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à me communiquer. Je serais assurément bien tenté d'aller à Paris, quand je ne devrais passer que deux heures au Temple; mais la rigueur de la saison et quelques affaires, me retiendront à la campagne peut-être pendant tout le mois; ainsi, mon cher Le Brun, je vous prie de m'écrire ce que vous vous proposiez de me dire, et de ne pas faire languir ma curiosité, surtout si c'est quelque chose qui vous intéresse.

Bien des respects à madame Le Brun. Je n'ai point de vœu à faire, ni pour elle, ni pour vous: je n'en ferais qu'un seul pour moi; ce serait de vous voir souvent l'un et l'autre. J'espère que quelque bonne fortune pourra nous rapprocher, comme je le desire. Ne m'oubliez pas auprès de l'aimable Comte; et en attendant que j'aie l'honneur d'aller faire ma cour à madame la Comtesse, je vous prie de l'entretenir dans les sentimens favorables que vous lui avez enfin inspirés pour moi. Nous vous embrassons tous de tout notre

cœur.

PALISSOT.

LETTRE L.

A M. PALISSOT.

Ce mardi soir, janvier 1768.

GRAND merci, mon cher Palissot, de l'Antiquité dévoilée que vous me faites le plaisir de m'envoyer. Le commissionnaire qui me l'apporte me trouve au coin du feu, affublé d'un rhume épouvantable. Madame Le Brun, qui est bien sensible à votre souvenir, est au même instant retenue dans son lit pour la même cause : elle crache même un peu de sang. Vous voyez que voilà un jour de l'an un peu en déroute. Je n'oublierai pas votre Cicéron, de Lambin ou d'Étienne. Sans doute j'avais mille choses à vous dire; mais que j'aime mieux confier à votre oreille qu'au papier. Hier, j'ai dîné et soupé avec madame de Brancas; nous sommes restés seuls l'après-dîner. Je lui ai beaucoup parlé de vous; et je puis vous assurer qu'elle attend, avec l'impatience la plus flatteuse, le plaisir de vous voir. Vous dire que je suis brouillé avec la maison Turpin par un quiproquo risible, ce n'est peut-être pas vous étonner infiniment. Que ce petit mystère soit entre nous. Je

vous ai annoncé que j'aurais bien des choses à vous détailler à ce sujet. Tout cela est pour notre entrevue à Paris. Madame de Brancas est d'un caractère charmant, et bien au-dessus de toutes ces petites misères.

Adieu, mon cher Palissot, je vous attends avec impatience, et vous embrasse de tout mon cœur.

LE BRUN.

LETTRE LI

DU MÊME.

A Paris, ce 24 janvier 1768.

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SANS ANS doute, mon cher Palissot, le radotage a ses agrémens, surtout quand on en use avec une radoteuse charmante; et voilà le bonheur dont vous jouissez. J'irai donc radoter avec vous et je ne croirai pas m'éloigner de la Nature, en m'approchant d'Argenteuil. J'ai cru d'abord qu'il me serait impossible de partager les plaisirs de votre agréable carnaval. Vous savez qu'on est fort distrait dans ce temps de frivolité; cependant, le desir de vous voir, de jouer le rôle de Valère, qui est divin pour le sentiment, et celui de l'Antiquaire, qui est d'une excellente plaisanterie, tout cela était bien capable de me faire accepter la proposition de ces demoiselles, dont je suis le très-humble serviteur. Le comte de Brancas, à qui j'ai lu votre lettre, m'a déterminé. Il a la plus grande envie de me voir jouer : il m'a proposé de me mener et de me ramener. Il est pour vous de la plus belle amitié du monde. La comtesse vous desire toujours avec le plus grand

empressement. Je serai toujours sûr de réussir quand je serai votre conciliateur auprès de l'esprit, des grâces et du sentiment; mais je suis de glace pour tout ce qui n'est point cela. Vous

m'entendez à demi-mot.

Adieu, mon cher ami, je vous embrasse, et suis tout à vous.

* ?

LE BRUN..

Mes hommages à madame Fauconnier, à la charmante mère Bobi, et à ces demoiselles, s'il vous plaît. Madame Le Brun se porte un peu mieux; elle est bien sensible à votre souvenir.

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