Obrázky na stránke
PDF
ePub

Et ce n'était pas nous! ajoutaient-elles avec un sourire amer. Crois-moi ; apaise au plutôt leur courroux. Hélas! je connais trop cette famille adorable et colère. Nymphe autrefois, n'ai-je pas été moi-même la victime d'une vengeance de l'Amour? Vénus, que je servais, Vénus, même, n'a pu m'en préserver. Quoi! tu serais cette fidèle et malheureuse Péristère ! Oui, c'est moi, répondit-elle avec un profond soupir; oui, c'est à moi que Vénus dut la gloire de triompher de l'amour. Il avait gagé trois plumes de ses ailes contre une boucle des cheveux de Vénus, qu'il aurait cueilli plus de fleurs que sa mère, avant qu'une seule fille du Temps, une heure fugitive, eût achevé sa course. L'Amour, aussi rapide qu'elle, effleurait l'émail des prairies. Qu'il a d'attrait et de puissance! Les fleurs s'empressaient de naître pour lui plaire; les fleurs semblaient voler au-devant de ses mains. Déjà il se croyait sûr de la victoire. Je tremblai pour ma Déesse. En secret, j'aidai Vénus. L'Amour perdit, et détacha en soupirant trois plumes de ses ailes. Depuis, ayant su ma ruse, le cruel me changea en colombe. Ne crois pas ses sœurs moins vives, ni moins terribles dans leurs vengeances.

poésies diverses, tome 3, page 403. On voit que cette lettre fut écrite à l'occasion de la même pièce. (Note de l'Éditeur.)

Ah! m'écriai-je, que ne te dois-je pas, bienfaisante Colombe! Puisse l'Amour ne plus trouver de roses pour sa couronne! Puisse-t-il voir expirer les cygnes qui traînent son char! Puisse Vénus ne donner qu'à toi ses baisers les plus tendres, et te nourrir toujours de sa plus douce ambroi şie mais daigne satisfaire ma curiosité. Rien de ce que perd l'Amour, rien de ce que gagne Vénus, ne peut être indifférent. Que sont devenues ces trois plumes fameuses? Personne, dit Péristère, ne le sait mieux que moi. Toutes trois, fidèles à leur origine, n'ont pu servir qu'à tracer l'Amour. Vénus me commanda de porter la première à l'amoureuse Sapho. Elle en écrivit ces Odes brûlantes qui enflâmaient le coeur des jeunes Lesbiennes. Elle embrasa des feux de l'Amour et Mytilène, et la Grèce et l'Univers. La sensible Deshoulière eut la seconde. Moins vive, et plus bergère que poète, elle écrivit plus à ses moutons qu'à ses amans. Elle peignit avec mollesse cette douce mélancolie, jouissance d'une âme calme et tendre. Enfin, par l'ordre de Vénus même, je portai, il y a quelque temps, la troisième à une jeune mortelle aussi aimable, aussi spirituelle que modeste. Elle a cette plume et s'efforce d'en douter. Avec quelle grâce elle a déjà 'tracé les vœux ardens de Lycoris, implorant du Destin un fils, semblable à son cher Hylas; et les ten

dres regrets de Clóé pour un Alexis trop infidèle! Le plus doux sentiment anime ses écrits. La plus riante imagination les colore. Son âme brille et parle dans ses yeux; mais le timide silence glace ses lèvres. Sensible, délicate, ingénue, qui saura la connaître, ne l'oubliera jamais! *** est son nom parmi les mortels; mais le Parnasse et les Dieux la nomment Amynte. Tous la connaissent; elle seule s'ignore.

Oui, Muse et Grâce tour à tour,
Amynte est faite pour la Gloire;
Amynte est faite pour l'Amour;

Mais il lui manque de le croire.

Rends-la, s'il t'est possible, crédule à ce qu'elle vaut. Elle seule peut te sauver du courroux des Grâces. Les Dieux ne refusent rien à sa lyre. Elle est bienfaisante; implore son secours. Supplie-la d'adresser, en ta faveur, un hymne aux Grâces irritées. Cet hymne deviendra célèbre : il sera doux, pour son âme sensible, d'obtenir ton pardon; et je crois qu'il t'en deviendra plus cher. A ces mots, qu'elle murmurait d'un ton plus tendre, l'aimable Colombe me jeta un doux regard, déploya ses ailes parfumées; et, plus légère que les Zéphyrs, s'envola vers Amathonte. Une odeur céleste embaumait mon asile; une partie de son discours resta dans ma mémoire, et l'autre dans

mon cœur; et le souvenir d'Amynte put seul me consoler du départ de la Colombe.

Que ne vous devrai-je pas, Madame, si vous voulez bien me faire connaître d'Amynte, et me réconcilier avec les Grâces par son entremise. Quoi qu'il arrive, je ne me croirai jamais entièrement brouillé avec elles, tant que je ne le serai pas avec vous.

C'est avec ces sentimens que je suis, en attendant la réponse d'Amynte ou la vôtre,

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]

LETTRE LIV.

A M. DE LA PLACE.

MONSIEUR,

Je viens d'apprendre, à l'instant même, une anecdote littéraire très-plaisante. Partisan de Boileau comme vous l'êtes, malgré l'honneur et les lauriers qu'on gagne à décrier ce grand homme, cette anecdote ne peut qu'intéresser votre Journal, dont le public avoue la justice et l'impartialité.

Quand Boileau donna sa neuvième Satire, ce chef-d'œuvre de goût et d'ironie, où Cotin est si justement et si plaisamment berné, témoin ces

vers:

Et qui saurait, sans moi, que Cotin a prêché?
La satire ne sert qu'à rendre un fat illustre.....
Cotin à ses sermons traînant toute la terre,
Fend des flots d'auditeurs pour aller à sa chaire.....
Avant lui, Juvénal avait dit en latin

Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin.....

Soit qu'enfin votre livre aille au gré de vos vœux

« PredošláPokračovať »