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substance le lieu de leur être, la voie de leur mouvement, et le commencement, le cours et le terme de leur durée.

Il est celui qui est. Oh! qui peut expliquer le secret de son action, et en mesurer l'étendue? c'est de lui que l'astre du jour emprunte les feux dont il étincelle; c'est de lui que l'astre des nuits demande la clarté silencieuse qui l'environne; les cieux brillent de son éclat, et leur étendue lumineuse n'est que le voile qui le dérobe à nos yeux. Il est celui qui est. Sa vertu descend dans les airs, et les mers, échauffées dans leurs profonds abîmes, se couvrent de vapeurs bienfaisantes; et, ministres de sa puissance, les vents assemblent les vapeurs ; et, vêtues de leurs formes pompeuses, et reflétant en tout sens ses couleurs immortelles, les vapeurs au loin dispersées portent, selon ses desseins, tantôt dans des réservoirs d'or, de pourpre et d'azur, tantôt dans les flancs caverneux de la nuée qui cache la tempête, aux lacs, aux fleuves, aux ruisseaux, aux fontaines, leurs eaux accoutumées. Il est celui qui est. Son influence pénètre la terre, et les routes mystérieuses de la végétation s'entr'ouvrent devant lui; il envoie la vie dans les routes de la végétation, et s'échappant de leurs froides enveloppes, et pressés d'éclore, et caractérisés suivant leurs espèces et leurs genres, arbres, arbrisseaux, arbustes, herbes, mousses, lichens, les germes éployés paraissent et sous toutes les nuances et à toutes les hauteurs; la terre, par elle-même infer

tile, se couvre d'une riche et féconde verdure. Il est celui qui est. Sa prévoyance pourvoit à tous les développements. Il commande, et la sève obéit; et, diversement filtrée dans les tubes capillaires qui la reçoivent, elle donne au printemps ses fleurs, à l'été ses moissons, à l'automne ses fruits; et il est, lui, le parfum des fleurs, la substance des moissons, la saveur tempérante des fruits; et depuis l'insecte caché sous l'herbe, jusqu'à l'aigle au vol audacieux, depuis le reptile jusqu'à l'homme, tout ce qui se meut, tout ce qui respire ne trouve qu'en lui seul, sous une prodigieuse multitude de préparations et de formes, cette énergie alimentaire sans laquelle aucune existence animée ne peut se maintenir. Il est celui qui est. La modération des développements lui appartient comme leur activité; et quand, lasse de produire, la nature épuisée s'arrête, c'est encore lui qui est le repos utile, le calme bienfaisant de la nature. Il visite les pôles du monde, domaines du silence et de l'antique nuit ; et, au sein de ces solitudes désolées, où la création se tait, où nul son vivant ne se fait entendre, où les éléments eux-mêmes sont sans mouvement et sans voix, l'hiver étonné sent sa présence. Les ténèbres épaisses, les froids brouillards, les noirs et mélancoliques frimats, se détachent çà et là des glaciers sourcilleux qui bornent son empire. Lui même il s'avance; dépositaire des vertus du TrèsHaut, et déployant comme un linceul, sur les zones fatiguées, ses neiges étincelantes, il rend à la

nature sa première vigueur, et lui prépare, pour le temps de la reproduction, toute cette abondance, tout ce luxe d'effets qui attestent, avec tant de magnificence et d'éclat, la Providence du Dieu qui la soutient et qui la répare.

Il est celui qui est. Oh! qui peut s'occuper de ce qu'il est, et demeurer sans amour? Père du sentiment et de la pensée, lumière des esprits, mouvement des cœurs, source féconde et jamais épuisée des plaisirs purs et des affections célestes; ineffable et douce harmonie de tout ce qui participe à l'existence, y a-t-il dans les êtres une qualité, un acte; dans le temps une révolution, une destinée; dans la nature un lieu, un site, qui ne le révèle à la méditation attentive, qui n'emprunte de lui son effet moral, son expansive et douce expression! Cette vérité qui se montre par intervalles dans les productions du génie; cette raison qui se développe dans la conduite du sage; cette justice qui se manifeste dans les déterminations de l'homme de bien, que sont-elles, sinon sa vérité, sa raison, sa justice? A quel autre qu'à lui l'innocence doit-elle l'heureuse paix qui l'accompagne? La bonté, cette simplicité, cet abandon, qui la font aimer? L'humanité, ses résolutions saintes, ses élans sublimes, ses émotions généreuses? Qui est-ce qui rend la douleur puissante et la pitié secourable ? Qui estce qui place auprès de la tristesse, la consolation; auprès du malheur, l'amitié; auprès du bienfait, la reconnaissance? Quel autre que lui appelle le re

mords sur les pas du crime, et commande à la terreur salutaire d'en empoisonner les jouissances, et d'en tourmenter les succès ? Quel autre donne à l'austére devoir sa fidélité, sa constance; à la prospérité, sa modération; à l'adversité, son courage; à la pauvreté, sa patience; à l'infortune non méritée, cette attitude imposante, cette dignité tranquille, qui écarte la honte, déconcerte l'outrage, et commande le respect? Quel autre, quel autre encore, durant le cours de ses pénibles épreuves, conseille, soutient, élève la vertu? J'ai vu la vertu aux prises avec l'iniquité : elle luttait, et il était sa force; elle cédait, et il était sa douceur; elle souffrait, et il était sa résignation; elle succombait, et, tandis que les insensés applaudissaient à sa chute déplorable, j'ai vu l'immortelle espérance briller dans ses regards éteints, et son front auguste se couvrir, en tombant, de toute la majesté de celui dont elle est la plus noble et la plus touchante image. »

CHAPITRE III.

DIEU NOUS A FAITS A SA RESSEMBLANCE.

Puisque Dieu est l'être par excellence, l'être infiniment parfait, il est esprit, ce qui est matériel étant divisible et par conséquent borné; il est libre, il est immortel, ce qui est nécessité, ce qui peut mourir étant évidemment imparfait. Sous ces trois rapports, l'homme ressemble à son créateur : car il a une ame spirituelle, libre et immortelle.

SI. Spiritualité de l'ame.

Pour m'assurer si ce qui pense et veut en moi est une substance totalement distincte de mon corps, et d'une nature contraire, c'est-à-dire immatérielle, je dois examiner: 1° s'il a des connaissances qui lui soient personnelles, totalement différentes de celles que donnent les sens, et bien supérieures à celles que les cinq sens réunis peuvent fournir; 2° s'il peut exercer certaines opérations qui lui soient propres, indépendamment des organes; 3° s'il peut faire certains actes diamétralement

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