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Hipponax vécut un siècle après lui, et lança des satires contre deux sculpteurs qui l'avaient représenté trop laid à son gré; il vivait en 543. Simonide, natif de l'île de Chio, était plus jeune; il composa des élégies et des satires, entre autres une contre les femmes. Elle est écrite avec peu de décence et de bon goût, mais avec énergie. On y trouve une comparaison ingénieuse de la femme qui se repose avec confiance et avec orgueil sous l'abri d'un amant à cette jument superbe qui laisse flotter sous le souffle du zéphyr sa belle crinière ondoyante; et une autre de la femme vertueuse à cette industrieuse abeille qui ne se nourrit que du suc le plus pur des roses. Cependant, Barberius assure que Simonide ne put jamais se faire aimer d'une femme; toutes. étaient indignées de cette satire.

Ces trois poëtes écrivirent en vers iambiques. Sophron de Syracuse composa dans un autre genre. Il publia, 480 ans avant J. C., des satires sous le nom de mimes, c'est-à-dire représentées et en style burlesque; on dit qu'elles furent une des lectures favorites de Platon. Cependant, on assure que les proverbes, les allégories, les figures et les équivoques y étaient entassés sans ordre et sans goût.

Deux siècles après, Apollonius de Rhodes pu

blia contre Callimaque quelques invectives en vers. Mais aucun de ces poëtes ne forma de la satire un genre particulier. Son nom même n'est pas grec, il est latin. Ainsi Quintilien a dit avec vérité : « La satire est romaine, elle est toute nôtre. » Horace pense aussi que les Grecs ne l'ont point connue, en ce sens qu'ils ne l'ont pas cultivée particulièrement. Son nom dérive de satura opera, comme on a dit satur color, d'une étoffe bien teinte, c'est-à-dire pleine de couleur, et on dit satura lex, loi complète, loi embrassant tout ce qui appartient au sujet qu'elle traite.

Les premiers vers satiriques furent nommés saturniens. La joie les inspira, dans les premières fêtes du peuple romain, qui furent dédiées à Saturne. Les railleries qu'ils renfermaient devinrent si amères que les législateurs se crurent forcés de les défendre expressément. La loi des Douze Tables ordonna, en l'an 302 de Rome, que si un citoyen avait composé ou récité des chants qui pussent en déshonorer un autre, il serait condamné à mort; mais en l'an de Rome 390, sous le consulat de Sulpitius Peticus et de Licinius Stolo, la peste ravagea Rome, et les consuls s'efforcèrent de distraire le peuple de ses maux. Ils firent venir de Toscane

des histrions, ainsi nommés du mot hister, qui signifiait acteur en public.

Ces acteurs dansaient et gesticulaient de diverses manières au son de la flûte. La jeunesse romaine les applaudit et les imita.

Elle joignit alors les danses et les mimes de ces Toscans aux chants satiriques qu'elle récitait dans les fêtes, et accorda les mouvements des pieds avec les sons de la voix. Ce divertissement plut généralement et fut cultivé et applaudi en conservant les mêmes formes jusqu'en 514.

Ce fut en cette année, sous le consulat de Claudius et de Tuditanus, qu'Andronicus fit jouer sa première pièce; et la poésie dramatique qu'il imita des Grecs, qui la cultivaient avec succès depuis plusieurs siècles, s'établit alors sur le théâtre des Romains.

Ennius eut une autre pensée, il ne voulut pas dépendre de la foule turbulente qui se portait à ces premiers spectacles.

Il essaya de recueillir dans un discours suivi, adressé à des lecteurs ou à des auditeurs froids et tranquilles, toutes les plaisanteries et les censures que les pièces de théâtre contenaient, et telle fut l'origine de la véritable satire.

Ennius a été regardé comme un poëte plein de force et d'énergie, toujours élevé dans son style trop peu travaillé, et quelquefois sublime avec une expression vieillie.

Ovide l'a bien jugé : ingenio maximus, arte rudis, excellent par l'invention, barbare dans l'exécution, et Properce lui a offert la couronne qu'il a méritée.

Quintilien, développant cette pensée dans une comparaison ingénieuse, a dit avec justesse : « Nous révérons Ennius comme ces anciens bois sacrés dont les hauts chênes antiques semblent moins superbes par leur grandeur que par la religion qui les a consacrés. »

Il nous reste d'Ennius des fragments pleins d'esprit et de mordant, qui justifient l'estime de son siècle : il a quelquefois des pensées dignes d'Horace, mais il faut convenir qu'il n'a jamais son style. Je citerai seulement le portrait de la coquette :

Comme on voit un ballon, commun à vingt joueurs,
Passer de main en main aux yeux des spectateurs,
La coquette est à l'un et déjà court aux autres ;
Elle vante mes vers en répétant les vôtres,
Et lui promet l'anneau qu'elle accepte de moi;
Elle dit qu'elle m'aime, et lui donne sa foi;

Puis, serrant votre main, c'est mon pied qu'elle presse;
Elle sourit à tous; tout en elle est caresse ;

Oui, tout, son pied, sa main, son souris et ses yeux
Servent en même temps à faire quatre heureux.

On reproche à ce poëte, comme à plusieurs autres, d'avoir eu de lui-même une trop haute opinion car il assurait dans le premier livre de ses Annales que par la métempsycose l'âme et l'esprit d'Homère étaient passés dans son corps.

Pacuvius, fils de la sœur d'Ennius, imita le genre de poëmes inventé par son oncle, mais il polit plus ses vers, travailla sa diction avec soin, et s'appliqua surtout à s'instruire profondément. Son style y gagna, car il sut placer dans ses poëmes. des imitations d'Homère, entre autres lorsqu'il voulut se moquer des devins déjà ridiculisés par Ennius.

Lucilius naquit lorsque Pacuvius brillait; à son tour, il brilla lorsque Pacuvius fut devenu vieux ; mais il éclipsa ses prédécesseurs, et on le crut inventeur du poëme qu'il a cultivé ; il n'adopta qu'un mètre nouveau. Jusqu'alors on avait écrit la satire en vers iambiques, il employa le vers hexamètre. Perse, Horace et Juvénal l'imitèrent, et c'est sous

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