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une conformation adaptée à ses besoins, et qui varie dans chaque espèce, selon sa manière de subsister. Jetons les yeux sur nous-mêmes : il n'est pas un de nos membres dont la construction et la correspondance des différentes parties ne soit un prodige; la relation de nos membres entre eux, l'uti– lité dont ils sont les uns aux autres, leur mesure exactement calquée sur nos besoins, le résultat de leur ensemble sont d'inépuisables sujets d'admiration. Voyez, en un mot, les plus vastes parties du monde, et les plus minutieuses des plus petits êtres; tout est à sa place, tout a ce qu'il faut pour tendre à son but et pour l'atteindre.

La stabilité, la perpétuité du même ordre redoublent l'étonnement d'un sage observateur. Les astres suivent le même cours sans jamais se rencontrer; et les comètes, qui suivent une marche opposée à celle des planètes, ne se trouvent sur la route d'aucun autre corps. Depuis des milliers d'années, le soleil continue, sans s'épuiser, d'éclairer et de féconder la terre; et la terre, de fournir de nouvelles productions, sans altérer sa fécondité. Il n'y a pas moins de permanence dans l'harmonie du soleil avec les eaux qu'il enlève de l'Océan, dans les harmonies de ces eaux, réduites en vapeurs, avec les montagnes qui hérissent notre globe, enfin dans les harmonies de la position de ces montagnes avec les besoins de toutes les parties de la terre la verdure, les fleurs, les animaux et l'homme. Comment concevoir la variété, la stabilité de tant

de rapports, et particulièrement de ces ressorts constitués si fortement et si sagement ordonnés, qui font mouvoir le monde, sans recourir à une cause d'une intelligence infinie et toute-puissante? « L'étonnante uniformité qui règne dans le système planétaire, dit Newton, ne peut être que l'effet du choix et de la volonté. » Mais la même uniformité d'ordre se manifestant dans le reste de l'univers on est irrésistiblement amené à cette conclusion, que toutes ces choses ne peuvent provenir que d'un agent aussi habile que sage.

Et combien n'est-on pas confirmé dans cette persuasion, quand on considère la singularité et la contrariété apparente des moyens par lesquels cet ordre se conserve sans interruption! Les élémens de la matière sont dans une opposition continuelle, et c'est par leur combat que l'union se maintient. Le mouvement régulier des astres est le résultat de deux mouvemens opposés. L'accroissement des plantes est l'effet d'une combinaison de froid et de chaud, d'humidité et de sécheresse. L'air est formé d'un gaz mortel uni à un gaz actif et dévorant: l'oxigène et l'azote séparés eussent donné la mort ; réunis, ils alimentent la vie. L'eau est composée d'un fluide inflammable et d'un fluide qui aide à brûler; visible, elle est composée de deux élémens invisibles; cachant le feu le plus violent, elle éteint la flamme et rafraichit nos sens épuisés par la cha leur. Ainsi, tout est en opposition, et tout, depuis si long-temps, se tient dans le plus parfait concert.

Ne faut-il pas faire violence à la raison, pour ne pas reconnaître l'existence d'une cause suprême, intelligente et puissante, qui a mesuré tous ces moyens avec tant de justesse, que les plus légers changemens dans leur proportion bouleverseraient le monde ?

§ II. Les cieux.

Guidés par la science, considérons, en détail, quelques parties de l'univers. Regardons d'abord cette voûte immense où brillent les astres. Quel spectacle! Quel amas de merveilles! Au milieu de cette multitude innombrable de globes resplendissans, je vois Jupiter et ses quatre satellites, Saturne entouré d'un anneau lumineux et de sept lunes étincelantes; je contemple la pompe majestueuse de Mars, de Vénus et de la terre ; je m'approche du Soleil, je le vois fixe au centre de l'univers, versant des fleuves de lumière sur tous les mondes emportés autour de lui. Mais quelle main les a suspendus? Quel sublime géomètre a présidé aux lois qui dirigent leur cours, mille fois plus prompt que le mouvement de la foudre ? Ils conservent toujours, depuis la naissance des temps, leur vitesse et leur direction : ils s'élancent d'un point donné, roulent dans leurs orbites, reviennent à une époque fixe au point d'où ils sont partis. Dans le mouvement perpétuel et simultané de ces masses énormes, quelles impulsions et quelles résistances, quel

balancement continuel et quelle harmonie! Comme tout est admirablement enchaîné, comme tout concourt à l'ordre universel!

Placé dans un coin à peine perceptible de cette sphère infinie de l'espace, dont le centre est partout et la circonférence nulle part, mon imagination est éblouie, éperdue, confondue; mon entendement est abîmé dans cet océan sans rivages, où les merveilles sont semées comme le sable sur le bord des mers. Puis-je méconnaître la voix de tant de hérauts célestes, qui ne cessent d'annoncer la sagesse, la puissance, la science de leur auteur? Non, dans les chefs-d'œuvre de la mécanique humaine, il n'y a ni autant d'industrie, ni autant de justesse que dans cette prodigieuse combinaison de mouvemens. Personne ne doute qu'une sphère armillaire ne soit l'ouvrage d'un habile artiste : se pourrait-il que la copie fût d'une intelligence, et que l'infini merveilleux de l'original ne le fût pas?

§ III. Les infiniment petits.

Si de l'immensité des cieux je descends à la petitesse extrême, j'y trouve une espèce d'infini qui me jette dans un étonnement égal. A l'aide du microscope, je considère ces animalcules qui sont des millions de fois plus petits qu'un grain de poussière : ils ont leur tête, leur bouche, leurs yeux, et dans ces yeux leurs fibres, leurs muscles et leurs prunelles; ils ont des jambes, des pieds formés comme

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ceux des plus grands animaux ; ils ont, dans cha

du sang;

que partie de leur corps, des muscles, des nerfs, des veines, des artères, dans ce sang, des esprits, des parties rameuses et des humeurs; dans ces humeurs, des gouttes composées elles-mêmes de diverses parties, sans qu'on puisse jamais s'arrêter dans cette composition infinie d'un tout si infini. Et de ce tout, dont aucun effort d'esprit ne peut nous faire comprendre la délicatesse, résulte, dans la proportion la plus exacte, un être vivant et animé, qui a des alimens propres, et ses fonctions comme les autres corps : la trituration, la digestion, la circulation du sang.

O le plus étonnant des prodiges! ce moi, qui était, il n'y a qu'un moment, un point imperceptible, se trouve actuellement un colosse à l'égard de ces atômes vivans dont les dimensions lui échappent. Ainsi suspendu entre les deux abîmes de l'infini, ravi à moi-même par l'admiration d'un mécanisme incompréhensible, j'adore, malgré moi, l'ouvrier qui me présente des témoignages invincibles de son habileté sublime. Oui, le corps d'un ciron me démontre une profondeur et une unité de desseins, une finesse et une harmonie de ressorts qui m'atterrent et me subjuguent.

S IV. L'homme et les animaux.

Des infiniment petits je passe aux êtres animés où mon œil, sans le secours de l'art, peut chercher

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