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Sa splendeur, ses droits avilis;
Il sait que l'amour et l'ivresse,
Vainqueurs du héros de la Grèce,
Ont embrasé Persépolis.

Fuis donc, ô volupté fatale!
Fuis; que ses destins glorieux,

Loin de Cléopâtre et d'Omphale,

Suivent leurs cours victorieux, etc. etc.

Si la poésie est le langage des Dieux, son plus digne emploi est de donner des leçons à ceux qui s'appellent les enfans des Dieux. Je joins à l'ode une épître que je viens d'adresser, au sujet de cette ode même, au premier président, ami, comme on sait, du prince mort, et dans les circonstances les plus singulières.

Incedo per ignes

Suppositos cineri doloso.

Comi

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Je marche sur des cendres dangereuses; mais j'y marche avec cette fermeté qui impose aux lâches cabales, et fait rougir l'injuste puissance. Je partage, pour ainsi dire, le prince en deux, pour sauver sa partie héroïque de la contagion du reste, Je sais que le premier président a pris le tout en très-bonne part. En écrivant cette épître, je me flattais pareillement qu'elle serait conforme à votre manière de sentir et de penser. Je desire que vous y trouviez mieux eux que des vers,

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c'est-à-dire, cette énergie de sentimens et cette yerve de l'âme qui fait oublier aux lecteurs la mesure et la rime.

L'esprit fait les rimeurs; l'âme fait les poètes.

Phosphore d'un moment, l'un s'exhale en bluettes,
Et l'oeil reste glacé par ses froides lueurs;
L'autre, foyer brûlant, enflâme tous les cœurs.

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Si des feux d'Apollon l'âme n'est point saisie
Pourquoi mettre, en rimant, la raison dans les fers?"
L'art forma de sang-froid, sans l'aveu du génie, **'
Les Delilles, les Saints-Lamberts.

Buffon, je l'avourai, j'aime assez peu les vers;

Mais j'adore la poésie.,

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I

Oui, Monsieur, c'est elle que j'admire dans une foule de morceaux vraiment sublimes de votre

Histoire naturelle. C'est par elle que je voudrais rendre un peu durable l'ouvrage le plus cher à mon cœur, celui que je vous ai adressé. J'aime mieux chanter un ami qu'un héros, et, pour tout dire, je préfère le héros de la physique à celui des Alpes.

Puisque nous sommes encore dans un mois où il est d'usage de former des voeux, permettezmoi de vous souhaiter les années de Fontenelle. C'est la moindre chose que doive la nature à celui qui l'a peinte si dignement.

Je suis, avec tous les sentimens de l'amitié la plus respectueuse et la plus tendre, etc.

LE BRUN.

LETTRE XXIX.

A MADAME NECKER.

Ce 13 février 1778.

MADAME,

JUGEZ de mes regrets et de mon désespoir: votre lettre, si précieuse pour moi à tous égards, vient, par la fatalité la plus singulière, de ne m'être remise par les facteurs qu'après vingt-six jours, chargée de renvois et de fausses adresses. J'ai couru à l'instant même au Temple, où je ne demeure plus, pour découvrir la source de l'erreur. Le suisse de M. le comte d'Artois, accoutumé à me renvoyer mes lettres, m'a dit n'avoir eu absolument aucune connaissance de celle-ci, dont il eût certainement remarqué le contre-seing.

de

Combien je serais inconsolable de l'avoir perdue! pouvais-je être trop impatient, Madame, vous témoigner ma vive et respectueuse reconnaissance pour tant de bontés que je dois à cette indulgence, caractère de toutes les belles âmes, et surtout à votre tendre amitié pour M. de Buffon? Votre lettre m'a fait connaître, Madame, une

manière de sentir et de penser aussi élevée que délicate, et qui peint mieux votre âme que ne l'aurait pu faire le peintre même de la nature. Tout y respire un amour éclairé des arts, qui m'intimide, même en daignant m'encourager; mais qui me rend orgueilleux pour mon siècle.

Oui, Madame, quoi que disent nos frondeurs, je ne désespère plus d'un siècle où il existe encore des âmes telles que la vôtre, et celle de M. Necker. Ce qui est plus beau que toutes nos poésies, c'est cet encouragement, plein d'enthousiasme, que vous donnez au génie, et qui seul le ferait éclore; c'est cette lettre au brave homme, que M. Necker semble avoir écrite avec l'âme d'Henri iv; c'est cette clairvoyance soutenue de fermeté, ce désintéressement si rare, cet amour du bien et des arts, qui en fera, malgré les jaloux, le digne rival du ministre qu'il a şi noblement célébré.

Colbert aima les arts, hélas ! prêts à s'éteindre,

Si votre illustre époux ne les ranimait pas, of
De Colbert il suivra les pas;

Qui sut l'approfondir a, seul, droit de l'atteindre.
Mais tandis qu'on le voit réprimer les abus
Par sa courageuse industrie,

Et, pour l'honneur de ma patrie,

Prêter ses yeux perçans à l'aveugle Plutus;
Vous, qui semez des roses sur sa vie,
O de Buffon illustre et digne amie!
Vous, dont il m'a vanté l'âme et les agrémens

Si chers à sa docte Uranie,

Vous qui, d'un trait de feu, peignez avec génie

L'Ode et ses fiers ravissemens,

Que vous inspirez bien les Nymphes de Mémoire !
Qu'il est beau de tenir le flambeau de la gloire,
Et d'en éclairer leurs amans!

Du Parnasse français réparez les disgrâces;
Rappelez ses beaux jours; ressuscitez ses fleurs :
Pour rendre la vie aux neuf Sœurs,

Il ne faut qu'un souris des Grâces.

Telle est, Madame, la juste espérance que vous me faites concevoir. Peut-être devrai-je moi-même à vos encouragemens une gloire qui m'en deviendra plus chère. Souffrez que j'implore de vous, au nom du sublime vieillard que vous aimez, la grâce la plus flatteuse pour moi, celle de vous faire ma cour. Ce bonheur, dont M. de Buffon m'a fait sentir tout le prix, est le seul qui puisse me dédommager d'avoir été privé si long-temps de la lettre la plus précieuse.

Je suis avec un profond respect,

Madame

Votre très-humble et très-obéissant

serviteur,

LE BRUN.

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