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La lettre suivante, écrite par un Magistrat d'une des principales villes du Midi, récemment converti par la lecture de l'Athée redevenu chrétien, vient de nous être communiquée. L'auteur de cette lettre se fait maintenant remarquer par la ferveur de sa foi et la pratique de tous les devoirs de la religion.

Monsieur,

Au moment de publier une nouvelle édition de l'ouvrage de M. Delauro-Dubez, vous me demandez d'écrire les impressions que m'a fait éprouver la lecture de ce livre; la crainte seule de manquer à la reconnaissance que je dois à Dieu pour l'immense bienfait que j'en ai reçu, m'engage à vous satisfaire.

J'ai vécu jusqu'à l'âge de trente-six ans sans croyance religieuse; bien loin de là, j'attaquais de mes sarcasmes impies toute religion, et plus spécialement la religion catholique: ses mystères confondaient l'orgueil de ma raison, son culte et ses pratiques gênaient mon amour du plaisir et de la sensualité, sa morale irritait mes passions; j'avais donc rejeté son joug qui me paraissait insupportable, et pour faire taire une conscience importune, je tâchais de m'étourdir dans le tourbillon des jouissances que donnent la vanité, la sensualité et la satisfaction des passions les plus désordonnées; mais j'avais beau faire, chaque fois que la réflexion succédait à l'étourdissement, j'étais obligé de convenir que là n'était pas le bonheur, et que l'homme avait une autre destinée que celle d'assouvir ses plaisirs brutaux.

Enfin, en 1838, voyageant dans le Languedoc, le livre de M. Delauro Dubez me tomba sous la main, le titre de Conseiller à la Cour royale de Montpellier, de son auteur, piqua ma curiosité, je l'ouvris et je lus ces pages si simples et si touchantes, dans lesquelles ce magistrat raconte comment il fut amené à adorer, avec une humble foi, des mystères d'une obscurité si impénétrable, si effrayante pour l'imagination, le scandale de la sagesse humaine.

Je ne trouvai pas le temps d'en lire davantage, mais dès lors je formai le dessein de me procurer cet ouvrage, sans trop me rendre compte du motif de ma résolution.

A peine revenu dans ma ville natale, je courus chez tous les libraires, ce livre leur était inconnu ; j'en fus contrarié, mais j'avais fini par n'y plus penser, lorsqu'un jour un exemplaire envoyé de

Rhodez me fut remis par une personne qui connaissait les démarches que j'avais faites pour me procurer cet ouvrage.

Je le lus avec prévention, et avec la ferme persuasion que bien loin de me convaincre de la vérité et de la nécessité de la religion, ce livre, impuissant à résoudre mes doutes, ne ferait

fier dans mon incrédulité,

que me fortiCependant il fallut me rendre aux preuves de l'existence de Dieu, de la spiritualité et de l'immortalité de l'ame; j'étais devenu déiste, mais je ne pouvais me persuader que Dieu si grand eût souci des hommages de sa créature.

Je continuai à lire, et il me fallut convenir que je devais adorer le Créateur et le Conservateur de toutes choses.

Mais tout culte, selon moi, devait satisfaire à cette obligation : pourquoi le christianisme plutôt que le judaïsme ou le mahométisme? Pourquoi surtout le catholicisme plutôt que le protestantisme?

M. Delauro ne tarda pas à résoudre victorieusement ces questions. L'exposition de la morale du christianisme, le miracle de sa propagation, les effets de son adoption sur les mœurs et la civilisation des peuples, enfin l'expression de la doctrine que Jésus-Christ a enseignée aux hommes, firent plus que convaincre mon esprit, ils touchèrent vivement mon cœur.

Arrivé à la fin de cet ouvrage, dans lequel j'admirai surtout la bonne foi, l'absence de toute prétention de l'auteur, l'aménité de sa discussion, j'étais catholique de conviction, mais il fallait pratiquer ce que je croyais.

Je priai; Dieu m'exauça, il aplanit ces obstacles que la varité de l'homme croit insurmontables, et sa miséricorde infinie mit bientôt le comble à tous ses bienfaits, en me conduisant aux pieds d'un directeur prudent et éclairé.

Voilà, Monsieur, ce qu'a produit en moi la lecture du livre de M. Delauro-Dubez, que je ne puis mieux louer qu'en disant simplement qu'il a été l'instrument dont Dieu s'est servi pour opérer en moi un miracle de sa miséricorde.

Le fait me semble parler assez haut pour qu'il ne soit pas besoin de l'appuyer d'un nom qui n'a jamais cherché ni mérité la publicité. Quant à la fonction de celui qui a écrit ces lignes, elle est bien modeste; si cependant vous croyez qu'elle puisse donner plus d'autorité à ce simple récit, je ne vois aucun inconvénient à proclamer que c'est un magistrat qui a été ainsi ramené à la véritable religion par l'ouvrage si recommandable d'un magistrat.

Agréez, Monsieur, l'expression de ma considération très distinguée.

UN MAGISTRAT.

b.

AVERTISSEMENT.

Presque toutes les notes qui se trouvent à la fin du volume ont été ajoutées par l'Éditeur : on ne sera donc pas étonné d'y trouver des extraits d'ouvrages publiés depuis la mort de M. Delauro.

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE.

COMMENT JE SUis redevenu chrétien, et a QUELLE OCCASION J'AI Écrit ce livre.

J'ai vécu sans religion jusqu'à ma soixante-quatrième année, quoique j'eusse sous les yeux, dans ma famille, des modèles de toutes les vertus chrétiennes, et un grand nombre de mes proches parens qui menaient une vie exemplaire.

Je fus fixé par ma place à Montpellier, dans un temps où les doctrines irréligieuses y étaient les opinions dominantes. Cette circonstance et ma position isolée, absolument indépendante, devaient naturellement me confirmer dans mes erreurs. Qui m'eût dit que ma raison, si altière, s'abaisserait bientôt jusqu'à adorer, avec une humble foi, des mystères d'une obscurité si impénétrable, si effrayante pour l'imagination, le scandale de la sagesse humaine, alors que j'avais vieilli dans l'habitude de les regarder comme les hochets de la superstition?

Vers la fin de l'année écoulée depuis mon changement de domicile, je me plaisais à faire fréquem ment des promenades solitaires dans les environs de Montpellier. Pendant une de ces prome

nades, mes idées se portèrent, je ne sais comment, sur les jours de mon enfance et de ma première jeunesse. Je me rappelai, avec délices, ce temps d'innocence et de bonheur, les soins, les complaisances, et l'affectueuse sollicitude de la plus tendre des mères pour éloigner de moi les funestes atteintes du mal. Oh! qu'il fut précieux à mon cœur le souve nir des principaux traits de sa belle vie, consacrée, jusqu'à la quarante-huitième année, à l'exercice constant des œuvres de charité et de bienfaisance! De quelle vive émotion j'étais pénétré, en rappelant dans ma mémoire son humeur douce et toujours égale; son caractère ouvert, prévenant, plein de gaîté, si propre à donner de nouveaux charmes à sa vertu, et à la faire aimer des ames les plus froides; ses visites journalières dans les hôpitaux et dans les prisons; et son zèle industrieux pour découvrir ces lieux tristes et obscurs qui recèlent les affreuses misères des pauvres honteux !

Je la voyais prodiguant à tous des consolations, essuyant leurs larmes, pourvoyant à leurs besoins, soulageant leurs douleurs. Je la voyais encore dans les places, dans les rues, et jusque dans sa chambre, environnée de pauvres qui accouraient à elle comme à leur mère commune : elle s'oubliait pour les secourir, et leur distribuait ses vêtemens et les provisions destinées à sa famille. Quelle modestie ! quel recueillement céleste dans les églises ! quelle piété solide, simple et constamment aimable !

Dans les dernières années de sa vie, elle ne pou

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