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port et la mer; mais pour le reste, il n'y a que Paris. Faites-moi la grâce, M. le Comte, de me rappeler au souvenir de madame la Comtesse, de M. de Lowendal, et même de Psyché; j'ajouterais et de M. le marquis de Choiseul, s'il n'est point mort de l'ennui cruel que je lui ai causé.

J'ai l'honneur d'être, avec l'attachement le plus respectueux et le plus tendre,

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

LE BRUN.

Mon adresse est chez M. Sieuve, rue Saint-Pons,

près la place de Loinche, à Marseille.

LETTRE LXVII.

DE M. PALISSOT.

A Argenteuil, ce 16 juillet 1769.

Les deux personnes de votre Trinité, mon cher Le Brun, me donnent le plus grand empressement de faire connaissance avec la troisième*. Que je m'applaudis de vous aimer, vous qui élevez à l'Amitié de si beaux temples, et qui me vengez en détail si heureusement de tous les sots qui me font l'honneur de me haïr! Continuez, mon cher Le Brun; votre Muse a tous les styles; elle m'enchante par sa variété. J'aime à vous voir tour à tour Pindare, Lucrèce, Virgile, Anacréon, Catulle, et je me dis avec orgueil que j'ai retrouvé tous ces grands hommes dans un de mes contemporains, dont j'ai l'avantage d'être l'ami.

Votre paon greffé sur un oison, est un portrait si fidèle, si plaisant, que, s'il n'était pas de vous,

* Ce sont les trois épîtres au comte de Brancas, qui terminent le premier livre des Épîtres, tome 11 de cette édition, pages 160 à 174. (Note de l'Éditeur.)

je crois que j'en aurais de la jalousie. Ah! mon ami, comme il embellirait la Dunciade! Mais à propos de la Dunciade, devinez à qui je viens de la lire ?... je vous le donne en dix mille.... Allons, évertuez un peu votre imagination. Tout poète et devin que vous êtes, j'ai bien peur que vous ne réussissiez pas. Pour ne plus vous tenir en suspens, c'est à M. le comte de Lauraguais, qui est venu dîner à Argenteuil, et qui me paraît très-disposé à y revenir. Je ne désespère pas de lui faire aimer les Philosophes; car il a pris fort en gré la Dunciade, et vous croirez facilement qu'aucune finesse ne lui en est échappée. Vous voyez, mon ami, que le temps opère de singuliers prodiges, et que dans la vie il ne faut douter

de rien.

et

Je ferai certainement le voyage de Soucarrière, mon cher Le Brun. Le Parnasse doit être là, c'est dans cet heureux séjour peut-être qu'Apollon me réserve encore quelques-unes de ses faveurs; mais si son inspiration me manque, je jouirai de celles qu'il vous prodigue. Je verrai la divinité à laquelle vous avez bâti une chapelle si élégante; j'oserai lui offrir quelques grains d'encens ; et l'aimable Comte, que j'embrasse de tout mon cœur, voudra bien me permettre au moins d'officier quelquefois à côté du sacristain. Chargez-vous, mon cher ami, de faire agréer mes

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hommages et mon respect. Je serais parti sur le champ pour Soucarrière, si nous n'avions pas du monde : je ne serai libre qu'à la fin du mois. J'attendrai les ordres de monsieur le comte de Brancas; mais j'espère qu'avant ce temps- là, vous me donnerez encore une marque de votre

souvenir.

Adieu, mon cher Le Brun, je vous aime de

tout mon cœur.

PALISSOT.

LETTRE LXVIII.

DE LE BRUN.

PARDON, mon cher Palissot, pardon; voici enfin la dernière personne de ma Trinité que je vous envoie. L'intervalle est long, j'en conviens; mais vous savez que l'autre ne s'est pas complétée en un jour; et que le Fils et le Saint-Esprit sont apparus aux mortels long-temps après le Père tout-puissant; ainsi donc, etc. Bible et plaisanterie à part, si vous pouvez trouver quelqu'un plus flatté que moi de recevoir de vos lettres, mais en même temps plus paresseux, je vous prie de me l'apprendre pour que je ne le croye pas. Quelqu'envie que j'eusse de vous communiquer mon épître, je la trouvais si longue à copier que je remettais toujours d'un moment à l'autre. Enfin un honnête ami m'a heureusement débarrassé de cette fatigue que je hais à la mort. Cette épître est écrite de la campagne et du fond d'une grotte, que j'ai fait construire dans une petite île charmante. Comme elle est assez étendue, j'ai tâché de la varier autant qu'il m'a été possible, et d'y répandre une légèreté.

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