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contradiction. Par exemple encore, il est nécessaire qu'un triangle ait trois angles et n'en ait que trois, c'est-à-dire que la non-existence de trois angles et de trois angles seulement dans un triangle. implique contradiction; et comme ce qui implique contradiction est essentiellement impossible, et ne peut être conçu, personne ne concevra jamais ni un cercle avec l'inégalité de distance des points de sa circonférence au centre, ni un triangle de deux ou de quatre angles. Il suit de là que si la matière existait nécessairement, sa non-existence impliquerait contradiction, et que personne ne pourrait la concevoir. Or cependant rien de plus aisé que de concevoir la non-existence de la matière. Qu'on se représente, en effet, un pied cube de matière, et qu'on se demande à soi-même si l'on ne conçoit pas aisément qu'il pourrait ne pas exister, si la nonexistence de ce pied cube implique contradiction et répugne à l'esprit : tout homme de bonne foi conviendra qu'il le conçoit, et qu'il n'y a aucune répugnance. Mais ce que je dis d'un pied cube, je puis le dire de deux, de trois, de quatre, d'un nombre quelconque d'autres pieds cubes, par conséquent de la totalité de la matière qui est toute divisible en pieds cubes. On peut donc concevoir très bien la non-existence de la matière; elle n'existe donc pas nécessairement; elle n'est donc pas l'être nécessaire, cause de ce qui existe. Si elle n'est pas l'être nécessaire, cause de ce qui existe, évidemment l'être nécessaire est un être distingué de la

matière; et qu'on cherche tant qu'on voudra, l'on ne pourra pas en trouver d'autre que celui que nous appelons Dieu.

La création est une conséquence irrécusable de cette preuve. La matière existe; elle ne peut exister sans qu'il y ait une raison suffisante de son existence; il ne peut y avoir que deux raisons suffisantes de l'existence : l'avoir par la nécessité de sa nature, ou la recevoir d'autrui. La matière n'existe pas par la nécessité de sa nature: cette vérité vient d'être démontrée; elle a donc reçu d'autrui l'existence; si elle a reçu l'existence, elle a passé du non-être à l'être; si elle a passé du non-être à l'être, elle a été créée; Dieu est donc le créateur de la matière. Il est vrai que nous ne comprenons pas la création; mais nous la concevons, tandis que non-seulement nous concevons, mais nous comprenons parfaitement qu'il est impossible que la matière existe nécessairement et par elle-même.

Concluons encore de cette preuve l'unité de Dieu. En effet, nous concevons très bien la non-existence de tout être, excepté d'un seul ; il n'y a donc qu'un seul être nécessaire, il n'y a donc qu'un seul être sans commencement; il n'y a donc qu'un seul Dieu.

Nous voilà logiquement en possession de cette vérité souveraine, Dieu est : vérité que proclame le témoignage unanime de toutes les nations. L'homme a toujours su lire dans les merveilles du monde

le nom d'un Être suprême, comme l'attestent les traditions, les annales et les monumens de tous les pays et de tous les âges. Or, dit Cicéron, le consentement de toutes les nations est une loi de la nature Consensio populorum lex naturæ putanda est (Tusc. 1-13). L'athéisme est donc contre nature autant qu'il est opposé à la saine raison.

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CHAPITRE I.

DIEU EST CELUI QUI EST.

Je suis celui qui suis: Ego sum qui sum. C'est ainsi que Dieu s'est défini lui-même, d'après le Pentateuque. Je suis celui qui suis : c'est-à-dire, je suis l'être par excellence, l'être infini, l'être nécessaire, en un mot l'Étre; car tout ce qu'on ajoute à ce nom en altère la sublime simplicité, et semble en restreindre le sens.

Le fondement de cette admirable définition étant solidement établi dans le chapitre précédent, devons-nous ici prouver, une à une, les perfections de Dieu? N'est-il pas évident que, créateur de tout ce qui existe hors de lui-même, il possède avec plénitude les perfections dont il a fait quelque part à ses créatures? N'est-il pas évident que, puisqu'il a la plus grande perfection, qui est d'exister par soi-même, il est impossible qu'il n'ait pas toutes les autres? La perfection, c'est l'être : ce qui n'est qu'un peu parfait n'a qu'un peu d'être ; ce qui est plus parfait en a davantage; ce qui n'a aucune perfection n'a aucun être ; ce qui a donc l'être par soi

même existe au suprême degré d'être ou de perfection.

D'ailleurs, si Dieu n'était pas infiniment parfait, où en serait la cause? Hors de lui? Mais il est, et il est seul l'être nécessaire et éternel, nous l'avons prouvé; par conséquent il est antérieur et supérieur à toute cause extérieure de limitation. En lui? Serait-ce sa volonté, ou sa nature? Quoi de plus absurde que de supposer que Dieu a volontairement limité ses perfections? Et, quand il aurait pu le vouloir, aurait-il pu le faire? Les modifications d'un être ne sont pas des êtres à part, ayant une existence personnelle; elles ne sont autre chose que l'être modifié de telle manière. Les propriétés ou perfections de l'être nécessaire sont donc l'être nécessaire lui-même : elles sont donc nécessaires, et il ne peut y rien changer. Quoi de plus absurde encore, que de supposer que la nature de l'être nécessaire exige que ses perfections soient bornées ? La nécessité d'existence étant le principe d'existence le plus parfait, peut-il être un principe d'imperfection?

De la perfection infinie de Dieu suit nécessairement cette vérité, qu'il y a une Providence; en sorte que dire que Dieu est infiniment parfait et qu'il ne gouverne pas ce monde, c'est dire à la fois qu'il est et qu'il n'est pas infiniment parfait, c'est avancer une choquante contradiction. Si, en effet, Dieu ne gouvernait pas ce monde, ce serait ou parce qu'il ne le pourrait pas, ou parce que, le pou

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