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de nouvelles traces de la divinité. Je vois d'abord les animaux, munis de ressorts habilement coordonnés, qui, dans les périls soudains, augmentent leur force, leur agilité pour échapper à l'objet qui les menace. J'y vois le moyen de se renouveler par les alimens, de faire leur substance propre d'une substance étrangère par une admirable métamorphose. Je vois à la nourriture se joindre le somneil, espèce d'enchantement dans lequel tout mouvement qui userait les forces est suspendu, et tout mouvement propre à les renouveler s'exerce seul et librement. Je vois les individus vieillir, passer et disparaître ; je vois les espèces permanentes dans une vicissitude continuelle, les pères et les mères laissant une postérité nombreuse dans la formation de laquelle éclate un art admirable, dont ils sont les instrumens aveugles. Je vois enfin, dans les animaux, une industrie étonnante pour leur conservation et pour celle de leurs petits, sans qu'ils aient aucune méthode, aucune science, aucune culture. Leur habileté merveilleuse est donc nécessairement ou dans eux, ou dans un ouvrier qui les a faits. Est-elle dans eux ? Quelle apparence y a t-il que de leur propre fonds ils soient si savans, si infaillibles en certaines choses qu'ils exécutent tout d'un coup, quoiqu'elles demandent le plus de choix et de justesse? Si elle n'est pas il faut qu'elle soit dans une puissance intelligente dont ils sont l'ouvrage, comme tout l'art d'une montre, dit Fénélon, est dans la tête de l'horloger.

dans eux,

Et remarquez comme la prévoyance divine se décèle d'une manière irrésistible dans les organes de certains animaux, par exemple dans les yeux des oiseaux et des poissons. L'œil des oiseaux contient de l'humeur aqueuse, afin que la lumière soit autant réfrangée que cela est nécessaire. Mais les poissons, vivant dans un milieu plus dense, n'en avaient pas besoin, l'eau qui les environne devant leur en tenir lieu. Aussi n'en ont-ils point; et leur cristallin est renflé en sphère presque ronde, pour corriger la trop grande réfraction des rayons lumineux qui passent au travers d'un milieu dense comme l'eau.

Les yeux de l'homme n'offrent pas moins de traces d'une intelligence divine. N'ayons point égard à la sagesse qui éclate dans les paupières destinées à protéger la délicatesse de l'œil en le couvrant si exactement que les plus petits atômes ne peuvent passer; dans les cils dont les paupières sont comme fraisées pour le défendre contre les insectes volatiles; dans la promptitude avec laquelle elles se ferment, sans même que nous le voulions, pour le préserver de tout accident; dans l'emboîture où l'œil est enchassé comme dans un moule, où néanmoins il se meut avec une facilité et une vitesse prodigieuses, au moyen de la synovie qui lubrifie cette emboiture, et se porte sur les différens objets sans donner trop d'agitation à la tête : ne nous arrêtons qu'aux miniatures merveilleuses qui se peignent sur la rétine, Je me place sur un point de

vue culminant, d'où je contemple une immense étendue, depuis la mer jusqu'aux montagnes des Pyrénées et à celles des Alpes qui bornent mon horizon vers le couchant et le levant. Quelle multiplicité d'objets se présente à mes yeux! quelle variété de couleurs et de formes! Le plus habile peintre succomberait, s'il entreprenait d'exprimer sur la toile tout ce qu'embrasse mon premier coupd'œil; et s'il osait l'essayer, combien ce tableau serait au-dessous de la netteté, de la perfection que le tableau naturel acquiert dans un instant! Ce paysage si vaste est tout entier au fond de mon œil, qui n'a que sept à huit lignes de diamètre. De quelle inconcevable petitesse est donc chacune des images qui le composent ! Et cependant, je les vois ensemble et chacune en particulier des millions de fois plus grandes que celles qui se peignent dans mon organe: Eminet in minimis maximus ipse Deus. La langue, le plus simple des instrumens du corps humain, est aussi admirable. L'air, en sortant de la poitrine, et passant par un conduit qui s'élargit et se resserre à propos pour grossir la voix ou pour la rendre plus claire, forme des sons qui en font le plus parfait des instrumens de musique. Mais, sans la langue, ces sons seraient inarticulés : cet organe, par ses mouvemens divers, et avec le secours des dents et des lèvres, produit cette multitude d'idiomes qu'on parle dans les différentes parties du monde, cette innombrable quantité de mots par lesquels les hommes se communiquent si

aisément leurs pensées, et une variété infinie d'accents et de prononciations. Peut-on dire qu'il n'y a là ni intention ni intelligence?

Et quelle haute sagesse, quel art éclatent dans l'intérieur de notre corps! La disposition des artères et des veines, dont les unes reçoivent le sang du cœur et les autres l'y reportent; celle des valvules, ou soupapes, placées à l'ouverture des artères et à l'embouchure des veines du côté du cœur, qui ne s'ouvrent qu'en un sens, et qui, selon le sens dans lequel elles sont tournées, donnent le passage ou empêchent le retour; celle des autres valvules qui se trouvent, par intervalles, le long des artères et des veines, et qui ne permettent pas au sang, une fois passé, de remonter au lieu d'où il est venu, tellement qu'il est forcé par le nouveau sang qui survient sans cesse d'aller toujours en avant, et de rouler sans fin dans tout le corps ; le battement régulier du cœur; le battement régulier des artères semblable à celui du cœur et qui le suit; le changement merveilleux et constant des alimens divers en chyle, et du chyle en sang; les effets de la respiration; la délicatesse des parties du cerveau et la variété de ses mouvemens; les muscles si forts et si tendres, si unis pour agir en concours, si dégagés pour ne se point embarrasser mutuellement, avec des filets si artistement tissus et si bien tors pour faire leur jeu, si bien tendus, si bien soutenus, si proprement placés, si bien insérés où il faut : tout est d'une économie et d'un mécanisme parfaits, tout

est la

preuve évidente d'une intelligence supérieure qui en a établi les règles. Et dans les organes même des fonctions les plus abjectes, on remarque un ordre, une proportion, une industrie qui charment plus l'esprit attentif que la beauté extérieure ne saurait plaire aux yeux du corps. Il le fallait ainsi pour montrer une boue travaillée de main divine, suivant l'expression de l'Hippocrate moderne, du célèbre Boerhaave. Aussi, Galien, après avoir terminé le fameux ouvrage où il a décrit toutes les parties du corps de l'homme et la destination des fonctions propres à chacune, s'écriait : J'ai chanté le plus bel hymne en l'honneur de la Divinité; et l'illustre Morgagni répétait souvent que ses connaissances en médecine et en anatomie avaient mis sa foi à l'abri de toute tentation. Ah! disait-il, si je pouvais aimer ce grand Dieu comme je le connais ! L'œuvre de Dieu est en effet palpable dans le corps humain. Tout y est moyen et fin; tout est ressorts, poulies, force mouvante, machine hydraulique, équilibre de liqueurs, laboratoire de chimie. Il est donc arrangé par une intelligence. Ce n'est pas à l'intelligence de nos parens que nous devons cet arrangement. Ils n'étaient que les aveugles instrumens de cet éternel fabricateur qui anime le ver de terre, et qui fait tourner le soleil sur son axe. << Si ce n'est peut-être, ajouterons-nous avec Bossuet, qu'il faille dire que le corps humain n'a point d'architecte parce qu'on n'en voit pas l'architecte avec les yeux, et qu'il ne suffit pas de trouver tant

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