Obrázky na stránke
PDF
ePub

LETTRE XCIII.

A M. PALISSOT.

Ce 24 pluviose an iv de la rép. fr. (13 février 1796. )

Hoc erat in votis! Il m'est bien doux, mon cher Palissot, d'avoir à vous annoncer que l'Institut national vous a nommé un de ses six Associés à la section de Poésie. Saint-Lambert est du nombre. Marmontel est Associé à la section de Grammaire. La Harpe n'est d'aucune. Vous voilà plus qu'académicien, sans avoir fait la moindre démarche pour le devenir. Vous savez que pour être membre non-associé, il fallait avoir sa résidence à Paris, et la vôtre à Mantes est connue. Vous vous doutez bien, mon cher ami, que partout' où je serai, je me ferai gloire et plaisir de vous y appeler. Il a fallu livrer quelques combats à d'imbéciles préjugés, mais la victoire a été pleinement remportée. Je ne vous dirai point combien a frémi, à votre nom seul, toute cette cabale qui ne vous pardonnera jamais ni les Philosophes, ni la Dunciade, ni enfin d'avoir plus d'esprit qu'elle.

Adieu, mon cher Palissot ; je voudrais que cette nomination vous fit autant de plaisir qu'à moi. Je vous embrasse de tout mon cœur,

Je voudrais bien que quelque hasard heureux vous amenât à Paris, et m'y procurât le plaisir de vous voir. J'ai fait bien des choses nouvelles depuis que je vous ai vu, en dépit de ma cécité presque totale qui me fait griffonner, au point que j'ignore si vous pourrez me lire. J'écris pres que au hasard, et je ne puis me relire moi-même. Je compte réciter mon Ode sur l'Enthousiasme à la première assemblée publique. Il y a des changemens, et cinq strophes nouvelles. Je vous desirerais bien à notre assemblée ce jour-là. Adieu encore une fois.

LE BRUN.

P. S. J'ai su qu'une réponse que j'avais faite à une lettre charmante, car elle était de vous, s'étant perdue, je ne devais pas être étonné de votre silence, dont je commençais à me plaindre. Vous savez combien votre suffrage m'est cher, vous, nostrorum sermonum candide judex. J'ignore si les numéros de la Décade vous parviennent à Mantes; vous y auriez pu voir une nouvelle Ode de cent soixante-dix vers. Je vous la recommande. Médicis y joue un grand rôle. G*** la regarde

comme la plus pindarique de toutes mes Odes, car elle tient beaucoup de l'Épopée, et vous savez que c'est là ce qui distingue particulièrement Pindare; aussi Quintilien le trouvait-il homérique.

L'Almanach des Muses en a cité six strophes, qui ne sont point du tout mon ouvrage. Ce fragment est ridicule on y a fait bien d'autres fautes.

FIN DE LA CORRESPONDANCE.

MÉLANGES EN PROSE.

« PredošláPokračovať »