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ami; je ne cesserai jamais de faire des vœux ardens pour votre parfait bonheur, et pour la conservation de vos jours précieux à toute là terre, et surtout à ceux qui ont le bonheur de vous connaître personnellement.

J'ai pris la liberté, mon très-illustre ami, de vous arranger, de mes propres mains, une petite cassette de marasquin de Zara. Je vous l'enverrai par la voie de Lyon, que je crois la plus sûre. Je vous prie simplement de me dire si vous aimez mieux que je vous la fasse tenir à Paris, ou bien à votre château de Montbard.

Je viens d'entendre que monseigneur le prince Gonzague s'est marié à Marseille; en auriez-vous des nouvelles ?

Vous m'obligerez infiniment, mon très-cher Comte, si vous me rappelez au souvenir de M. votre fils, du plus aimable des enfans, et si vous lui faites agréer mes tendres complimens. Je souhaite que les ailes du temps redoublent de vitesse pour m'apporter bientôt le jour où j'aurai le bonheur de le voir en Italie.

Agréez, mon très-respectable ami, tous les sentimens de l'amitié la plus tendre et de la plus vive reconnaissance.

La comtesse SUARDO DE GRISMONDI.

LETTRE LXXXIII.

DE LE BRUN

A MADAME LA COMTESSE DE GRISMONDI.

A Paris, ce 30 juillet 1780.

Quor! la Colombe parfumée

Qu'Amour lui-même avait formée

Pour le char de Vénus et les plus tendres jeux,
D'une sublime ardeur tout à coup animée,

Va jusqu'à l'Olympe orageux
Disputer à l'Aigle enflâmée

Le tonnerre et ses triples feux!

Voilà, madame la Comtesse, ce qu'inspire la sublime traduction que vous avez daigné faire de mon Ode à Buffon! Combien je vous dois de remercîmens, et quels termes pourront jamais exprimer ma reconnaissance! Vous avez fait connaître à l'Italie mon nom et mes ouvrages; vous avez prêté à mes vers une plus douce harmonie. J'ai cru parler moi-même la langue de Pétrarque et du Tasse; comment aurais-je pu me défendre d'un secret orgueil?

J'ai osé chanter le divin interprète de la Nature. L'amitié qui lui fut toujours chère, la poésie dont

il a souvent emprunté les pinceaux, lui devaient un hommage. Heureux d'avoir payé ce tribut à un grand homme et à mon ami! Satisfait de son suffrage et de celui des hommes de lettres de ma patrie, je ne m'attendais pas qu'une Muse étrangère viendrait encore embellir et consacrer mes chants.

Pour rendre mon ouvrage plus digne de l'honneur que vous lui avez fait, madame la Comtesse, je l'ai corrigé avec la plus sévère attention. J'ai changé un grand nombre de vers; j'ai supprimé des strophes entières. J'avoue que ce sacrifice m'a bien coûté, après les avoir lues dans votre belle traduction; mais j'ai cru que le poëme aurait plus de rapidité et de chaleur.

J'ai regretté de ne point trouver dans la copie que vous avez envoyée à M. le comte de Buffon, la strophe qui suit le discours de l'Envie, et qui commence en français par ce vers :

Elle dit, et courant le long des rives sombres, etc.

et celle où après avoir peint Morphée qui s'enfuit, les filles du Styx qui renversent dans leur vol les tubes et les sphères du demi-dieu, je m'écrie:

O divine Uranie, en ce moment funeste, etc.

mouvement plein de tendresse, emprunté de Virgile dans une de ses églogues. Je me croirais

heureux de les lire avec le reste de l'ouvrage dans une copie plus entière.

J'ai l'honneur de vous envoyer, madame la Comtesse, une Ode nouvelle que j'ai adressée au Pline français. Je souhaite qu'elle obtienne aussi votre suffrage: elle vous intéressera du moins par le sujet. Vous verrez, madame la Comtesse, par le seul titre de ma nouvelle Ode à cet illustre écrivain, que le Génie trouve encore des détracteurs et des ennemis. Vous ne les redoutez point. Notre sexe doit admirer également et vos talens et vos grâces. Le vôtre, reconnaissant de l'immortel honneur que lui fait votre esprit, vous pardonnera d'être belle.

Docte et charmante Grismondi,

Commandez à Paphos, régnez sur l'Hippocrène.
Apollon et l'Amour, par un chòix applaudi,
Vous en nomment la souveraine.

Par vous mes foibles chants au Pinde sont connus.
Je ne dois qu'à vous seule une gloire immortelle ;
Je vous dois mon bonheur ; il ne lui manque plus
Que de voir les beaux vers de la Sapho nouvelle
Sortir d'une bouche si belle,

Qu'on la croit celle de Vénus.

LETTRE LXXXIV.

DE LA COMTESSE DE GRISMONDI A LE BRUN.

A Bergame, ce 5 avril 1783.

MONSIEUR,

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J'EUS l'honneur de vous écrire dans le mois de novembre passé, en vous envoyant quelques exemplaires de ma traduction de votre sublime Ode au comte de Buffon. J'écrivis en même temps deux lettres à cet illustre écrivain, et j'ignore encore si tout cela est arrivé à Paris. Daignez Monsieur, m'en informer; et vous redoublerez ma reconnaissance, si vous avez encore la bonté de me donner des nouvelles de ce digne et respectable ami. Excusez-moi, Monsieur, honorezmoi toujours de votre précieuse amitié, et croyez que je suis et que je serai éternellement, avec tous les sentimens de la plus tendre reconnaissance et de la plus véritable estime, avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Monsieur,

Votre très-obéissante et affectionnée

servante,

La comtesse SUARDO DE GRISMONDI.

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