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Faire siffler Cotin chez nos derniers neveux.....

Mais pour Cotin et moi, qui rimons au hasard............

C'est ainsi que Lucile, appuyé de Lélie,

Fit justice, en son temps, des Cotins d'Italie.....
Qui méprise Cotin n'estime point son roi,
Et n'a, selon Cotin, ni,dieu, ni foi, ni loi.

Ce Cotin jeta les hauts cris, souleva toutes les fanges de la basse littérature, intéressa pour lui un certain nombre de plats auteurs, aussi délaissés que lui, et protesta hautement qu'Apollon se trouvait offensé dans la personne de M. Cotin. Comme le pâtissier Mignot, jadis distributeur à la mode de ses petits ouvrages, était mort, et que cet accident lui avait intercepté une des routes de sa réputation, il s'avisa, pour mieux prouver que la Satire de Boileau était un libelle, d'écrire lui-même un petit libelle en forme de billet circulaire; et, au lieu de le distribuer en enveloppes de pâtisserie, il l'inséra, avec non moins de malice et de gloire, dans le Mercure galant, qui, dèslors, était un livre très-fameux.

C'est là, c'est dans ce billet si ridicule, qu'il soutenait avec beaucoup de grâce, qu'à moins d'être calomniateur et libelliste, on ne pouvait, en conscience, trouver ses vers méchans et détestables; et cependant, tourmenté lui-même des reproches de sa conscience, il les trouva tels apparemment, puisqu'il s'avisa (l'adresse est

inouie) de nier publiquement trois volumes de ses vers, que lui-même avait donnés très-incognito sous son nom, avec une belle épître, signée Cotin.

Ah! Monsieur! trois volumes de plats vers reniés ! quel sacrifice au Dieu du Goût ! mais qu'il dut coûter à M. Cotin; et que c'était jouer à Despréaux un tour cruel et sanglant!

Ce qu'il y a de très-singulier, c'est qu'on m'apprend que monsieur D'arnaud de Baculard vient de tenir vis-à-vis de moi la même conduite que M. Cotin, son devancier, a tenue vis-à-vis de Boileau. Certainement ce rapport me fait beaucoup d'honneur; mais permettez-moi d'avouer ici, avec toute l'humilité possible, que je suis autant audessous de Boileau, que M. Baculard est lui-même au-dessous de M. Cotin.

En effet, ce dernier a fait de méchans vers; mais non pas les lamentables jérémiades; mais non pas un poëme épique dans le goût des Jérémiades. Il n'eût pas donné une préface à Quinte-Curce: il savait, dit-on, par cœur, Homère et Platon; et l'on doit lui savoir gré de ce madrigal, le plus délicat, peut-être, et le plus Catullien que nous ayons dans la poésie française.

Iris s'est rendue à ma foi;

Qu'eût-elle fait pour sa défense?

Nous n'étions que nous trois, elle, l'Amour et moi;
Et l'Amour fut d'intelligence.

J'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

LE BRUN.

LETTRE LV.

A DE BELLOY.

1765.

J'AI 'AI reçu, Monsieur, le don de votre ouvrage avec d'autant plus de plaisir, que je le regarde comme un gàge d'amitié. Mon cœur me répondait du vôtre. Je ne vous ai point fait l'injure de vous croire moins généreux que moi. Ne parlons plus d'erreurs qui ne furent point les nôtres.

Tout homme y peut tomber sans devenir coupable;
Il l'est, si sa fierté refuse d'en sortir.

Laissez frémir l'envie; pour moi je ne connais que celle d'applaudir à une gloire qui m'est chère. Je vous félicite bien sincèrement et des bontés du roi, et de la reconnaissance honorable de la ville de Calais, et des applaudissemens du public. J'ai lu et relu avec avidité le Siége de Calais. On ne pouvait manier avec plus d'adresse un sujet fort beau, sans doute, mais extrêmement difficile. Le drame marche et se développe avec simplicité, avec noblesse, avec chaleur. J'y trouve beaucoup de vérité ou de vraisemblance dans les

caractères, beaucoup de pathétique dans l'action, des momens bien saisis, des situations neuves, de grandes attitudes, des tableaux frappans, des scènes déchirantes, et surtout des sentimens admirables. Socrate faisait accoucher les esprits; vous avez su, pour ainsi dire, faire accoucher le cœur de toute une nation; vous l'avez rendue à l'honneur, qu'elle adore. Voilà le vrai mérite de votre tragédie; mais elle n'a pas d'aussi belles vignettes que le Régulus, de M. D***.

Selon moi, l'invention du rôle d'Aliénor est un coup de génie, et vous avez dû vous débarrasser, dès le premier acte du comte de Vienne, dont la présence eût obscurci les véritables héros de votre pièce. Le caractère du comte d'Harcourt est vraiment tragique; il a ce flux et ce reflux de passions, si nécessaire au théâtre.

Parmi des vers fort brillans, il en est un qui l'est moins, et dont je serais jaloux, si l'amitié permettait de l'être; c'est celui-ci :

Vous fûtes malheureux, et vous êtes cruel!

imitation la plus heureuse de ce beau vers de Virgile :

Non ignara mali, miseris succurrere disco.

Je trouve même que le vôtre a quelque chose

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