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cureur. Ma nièce, M. de l'Ecluse et moi, nous pourrions intervenir au procès; je vous supplie, Monsieur, de m'instruire au plutôt de ce que vous aurez fait, et de me dire ce qu'on me conseille de faire. Nous allons, d'ailleurs envoyer nos plaintes à M. le Chancelier. Voici copie de la lettre de madame Denis.

Je vous présente mes respects.

VOLTAIRE.

N. B. Il faut mettre la page 164 entre les mains de mon procureur, nommé Pinon du Coudrai, rue de Bièvre, et attaquer Fréron à la Tournelle; c'est le droit de la noblesse.

LETTRE XI.

DE MADAME DENIS A M. LE CHANCELIER.

JE

Ferney, 30 janvier 1761.

E me joins au cri de la nation contre un homme qui la déshonore. Un nommé Fréron insulte toutes les familles il m'outrage personnellement, moi, mademoiselle Corneille, alliée à tout ce qu'il y a de plus grand en France, et portant un nom plus respectable que ses alliances. Je suis la veuve d'un gentilhomme mort au service du roi; je prends soin de la vieillesse de mon oncle, qui a l'honneur d'être connu de vous. J'ai recueilli chez moi la petite-nièce du grand Corneille, et je me suis fait un honneur de présider à son éducation. Ce n'est pas au nommé Fréron, dont on tolère les impertinentes feuilles sur des points de littérature, à oser entrer dans le secret des familles, à insulter la noblesse, et à noircir publiquement, de couleurs abominables, une bonne action qu'il est fait pour ignorer. Sa page 164 est un libelle diffamatoire; nous en demandons justice, moi, mademoiselle Cor

neille, mon oncle et un autre citoyen, tous éga

lement outragés.

Si cette insolence n'était pas réprimée, il n'y aurait plus de familles en sûreté. . J'ai l'honneur d'être, etc.

LETTRE XII.

DE M. DE VOLTAIRE.

A Ferney, 31 janvier 1761.

IL est, Monsieur, de la plus grande importance de venger le nom de Corneille et le public. Voici le certificat de madame Denis, et la procuration du sieur l'Écluse. Ce chirurgien a droit de demander justice d'un outrage qui peut le décréditer dans l'exercice de sa profession. Je paierai bien volontiers tous les frais du procès. Cet infâme Fréron n'est pas digne de sentir vos beaux vers, qu'il sente la force de votre prose, et le bras de la justice. Le bon homme Corneille, conduit par vous, écrasera le monstre.

Je vous embrasse avec la plus tendre amitié et la plus parfaite estime,

VOLTAIRE.

N. B. A cette lettre étaient joints le certificat de madame Denis et la procuration signée l'Ecluse du Tilloy, donnant pouvoir de poursuivre, en son nom, réparation, dommages et intérêts. Note de l'Editeur.)

1:

ΑΙ

LETTRE XIII.

DU MÊME.

A

2 février 1761.

J'AI l'honneur, Monsieur, de vous écrire encore au sujet de mademoiselle Corneille; vous ne laisserez point votre bonne œuvre imparfaite, et après l'avoir sauvée de la pauvreté, vous la sauverez du déshonneur; j'écris à M. Dumolard en conformité.

Vous avez dû recevoir le certificat de madame Denis, voici celui du résident de France. J'ai eu l'honneur de vous envoyer la procura'tion du sieur l'Écluse du Tilloy, pour se joindre à la plainte de M. Corneille. Le sieur l'Écluse n'est point celui qui a monté sur le théâtre de la foire, je le crois son cousin; il est seigneur de la terre du Tilloy en Gâtinois.

Je vous réitère, Monsieur, qu'il ne s'agit que d'une procuration de M. Corneille; que l'affaire ne fera nulle difficulté, que Fréron sera condamné à une peine infamante, et à de gros dédommagemens. Je suis bien sûr que vous saisirez une occasion aussi favorable, et que M. d'Argen

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