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candeur aimable, ce ton de bonne foi, cet accent de conviction, qui touche et qui persuade. On voit que non-seulement il a étudié le Christianisme et qu'il le connaît, mais qu'il l'adore, qu'il le goûte, qu'il l'aime du fond du cœur (eh ! qui peut le connaître sans l'aimer?); on le voit si heureux d'être redevenu chrétien, après s'être lassé si long-temps dans les voies de l'erreur! Et ce bonheur, qu'il possède dans sa plénitude, il ne peut le contenir en lui-même, il brûle de le communiquer et de le répandre. Ce Dieu qui lui a été si bon, il voudrait le faire connaître; et ces vérités si belles et si consolantes, qui lui ont apparu dans toute leur splendeur, il ne cherche qu'à en étendre l'empire.

C'est cette pensée qui seule a inspiré son ouvrage, qui en a dicté toutes les paroles. C'est elle qui en a éloigné les vaines déclamations, le style prétentieux, les systèmes qu'on met à la place des faits, tout ce qui n'est qu'une vaine montre de science et d'érudition: tout est senti, tout est vrai, tout est substance dans ce livre. C'est la raison qui parle seule, et dont le langage, aussi noble qu'il est simple, aussi ferme qu'élevé, répand une lumière toujours égale, toujours douce et toujours pure. Le lecteur s'abandonne avec joie à la conduite d'un guide sûr et fidèle, qui ne cherche qu'à l'instruire, et jamais à l'éblouir. L'écrivain, tout estimable qu'il est, disparaît devant le chrétien, intimement convaincu, et qui n'aspire qu'à convaincre. Ce n'est pas que, plus d'une fois, il ne s'élève à la hauteur de cette éloquence qui vient du cœur, et qu'inspirent les plus nobles objets de la pensée humaine; et moins resserrés par les bornes de cet article, nous pourrions en citer de nombreux exemples. Mais ce caractère de modération et de sagesse, de sagacité et de raison, forme le trait distinctif de l'ouvrage.

Ce que nous avons dit s'explique sans peine par le caractère connu et par la vie de l'auteur. C'est un magistrat non moins recommandable par ses lumières que par sa haute vertu, et qui naguère a emporté dans la tombe les regrets de la cité qui l'avait vu naître et de celle qui l'avait adopté. Enfant du dix-huitième siècle, il avait bu à la coupe empoisonnée de ses erreurs, et long-temps (il nous l'apprend lui-même) il avait dormi du sommeil de mort. L'heure du réveil ne sonna pour lui qu'à la soixante-quatrième année de sa vie, qui devait se prolonger long-temps encore. Le souvenir d'une mère pieuse, d'une autre Monique, fut le moyen dont la grâce divine, cette seconde mère, se servit pour l'enfanter au ciel. Dès lors, M. Dubez fut chrétien, ou du moins il chercha la vérité avec un cœur pur, et

elle ne tarda pas à se montrer à lui dans tout son jour. Il l'embrassa avec ardeur, et toute sa vie désormais fut une preuve vivante de la sainteté de cette doctrine céleste qu'il avait pu méconnaître, mais qu'il était fait pour aimer.

Son écrit qui n'était pas, dans le principe, destiné à la publicité, et qu'une main habile vient d'enrichir de notes précieuses et savantes, est un éclatant témoignage, non-seulement de sa foi, mais encore de toutes les vertus dont elle fut pour lui la source féconde. Sa belle ame s'y peint tout entière, avec cette bonté, cette simplicité, cette modestie si touchante, ce profond oubli de lui-même, que ceux qui ont eu le bonheur de vivre avec lui l'ont vu allier avec le plus rare mérite. On y retrouve plus d'une fois les traces brûlantes de son repentir et de sa douleur, au souvenir des années perdues loin de la religion, et la touchante effusion de sa reconnaissance envers l'auteur de tout bien, qui l'avait appelé des ténèbres à son admirable lumière. Sous ce rapport, sa conversion et ses écrits, monument des miséricordes divines et de sa gratitude, ont une frappante analogie avec ceux du célèbre La Harpe, et, j'ose le dire, avec ceux même de l'illustre évêque d'Hyppone, dont il s'approprie avec un si vif sentiment les paroles dans la préface,

Il ne lui a pas été donné de voir le bien qu'est appelé à produire son livre, laissé comme un précieux héritage entre les mains de sa famille. Ce bien sera très étenda, nous croyons pouvoir le prédire. Nous ne doutons point qu'il n'aille affermir plus d'une foi chancelante, et qu'il ne fasse renaître avec la foi, l'espérance dans plusieurs ames flétries, pour qui le vent brûlant de l'impiété en a tari les sources; si clles savent donner quelques heures d'une vie fugitive à la lecture d'un livre qui leur parlera de leur Dieu, de leur ame, de leurs destinées immortelles; et dont quelques lignes peuvent suffire pour renouveler en leur faveur le prodige qui s'accomplit autrefois sur le chemin de Damas, et faire tomber aussi les écailles de leurs yeux.

FOULQUIER,

Supérieur du petit séminaire de St.-Pierre.

D'UN OFFICIER POLONAIS, RAMENÉ A LA FOI,

PAR LA LECTURE DU MANUSCRIT DE CET OUVRAGE, A M. DELAURO, NEVEU DE L'AUTEUR.

Saint-Geniez, le 24 février 1837.

MONSIEUR,

Quoique je n'aie pas l'honneur d'être connu de vous, j'ose vous demander une grâce, et je me crois certain de l'obtenir, puisqu'elle est en faveur de la Religion que vos aïeux ont tant aimée pendant bien des siècles.

J'avais 14 ou 15 ans, quand un de mes maîtres me jeta dans le matérialisme. Sa victoire fut complète, parce que j'avais pour lui et vénération et confiance absolues. Ainsi,je ne crus pas moins à la future mort de mon ame qu'à la lumière du soleil, qu'à ma propre existence.

Ce triste état dura chez moi jusques au mois de décembre dernier : alors tout changea de face. On me prêta l'excellent ouvrage de votre excellent oncle, M. le Conseiller DelauroDubez. Avant d'en avoir lu 30 pages, j'appartins à l'auteur. Son style, et j'entends ce mot dans son acception la plus étendue, m'attira, m'entraîna. Je fus vaincu par sa touchante simplicité, par l'aménité et l'extrême bonté de l'auteur, par sa logique toujours simple et toujours victorieuse, par son intime conviction, enfin par l'absence de toute prétention, et par sa prodigieuse modestie. On le voit écrivant toujours pour les autres et jamais pour lui; on le voit exclusivement occupé de son lecteur, et visant toujours à lui donner la conviction qui le pénètre ; s'il lui arrive de parler de lui-même, c'est uni quement pour en dire du mal; qu'on me cite un écrivain qui, avant lui, en ait fait autant.

Je sais que Dieu est l'auteur de tout bien, et que c'est lui qui m'a converti; mais il reste que M. Dubez et son livre ont été les instrumens de sa miséricorde envers moi. Ma conversion m'a fait passer du noir au blanc. Auparavant j'étais

accablé de chagrins : ils sont inséparables de notre exil, chaque nuit ma couche était baignée de mes larmes ; M. Dubez les a taries, en me donnant la conviction qu'il n'est pas de vrais chagrins pour un vrai chrétien.

J'adore la volonté de Dieu et m'y soumets de tout le cœur. Je vais jusques à bénir notre désastreuse révolution, puisqu'elle m'a fait recouvrer, à Saint-Geniez, la religion qu'on m'avait enlevée.

Quand on a un cœur et qu'on est heureux, on désire communiquer son bonheur aux autres; j'ai donc résolu de traduire en polonais cet admirable ouvrage, et de le faire publier dans mon pays. Votre permission sur ces deux points est la grâce que je sollicite auprès de vous, Monsieur.

En Pologne, l'incrédulité dominante est le matérialisme, surtout chez la jeunesse. Puisque l'ouvrage de M. Dubez m'a vaincu, moi, matérialiste consommé, croyez, Monsieur, qu'il en vaincra d'autres, et qu'il fera une heureuse révolution dans mon pays, sans parler des déistes et de ceux qui hésitent. Il me reste à vous exposer mes moyens et mon plan.

Je connais ma langue : avant mon exil, je la maniai en vers et en prose, et mon pays fit bon accueil à mes petites productions.

Je ne connais pas aussi parfaitement la vôtre; mais si je ne sens pas toute la force d'un mot, ou si je n'en saisis pas la nuance, j'aurai recours à des Français instruits; si je ne puis pas les entendre en leur langue, je les prierai de le dire en latin; au moyen de ce latin, je ferai du polonais conforme au français. On m'a autorisé à changer ma résidence à Toulouse, pour y achever mes études en droit; j'y trouverai un Polonais qui connaît le français comme s'il était né chez vous: il me sera d'un grand secours.

Il est dans mon esprit et dans mon cœur de faire une traduction parfaitement exacte, fidèle, en un mot, servile. J'ai la conviction que j'affaiblirais le texte, si ma traduction était tant soit peu large. J'ai l'honneur de vous assurer, Monsieur, que je pousserai l'exactitude jusqu'au scrupule.

Le caractère dominant de ma nation est la sensibilité : cette vertu est passée dan; notre langue, qui semble faite tout exprès pour fournir à M. Dubez une traduction fidèle.

Breslau (Prusse), est une ville qu'on doit nommer typogra

phique : on a vérifié qu'en un an elle fournit plus de livres que Berlin en cinq ans, malgré son titre de capitale. Après des informations exactes, j'écrirai à l'imprimeur qu'on me dira le meilleur chrétien; je lui offrirai mon travail en pur don, mais à condition qu'il le vendra à un prix modéré, afin qu'il ait plus de lecteurs. Dans cette ville, le commerce littéraire est si rapide, que l'édition sera répandue dans toute la Pologne au bout d'un mois.

En terminant cette lettre, qu'il me soit permis de vous donner encore quelques lignes.

Ayant lu tout haut la première moitié de l'ouvrage à une petite société, où était un incrédule dépourvu d'instruction, mais non d'esprit naturel, ni de bon cœur, il s'écria plusieurs fois : « Ceci va à mon cœur. » En même temps je voyais ses yeux mouillés de larmes. Croyez, Monsieur, qu'il est une nouvelle conquête de M. Dubez.

Depuis peu de jours, j'ai chez moi un Polonais, qui avait l'honneur d'être aussi matérialiste que je l'étais auparavant. Je lui ai fait lire l'ouvrage : la première lecture a suffi pour le foudroyer; il est actuellement aussi chrétien que moi, aussi attaché que moi à la Religion de l'auteur. Auparavant il était plongé dans une noire mélancolie; depuis, il est content, gai, joyeux, et cependant, quoiqu'il ait une forte tête et qu'il soit bien instruit, il était aussi cramponné que moi dans le matérialisme.

Je vous prie, Monsieur, d'agréer l'hommage de mon respect et de ma haute considération. Permettez-moi d'y ajouter, pour la mémoire de M. Delauro-Dubez, celui de mon éternelle reconnaissance et de mon admiration.

CHARLES-IGNACE-BOLESLAS MTODZIANOWSKI, officier polonais.

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