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RIEN

DU MERCURE.

IEN ne reffemble plus à l'étain ou au plomb, dans leur état de fufion, que le Mercure dans son état naturel; aussi l'a-t-on regardé comme un métal fluide auquel on a cherché, mais vainement, les moyens de donner de la folidité; on a seulement trouvé que le froid extrême pouvoit le coaguler, fans lui donner une folidité constante, ni même aussi permanente, à beaucoup près, que celle de l'eau glacée; & par ce rapport unique & fingulier, le mercure femble se rapprocher de la nature de l'eau, autant qu'il approche du métal par d'autres propriétés, & notamment par fa denfité, la plus grande de toutes après celle de l'or (a); mais il diffère de tout métal, & même de tout minéral métallique, en ce qu'il n'a nulle tenacité, nulle dureté, nulle folidité, nulle fixité, & il fe rappoche encore de l'eau par sa volatilité, puifque, comme elle, il se volatilise & s'évapore à une médiocre chaleur. Ce liquide minéral eft-il donc un métal ou n'eft-il pas une eau qui reffemble aux métaux parce qu'elle eft chargée des parties les plus denfes de la terre, avec lesquelles elle

(a) La pefanteur spécifique de l'or à 24 karats eft de 192581, & celle du plomb de 1135.23. La pefanteur fpécifique du mercure coulant eft de 135681, & celle du cinabre d'Almaden eft de 102185, Voyez les Tables de M. Briffon.

s'est plus intimement unie que dans aucune autre matière? On fait qu'en général, toute fluidité provient de la chaleur, & qu'en particulier le feu agit fur les métaux comme l'eau fur les fels, puifqu'il les liquéfie, & qu'il les tiendroit en une fluidité conftante s'il étoit toujours au même degré de violente chaleur, tandis que les fels ne demandent que celui de la température actuelle pour demeurer liquides; tous les fels se liquéfiant dans l'eau comme les métaux dans le feu, la fluidité du mercure tient, ce me femble, plus au premier élément qu'au dernier; car le mercure ne se folidifie qu'en se glaçant comme l'eau; il lui faut même un bien plus grand degré de froid, parce qu'il est beaucoup plus dense; le feu est ici en quantité presque infiniment petite, au lieu que ce même élément ne peut agir fur les métaux, comme liquéfiant, comme diffolvant, que quand il leur eft appliqué en quantité infiniment grande, en comparaison de ce qu'il en faut au mercure pour demeurer liquide.

De plus, le mercure fe réduit en vapeurs par l'effet de la chaleur, à peu-près comme l'eau, & ces deux vapeurs font également incoërcibles, même par les résiftances les plus fortes; toutes deux font éclater ou fendre les vaiffeaux les plus folides avec explosion; enfin, le mercure mouille les métaux, comme l'eau mouille les fels ou les terres, à proportion des fels qu'elles contiennent; le mercure ne peut-il donc pas être considéré

comme une eau denfe & pefante, qui ne tient aux métaux que par ce rapport de denfité! & cette eau plus denfe que tous les liquides connus, n'a-t-elle pas dû fe former, après la chute des autres eaux & des matières également volatiles reléguées dans l'atmosphère, pendant l'incandefcence du Globe les parties métalliques, terreftres, aqueufes & falines, alors fublimées ou réduites en vapeurs, fe feront combinées, & tandis que les matières fixes du Globe fe vitrifioient ou fe dépofoient fous la forme de métal ou de chaux métallique, tandis que l'eau encore pénétrée de feu produifoit les acides & les fels, les vapeurs de ces fubftances métalliques, combinées avec celles de l'eau & des principes acides, n'ont-elles pas pu former cette fubftance du mercure presque auffi volatile que l'eau, & dense comme le métal! Cette fubftance liquide qui se glace comme l'eau, & qui n'en diffère effentiellement que par fa denfité, n'a-t-elle pas dû fe trouver dans l'ordre des combinaisons de la Nature, qui a produit non-seulement des métaux & des demi-métaux, mais auffi des terres métalliques & falines, telles que l'arfenic? Or, pour compléter la fuite de fes opérations n'a-t-elle pas dû produire aussi des eaux métalliques telles que le mercure! L'échelle de la Nature, dans fes productions métalliques, commence par l'or qui eft le métal le plus inaltérable, & par conféquent le plus parfait; enfuite l'argent, qui étant fujet à quelques altérations, eft moins parfait que l'or;

après quoi le cuivre, l'étain & le plomb, qui sont susceptibles non- feulement d'altération, mais de décompofition, font des métaux imparfaits en comparaison des deux premiers; enfin, le fer fait la nuance entre les métaux imparfaits & les demi-métaux; car le fer & le zinc ne préfentent aucun caractère effentiel, qui doive réellement les faire placer dans deux claffes différentes; la ductilité du fer eft une propriété que l'Art lui donne, il fe brûle comme le zinc; il lui faut feulement un feu plus fort, &c. on pourroit donc également prendre le fer pour le premier des demi-métaux, cu le zinc pour le dernier des métaux; & cette échelle fe continue par l'antimoine, le bifmuth, & finit par les terres métalliques & par le mercure, qui n'eft qu'une fubftance métallique liquide.

On fe familiarifera avec l'idée de cette poffibilité, en pefant les confidérations que nous venons de préfenter, & en fe rappelant que l'eau, dans fon effence, doit être regardée comme un fel infipide & fluide, que la glace qui n'eft que ce même fel rendu folide, le devient d'autant plus, que le froid eft plus grand; que l'eau, dans fon état de liquidité, peut acquérir de la densité à mesure qu'elle diffout les fels; que l'eau purgée d'air eft incompreffible, & dès-lors compofée de parties trèsfolides & très-dures; que par conféquent elle deviendroit très-dense, si ces mêmes parties s'uniffoient de plus près; & quoique nous ne connoiffions pas au jufte le

moyen que la Nature a employé pour faire ce rapprochement des parties dans le mercure, nous en voyons néanmoins affez pour être fondés à préfumer que ce minéral fluide, eft plutôt une eau métallique qu'un vrai métal; de la même manière que l'arfenic auquel on donne le nom de demi-métal, n'eft qu'une terre plutôt faline que métallique, & non pas un vrai demi-métal.

On pourra me reprocher que j'abuse `ici des termes, en difant que le mercure mouille les métaux, puifqu'il ne mouille pas les autres matières; au lieu que l'eau & les autres liquides mouillent toutes les substances qu'on leur offre, & que par conféquent ils ont feuls la faculté de mouiller; mais en faifant attention à la grande denfité du mercure, & à la forte attraction qui unit entr'elles fes parties conflituantes, on fentira aifément qu'une eau, dont les parties s'attireroient auffi fort que celles du mercure, ne mouilleroit pas plus que le mercure dont les parties ne peuvent fe défunir que par la chaleur, ou par une puiffance plus forte que celle de leur attraction réciproque, & que dès-lors ces mêmes parties ne peuvent mouiller que l'or, l'argent & les autres fubftances qui les attirent plus puissamment qu'elles ne s'attirent entr'elles; on fentira de même que fi l'eau paroît mouiller indiffé remment toutes les matières, c'eft que fes parties inté grantes n'ayant qu'une foible adhérence entr'elles, tout contact fuffit pour les féparer, & plus l'attraction étrangère surpassera l'attraction réciproque & mutuelle de ces

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