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Les mines de troisième formation giffent, comme les fecondes, dans les montagnes à couches, & fe trouvent non-feulement dans les fchiftes, ardoises & argiles, mais auffi dans les matières calcaires; elles proviennent du détriment des mines de première & de feconde formation, réduites en poudre ou diffoutes & incorporées avec de nouvelles matières. Les Minéralogistes leur ont donné autant de noms qu'elles leur ont préfenté de différences. La chryfocolle ou vert de montagne, qui n'est que du vert-de-gris très-atténué, la chryfocolle bleue qui ne diffère de la verte que par la couleur que les alkalis volatils ont fait changer en bleu; on l'appelle auffi azur, lorsqu'il eft bien intenfe, & il perd cette belle couleur quand il eft expofé à l'air, & reprend peu peu fa couleur verte, à mefure que l'alkali volatil s'en dégage; il reparoît alors, comme dans fon premier état, fous la forme de chryfocolle verte, ou fous celle de malachite: il forme auffi des criftaux verts & bleus fuivant les circonftances, & l'on prétend même qu'il en produit quelquefois d'auffi rouges & d'auffi tranfparens, que ceux de la mine d'argent rouge: nos Chimistes réçens en donnent pour exemple, les criftaux rouges qu'on a trouvés dans les cavités d'un morceau de métal enfoui depuis plusieurs fiècles dans le fein de la terre; ce morceau eft une partie de la jambe d'un cheval de bronze, trouvée à Lyon en 1771; mon favant ami, M. de Morveau, m'a écrit qu'en examinant au microfcope

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à

les cavités de ce morceau, il y a vu non-feulement des cristaux d'un rouge de rubis, mais auffi d'autres cristaux d'un beau vert d'émeraude & tranfparens dont on n'a pas parlé, & il me demande qu'est-ce qui a pu produire ces criftaux (d)? M. Demefte dit à ce fujet, que l'azur & le vert du cuivre, ainsi que la malachite & les cristaux rouges qui fe trouvent dans ce bloc de métal, anciennement enfoui, font autant de produits des différentes modifications que cuivre, en état métallique, a fubies dans le fein de la terre (e); mais cet habile Chimiste me paroît fe tromper, en attribuant au cuivre feul l'origine de ces petits cristaux qui font, dit-il, très-éclatans, & d'une mine rouge de cuivre transparente, comme la plus belle mine d'argent rouge: car ce morceau de métal n'étoit pas de cuivre pur, mais de bronze, comme il le dit lui-même,

(d) Lettres de M. de Morveau à M. de Buffon. Dijon, le 28 Août 1781.

(e) « Rien n'eft plus propre, dit-il, à démontrer le paffage du cuivre natif aux mines fecondaires, que la jambe d'un cheval « antique de bronze, trouvée dans une fouille faite à Lyon en 1771: « cette jambe qui avoit été dorée, offroit non-feulement de la mala- « chite & de l'azur de cuivre; mais on y remarquoit auffi plufieurs cavités dont l'intérieur étoit tapiffé de petits criftaux très-éclatans, « de mine rouge de cuivre, tranfparente comme la plus belle mine «< d'argent rouge..... On peut donc avancer que l'azur & le vert « de cuivre, ainfi que les cristaux rouges qui s'y rencontrent, font « autant de produits des différentes modifications que le cuivre en «<< état métallique, a fubies dans le fein de la terre ». Lettres de M. Demefle, &c. tome II, pages 357 & 358. 3576

Minéraux, Tome III.

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c'est-à-dire de cuivre mêlé d'étain, & dès-lors ces criftaux

rouges peuvent être regardés comme des criftaux produits par l'arfenic, qui refte toujours en plus ou moins grande quantité dans ce métal. Le cuivre seul n'a jamais produit que du vert qui devient bleu quand il éprouve l'action de l'alkali volatil.

M. Demefte dit encore « que l'azur de cuivre ou les fleurs de cuivre bleues, reffemblent aux cristaux d'azur >> artificiels; que leur paffage à la couleur verte, lorsqu'elles » fe décomposent, eft le même, & qu'elles ne diffèrent qu'en ce que ces derniers font folubles dans l'eau. » Mais je dois obferver que néanmoins cette différence est telle qu'on ne peut plus admettre la même composition, & qu'il ne refte ici qu'une reffemblance de couleur. Or, łe vitriol bleu présente la même analogie, & cependant on ne doit pas le confondre avec le bleu d'azur. M. Demefte ajoute, avec toute raison que l'alkali volatil >> eft plus commun qu'on ne croit à la furface & dans » l'intérieur de la terre...... qu'on trouve ces cristaux » d'azur dans les cavités des mines de cuivre décompofées, >> & que quelquefois ces petits criftaux font très-éclatans » & de l'azur le plus vif; que cet azur de cuivre prend » le nom de bleu de montagne lorsqu'il est mélangé à des » matières terreufes qui en affoibliffent la couleur, & qu'enfin le bleu de montagne, comme l'azur, font également fufceptibles de fe décompofer en paffant lentement à l'état » de malachite........ que la malachite, le vert de cuivre ou

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fleurs de cuivre vertes, réfultent fouvent de l'altération « spontanée de l'azur de cuivre, mais que ce vert eft aussi « produit par la décompofition du cuivre natif & des mines «< de cuivre, à la furface defquelles on le rencontre en « malachites ou maffes plus ou moins confidérables & ma- « melonnées, & que ce font de vraies stalactites de cuivre, « comme l'hématite en est une de fer (ƒ); >> tout ceci eft très-vrai, & c'eft même de cette manière que les malachites font ordinairement produites; la fimple décompofition du cuivre en rouille verte, entraînée par la filtration des eaux, forme des ftalactites vertes, & cette combinaison est bien plus simple que celle de l'altération de l'azur & de fa réduction en ftalactites vertes ou malachites: il en eft de même du vert de montagne; il est produit plus communément par la fimple décomposition du cuivre en rouille verte; & l'habile Chimiste que je viens de citer me paroît fe tromper encore en prononçant exclusivement, « que le vert de montagne eft toujours un produit de la décompofition du bleu de « montagne ou de celle du vitriol de cuivre (g). » Il me femble au contraire que c'eft le bleu de montagne qui Jui-même eft produit par l'altération du vert qui se change en bleu; car la Nature a les mêmes moyens que l'Art, & peut par conféquent faire, comme nous, du vert avec du bleu, & changer le bleu en vert fans

(f) Lettres de M. Demefte, &c. tome II, pages 369 & fuiv. (g) Iden, tome 11, page 370.

qu'il foit néceffaire de recourir au cuivre natif pour produire ces effets.

Quoique le cuivre foit de tous les métaux celui qui approche le plus de l'or & de l'argent par fes attributs généraux, il en diffère par plufieurs propriétés effentielles; sa nature n'est pas auffi parfaite, fa substance est moins pure, fa denfité & fa ductilité moins, grandes; & ce qui démontre le plus l'imperfection de fon effence, c'est qu'il ne résiste pas à l'impreffion des élémens humides; l'air, l'eau, les huiles & les acides l'altèrent & le convertissent en verdet; cette espèce de rouille pénètre, comme celle du fer, dans l'intérieur du métal, & avec le temps en détruit la cohérence & la texture.

Le cuivre de première formation étant dans un état métallique, & ayant été fublimé ou fondu par le feu primitif, se refond aisément à nos feux; mais le cuivre minéralisé, qui est de feconde formation, demande plus de travail que toute autre minerai pour être réduit en métal; il est donc à préfumer que comme le cuivre a été employé plus anciennement que le fer, ce n'est que de ce premier cuivre de nature dont les Égyptiens, les Grecs & les Romains ont fait ufage pour leurs inftrumens & leurs armes (h), & qu'ils n'ont pas tenté de fondre les

(h) Les Anciens fe fervoient beaucoup plus de cuivre que de fer; les habitans du Pérou & du Mexique, employoient le cuivre à tous les usages auxquels nous employons le fer. Métallurgie: d'Alphonfe Barba, tome I, page 106.

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