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LETTRE XXIII.

DU MÊME.

Ferney, 16 avril 1762.

Je fais mon compliment à Tirtée*, et je me flatte

que sa trompette héroïque animera les courages.

On vous a trompé, Monsieur, si l'on vous a dit que la rente que j'ai mise sur la tête de mademoiselle Corneille est pour son père, ou bien vous avez mis monsieur Corneille pour Mademoiselle dans votre lettre. Elle a beaucoup de talens et un très-aimable caractère. J'en suis tous les jours plus content, et je ne fais que mon devoir, en m'occupant de sa fortune et de la gloire de son oncle. J'aurais souhaité que le nom de M. le prince de Conti eût honoré la liste de ceux qui ont souscrit pour l'oncle et pour la nièce. Agréez, Monsieur, mes sincères remercimens de votre ode. Les suffrages du public, et les aboiemens de Fréron, contribueront également à votre gloire.

Vous ne doutez pas des sentimens de votre obéissant serviteur

VOLTAIRE.

* Sur son Ode aux Français. Voy. t. 1, p. 155. (L'Édit.)

LETTRE XXIV.

DU MÊME.

A Ferney, 26 janvier 1763.

PUISQUE à la réception de ma lettre, Monsieur, vous ne m'avez pas envoyé un parent de Racine pour épouser mademoiselle Corneille, nous avons pris un jeune cornette de dragons de vingt-trois ans, d'une très-jolie figure, de moeurs charmantes, bon gentilhomme, mon voisin, possédant à ma porte environ dix mille livres de rentes en terres. J'arrange ses affaires, je donne une dot honnête, je garde chez moi les mariés. Il est juste que vous ayez la première nouvelle de cet arrangement, puisque c'est à vous que je dois mademoiselle Corneille. Il faut que votre nom soit au bas du contrat. Envoyez-moi un ordre par lequel vous me commettrez pour signer en votre nom.

Je ne sais pas où mesdemoiselles Félis et de Villegenon demeurent. Je leur dois la même at→ tention; je vous supplie de leur faire rendre mes lettres, et de vouloir bien envoyer le paquet contenant leur réponse et la vôtre, à monsieur d'Amilaville, premier commis du vingtième, quai

Saint-Bernard. Je quitte la plume pour la donner à une main plus agréable que la mienne.

De mademoiselle CORNEILle.

Vous êtes, Monsieur, le premier auteur de mon bonheur; il m'en est plus précieux. Je me joins à M. de Voltaire pour vous dire que je serai toute ma vie, avec la plus sensible reconnais

sance,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissante

servante,

CORNEILLE.

Je présente mes obéissances à madame votre femme, que je n'oublierai jamais.

Je ne sais où prendre M. du Molard; si vous le voyez, Monsieur, je vous prie de vouloir bien l'assurer de mes sentimens pour lui. Soyez, surtout persuadé de ce que je vous ai voué bien sincèrement.

Il est plaisant que le nom de notre mari soit Dupuy, tandis qu'on donne le mariage de M. Dupuy, à la comédie. Cela est d'un bon augure : on

dit que la pièce est très-jolie. Notre Dupuy l'est

aussi.

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Avouez, Monsieur , que mademoiselle Corneille a eu une étoile bien singulière, si tant est qu'on ait une étoile.

De tout mon coeur, votre très-humble et trèsobéissant serviteur,

VOLTAIRE.

Mes respects à madame Le Brun.

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Au Jardin du Roi, ce 1 décembre 1760.

Je vous remercie, Monsieur, de la belle Ode que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Je l'ai lue avec un extrême plaisir, et j'y ai trouvé plusieurs traits qui supposent un beau génie et une âme tout aussi belle. Dans votre lettre, Monsieur, vous avez mis, entre le génie et le bel esprit, une distinction bien forte; mais qui n'en est pas moins juste ni moins heureusement appliquée. Si elle déplaît à quelques beaux, elle plaira à tous les bons esprits.

J'ai l'honneur d'être, avec beaucoup d'estime et de considération,

Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

BUFFON.

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