, mais qui n'étoit alors qu'un simple avocat. Origène n'avoit point encore reçu les ordres lorsqu'il expliqua l'Écriture dans la Palestine, à la sollicitation même des prélats de cette province. Démétrius, évêque d'Alexan-. drie, qui étoit jaloux d'Origène, se plaignit de ces discours comme d'une nouveauté. Alexandre, évêque de Jérusalem, et Théoctiste de Césarée, répondirent « que c'étoit une coutume ancienne et générale dans l'Eglise, de voir des évêques se servir indifféremment de ceux qui avoient de la piété et quelque talent

'S. Hieron. Dial. c. Lucif.

pour la parole. » Tous les siècles offrent les mêmes exemples. Quand Pascal entreprit sa sublime apologie du christianisme; quand La Bruyère écrivit si éloquemment contre les esprits forts; quand Leibnitz défendit les principaux dogmes de la foi; quand Newton donna son explication d'un livre saint; quand Montesquieu fit ses beaux chapitres de l'Esprit des Lois en faveur du culte évangélique, a-t-on demandé s'ils étoient prêtres? Des poëtes même ont mêlé leur voix à la voix de ces puissants apologistes, et le fils de Racine a défendu en vers harmonieux la religion qui avoit inspiré Athalie à son père.

Mais si jamais de simples laïques ont dû prendre en main cette cause sacrée, c'est sans doute dans l'espèce d'apologie que l'auteur du Génie du Christianisme a embrassée; genre de défense que commandoit impérieusement le genre d'attaque, et qui ( vu l'esprit des temps) étoit peut-être le seul dont on pût se promettre quelque succès. En effet, une pareille apologie ne devoit être entreprise que par un laïque. Un ecclésiastique n'auroit pu, sans blesser toutes les convenances, considérer la religion dans ses rapports purement humains, et lire, pour les réfuter, tant de satires calomnieuses, de libelles impies, et de romans obscènes.

Disons la vérité : les critiques qui ont fait cette objection en connoissoient bien la frivolité; mais ils espéroient s'opposer, par cette voie détournée, aux bons effets qui pouvoient résulter du livre. Ils vouloient faire naître des doutes sur la compétence de l'auteur, afin de diviser l'opinion, et d'effrayer des personnes simples qui peuvent se laisser tromper à l'apparente bonne foi d'une critique. Que les consciences timorées se rassurent, ou plutôt qu'elles examinent bien, avant de s'alarmer, si ces censeurs scrupuleux, qui accusent l'auteur de porter la main à l'encensoir, qui montrent une si grande tendresse, de si vives inquiétudes pour la religion, ne seroient point des hommes connus par leur mépris ou leur indifférence pour elle. Quelle dérision! Tales sunt hominum mentes.

La seconde objection que l'on fait au Génie du Christianisme a le même but que la première; mais elle est plus dangereuse, parcequ'elle tend à confondre toutes les idées, à obscurcir une chose fort claire, et surtout à faire prendre le change au lecteur sur le véritable objet du livre.

Les mêmes critiques, toujours zélés pour la prospérité de la religion, disent:

"

« On ne doit pas parler de religion sous les rapports purement humains, ni considérer ses beautés littéraires et poétiques. C'est nuire

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