Obrázky na stránke
PDF
ePub

ment; je l'entendis se plaindre. Dieux! qu'elle soupirait tendrement! que sa douleur était belle! qu'elle m'intéressait! Elle ne voyait point à ses pieds l'Amour, qui ne regardait qu'elle; et moi j'oubliais de l'y surprendre. Mon âme entière était troublée. Hélas! un malheureux s'attendrit aisément. Si la pitié peut rendre infidèle à l'amour, peut-être le fus-je un instant. Heureux! m'écriai-je, trop heureux l'objet d'une douleur si tendre ! C'est ainsi peut-être que Fanni me regrette.

A ce nom que je prononçai tout haut, un cri se fit entendre, une main charmante releva ce voile qui me désespérait. Que vis-je, Amour?... ô surprise! ô bonheur! ô ma chère Fanni!... c'était toi-même; c'était à tes genoux qu'Amour avait dessein de me conduire. Je devais m'en douter ce dieu n'a des ailes que pour voler vers toi. Saisi de joie, enivré de tendresse, tous mes sens étaient suspendus. Je te voyais, et j'osais à peine le croire.

:

Que tu me paraissais belle! tu n'avais d'ornement que ton amour et ta douleur. Ton absence m'avait changé; tes regards m'embellirent. Nos yeux brillaient encore des larmes que nous avions versées l'un pour l'autre; nos lèvres les effacèrent. J'étais à tes pieds, dans tes bras, sur ton sein; l'Amour applaudissait, il battait des ailes; il vola dans mon cœur, il revola dans le tien; nous le

pressions entre nous; il nous enchaîna de roses plus durables que l'airain. Lui-même s'enchainait avec nous. Le volage s'est fixé pour jamais: nous sommes trois dans un même lien. Mêmes desirs, mêmes transports; nous tombâmes ensemble sur le même gazon. Nos mains, nos langues, nos genoux, nos corps s'entrelacèrent. Que de baisers! que de caresses! mille Amours n'auraient pu les compter. Les dieux eussent été jaloux. L'Amour nous couvrit de son voile; il nous remplit de ses feux; il s'égara dans nousmêmes. Ah! Fanni, Fanni, quelle ivresse! quelles voluptés! J'étais plus qu'immortel, je mourais dans tes bras..... L'excès du bonheur m'éveilla : j'étais sans doute trop heureux.

EN UN ACTE,

ESQUISSÉ EN PROSE.

ACTEUR S.

TARSIS, fils d'Oriane, souveraine des Génies de l'air. ZÉLINDE, jeune princesse aimée de Tarsis. ISMÉNIDE, fée amante de Tarsis, et rivale de Zélinde. ORIANE, souveraine des Génies de l'air.

LES GÉNIES de l'air, etc.

Le théâtre représente un palais en colonnades, de vastes jardins, des bosquets, et des cascades avec des statues autour des bosquets.

SCÈNE PREMIÈRE.

TARSI S.

LÉGERS enfans des airs soumis à ma puissance,
Doux Zéphyrs, transportez Zélinde dans ces lieux :
Servez ma tendre impatience;

Volez, Zéphyrs; rendez une amante à mes yeux.

Depuis sept jours entiers je n'ai point vu l'aimable Zélinde. Un amour délicat n'est jamais sans alarmes. L'oracle du destin la menaçait d'un accident fatal, si pendant ces jours, hélas! trop lents qui précèdent notre hymen, j'osais lui parler de mon amour. Ah! si je l'avais vue, que ma bouche aurait eu de peine à démentir mes yeux! Je dois la ménager; je dois craindre surtout la jalouse Isménide, cette puissante fée qu'un malheureux amour irrite contre moi. C'est demain que, malgré elle, notre hymen s'achève; ce jour-ci expiré, je ne redoute plus ni la jalousie de sa rivale, ni les menaces du sort; mais je ne puis le passer sans la voir. L'absence est un tourment trop rude pour un cœur rempli de Zélinde. J'éluderai l'arrêt du sort; je ne paraîtrai à ses yeux que sous les traits du jeune Ramire mon rival; et je goûterai à la fois le plaisir de lui dire sans crainte que je l'aime, et d'éprouver sa fidélité; car le plus tendre amour a ses inquiétudes. Quel bonheur cependant! je vais revoir Zélinde. Beaux lieux, embel• lissez-vous encore pour lui plaire.

Légers enfans des airs, etc.

O plaisirs! ô transports! c'est elle, je la vois. Je vais jouir de sa surprise.

SCÈNE II.

(Les Zéphyrs descendent avec Zélinde; Tarsis se retire dans un bosquet voisin.)

ZÉLINDE.

Où suis-je ? quel pouvoir fatal m'entraîne dans ces lieux? Ah! Tarsis! Tarsis! m'enlève-t-on pour jamais à ton amour? Cependant, plus j'observe ces lieux, plus leur magnificence paraît m'annoncer une puissance favorable. Que vois-je? ces statues, ces marbres s'animent, etc.

Zélinde regarde avec étonnement les différentes danses de ces statues animées et descendues de leurs piédestaux. Des arbres s'entr'ouvrent; il en sort des nymphes qui se mêlent avec elles. Quatre d'entre ces nymphes chantent chacune à Zélinde un couplet sur le plaisir d'aimer, et lui présentent des guirlandes.

SCENE III.

TARSIS, Sous les traits de Ramire son rival, s'offre alors à Zélinde. D'abord elle reculé effrayée de se voir en sa puissance. Ramire s'excuse sur la violence de son amour, d'avoir employé les en

[ocr errors][ocr errors]
« PredošláPokračovať »