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que j'habite. Puisque vous daignez, Monsieur, entrer dans ces petits détails, je m'en rapporte entièrement à votre bonne volonté, et à l'intérêt que vous prenez à un nom qui doit être si cher à tous les gens de lettres.

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentimens de l'estime et de l'amitié que vous m'inspirez,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

VOLTAIRE.

J

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E vous prie de croire, Monsieur, que personne, après mademoiselle Corneille, n'est plus sensible que moi aux grâces que vous mêlez à votre bienfait. Je me félicite de plus en plus d'avoir uni deux noms si chers à ma patrie, et j'ose dire à l'Europe. Je précipiterai le départ de mademoiselle Corneille, pour hâter son bonheur. Madame Le Brun et moi comptons la mener mercredi pour ses adieux chez madame Dargental; madame Lauraguès s'y trouvera; elle est curieuse de voir avant son départ votre illustre protégée. Tout ce qu'il y a ici de gens de distinction et de mérite applaudis, sent à son bonheur. Ce départ sera vendredi, s'il est possible.

Croyez, Monsieur, que tous les petits détails d'un voyage qui vous intéresse m'honorent infiniment. Il n'appartenait qu'à vous d'être un bienfaiteur assez noble, assez délicat pour me remereier de l'intérêt que je prends au nom de Corneille, tandis que ce nom vous devra tout, et

que le public en est instruit. Vous me flattez d'un peu d'amitié, c'est le plus beau présent que vous puissiez me faire. Mes sentimens le méritent peut-être, et je puis vous dire :

Si ma place est dans votre cœur,

Elle est la première du monde.

J'ai l'honneur d'être plus que personne,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,

LE BRUN.

Je vous prie de faire agréer mes respects à madame Denis. Je reçois dans le moment une lettre M. le président Hénault, au sujet de ma pièce et de votre bienfait. Elle est pleine d'esprit et de sentiment, et rend hommage à la noblesse de votre procédé.

M. Mallet, génevois, homme de lettres, doit avoir eu l'honneur de vous présenter six exemplaires de l'ode imprimée.

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LETTRE VI.

DE M. DE VOLTAIRE.

Aux Délices, 9 décembre 1760.

LES dernières lettres, Monsieur, que j'ai eu l'honneur de recevoir de vous, augmentent la satisfaction que j'ai de pouvoir être utile à l'unique héritière du grand nom de Corneille. J'ai relu avec un nouveau plaisir votre ode , que vous avez fait imprimer. Ma réponse à vos lettres ne méritait certainement pas de paraître à la suite de votre ode. Les lettres qu'on écrit avec simplicité, qui partent du cœur, et auxquelles l'ostentation ne peut avoir part, ne sont pas faites pour le public. Ce n'est pas pour lui qu'on fait le bien; car souvent il le tourne en ridicule. La basse littérature cherche toujours à tout empoi sonner; elle ne vit que de ce métier. Il est triste que votre libraire Duchêne ait mis le titre de Genève à votre ode, à votre lettre et à ma réponse. Il semblerait que j'ai eu le ridicule de faire moimême imprimer ma lettre. Vous savez que quand la main droite fait quelque bonne œuvre, il ne faut pas qu'elle le dise à la main gauche, Je vous

supplie très - instamment de faire ôter ce titre de Genève. Votre ode doit être imprimée hautement à Paris, c'est dans l'endroit où vous avez vaincu que vous devez chanter le Te Deum. On n'imprime que trop à Paris sous le titre de Genève. On croit que j'habite cette ville; on se trompe beaucoup; je ne dois d'ailleurs habiter que mes terres; elles sont en France, et le séjour doit m'en être d'autant plus agréable que le roi a daigné les gratifier des plus grands priviléges. Ma mauvaise santé m'a forcé de vivre dans le voisinage de M. Tronchin. Mon goût et mon âge me font aimer la campagne; et ma reconnaissance pour Sa Majesté, qui m'a comblé de bienfaits, me rend encore plus chère cette campagne, dans laquelle j'aurai le plaisir de parler de vous à la petite-fille du grand Corneille.

Comptez, Monsieur, que j'ose me croire aut rang de vos amis, indépendamment de la formule du très-humble et très-obéissant serviteur,

VOLTAIRE.

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